Pétrole : les Émirats arabes unis qualifient « d'injuste » l'accord proposé à l'OPEP+

  • AFP
  • parue le

Les Émirats ont regretté dimanche que la prolongation envisagée de l'accord sur les quotas de production de pétrole ne comporte pas d'augmentation de leurs volumes, la qualifiant "d'injuste", à la veille d'une reprise des négociations de l'Organisation des pays exportateurs et de ses alliés (OPEP+).

Depuis 2018, l'OPEP+ a mis en place une politique de limitation de sa production afin de soutenir les cours de l'or noir, en berne en raison d'une baisse drastique de la demande largement alimentée par la pandémie de Covid-19. Alors que le cartel et ses alliés desserrent prudemment le robinet depuis mai, les Émirats arabes unis, dont le PIB dépend à 30% des hydrocarbures, a estimé que l'accord proposé cette fin de semaine lors des négociations de l'OPEP+ était "injuste", selon un communiqué publié par l'agence WAM.

Abou Dhabi voudrait en effet obtenir une augmentation de son quota de production avant de donner son feu vert à la prolongation de l'accord. Cette prise de position met la fédération en porte-à-faux vis-à-vis de son principal allié, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut qui soutient la prolongation en l'état de l'accord en vigueur jusqu'à fin 2022.

La reconduction du cadre actuel de l'accord "prolongerait le volume de production de référence injuste des Émirats jusqu'en décembre 2022", a argué le ministère de l'Énergie des Émirats, cité par WAM. "Les Émirats sont prêts à prolonger l'accord, si nécessaire, mais demandent que les volumes de production de référence soient revus (à la hausse) afin de s'assurer qu'il soit équitable", est-il ajouté.

« Nous avons été patients »

Dans un entretien accordé dimanche à la chaîne émiratie Sky News, le ministre émirati de l'Énergie Souheil al-Mazrouei a lui-même haussé le ton. "Les Émirats réclament justice (...) pour l'après-avril" 2022, date d'expiration du cadre actuel de l'accord. "Il est déraisonnable d'accepter de nouvelles injustices et sacrifices - nous avons déjà été patients". Il a souligné que la Fédération était prête à ce qu'un comité indépendant se penche sur la demande.

Selon des analystes, les 23 pays de l'OPEP+, emmenés par l'Arabie saoudite et la Russie, avaient l'intention d'augmenter la production globale de pétrole d'au moins 400 000 barils par jour entre août et décembre. Mais, à l'issue d'une deuxième journée de négociations vendredi, ils n'ont pas réussi à trouver un consensus sur l'augmentation de leurs quotas, après une première impasse la veille. Les discussions doivent se poursuivre lundi.

Au sein d'une instance qui est traditionnellement le théâtre d'une rivalité entre Moscou et Riyad, les observateurs avaient avancé le nom des Émirats comme principal responsable de l'échec du sommet. Selon eux, Abou Dhabi aurait renouvelé vendredi sa demande de la veille, à savoir la révision à la hausse de son volume de production de référence, qui sert de base au calcul de son quota.

Prudence

Ce seuil arrêté à la date d'octobre 2018 est jugé obsolète par un pays qui revendique "une capacité (de production) désormais plus élevée", a expliqué Eugen Weinberg, analyste de Commerzbank.

Actuellement à 3,17 millions de barils par jour, le ministre émirati aurait insisté pour qu'il soit "relevé à 3,8 millions de barils par jour", a précisé Ole Hansen, analyste de Saxobank. Mais l'alliance n'a visiblement pas voulu ouvrir la boîte de Pandore. Cette stratégie s'inscrit dans ce qui a fait la force de la politique du cartel depuis mai : rouvrir petit à petit le robinet d'or noir après l'avoir fortement serré au début de la pandémie, avec un certain succès au niveau des prix, du point de vue des vendeurs.

Les deux références du pétrole brut, le Brent et le WTI, oscillent aux alentours de 75 dollars, une hausse impressionnante de 50% depuis le 1er janvier, et du jamais vu depuis bien avant la pandémie, en octobre 2018. Début juin, le groupe avait déjà opté pour la prudence, le terme favori du ministre saoudien de l'Énergie et de facto chef de file de l'alliance Abdelaziz ben Salmane.

L'OPEP+, qui doit prendre en considération les multiples incertitudes qui planent tant sur l'offre que sur la demande de brut, dispose toujours de 5,8 millions de barils de production potentielle laissés volontairement sous terre chaque jour.

 

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture