PPE : François Bayrou décale la publication pour poursuivre les « consultations nécessaires »

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Centrale nucléaire de Civaux dans la Vienne

Centrale nucléaire de Civaux dans la Vienne. (©DIDIER MARC;PWP)

François Bayrou a retardé la publication du décret sur la programmation pluriannuelle énergétique (PPE) "pour que soient conduites la concertation et les consultations nécessaires" avec les partis et les groupes parlementaires, a-t-il expliqué mardi à l'AFP.

« Très nécessaire que personne ne soit pris par surprise »

Ce décret, qui fixe la feuille de route du pays en matière de production d'énergie "est nécessaire", a souligné M. Bayrou.

"J'étais prêt à le publier quand j'ai mesuré que les groupes parlementaires n'avaient été ni suffisamment associés, ni correctement informés de sa publication. Ce n'est pas ma manière de voir les choses. Je pense que quand on prend des décisions de cet ordre, il faut que tout le monde soit associé si possible, informé à coup sûr. Des textes de cette importance ne peuvent pas être pris par surprise", a déclaré le Premier ministre.

"Il y a des raisons impérieuses pour que ce décret soit pris : la PPE actuelle, sous l'empire de laquelle nous sommes, a été prise il y a plus de cinq ans et elle prévoyait la réduction massive de l'électricité d'origine nucléaire. C'est dire que ce texte est complétement dépassé. Et si on veut faire les investissements nécessaires, à la fois pour le nucléaire, les centrales nucléaires, et pour le renouvelable, la part des renouvelables qui doit être prise en compte, il faut qu'il y ait une nouvelle PPE", a poursuivi M. Bayrou.

"Mais je pense très nécessaire que personne ne soit pris par surprise. Ce n'est pas ma philosophie. Voilà exactement pourquoi j'ai retardé cette publication, pour que soient conduites la concertation et les consultations nécessaires", a ajouté M. Bayrou, qui prévoit une publication en "août, septembre".

Retour de la proposition de loi Gremillet fin septembre à l'Assemblée

Le 8 juillet, le Sénat a de nouveau approuvé une proposition de loi dite Gremillet sur l'avenir énergétique de la France, consacrant une relance massive du nucléaire et censée aider l'exécutif à finaliser son décret sur la PPE.

La loi doit désormais faire son retour fin septembre à l'Assemblée, où les débats inauguraux sur ce texte ont déjà été très chaotiques, conduisant à son rejet en première lecture après une tentative du RN et de la droite d'imposer un moratoire sur les nouvelles installations renouvelables.

Mi-juillet, une vingtaine de syndicats et fédérations professionnelles de l'électricité ont appelé le gouvernement à publier "sans délai" le décret, un texte qui a déjà deux ans de retard.

La publication de la PPE est très attendue par les acteurs de l'énergie pour lancer des appels d'offre, notamment dans l'éolien en mer, sécuriser des investissements, anticiper les besoins de formation et d'emploi et prévoir les infrastructures.

Commentaires

Studer
Le problème posé est simple : 1- a-t-on un besoin urgent d'éolien et de solaire ? La réponse est non quand on exporte le 1/4 de notre production d'électricité, et à un prix (autour de 50 €/MWh) qui ne couvre pas les coûts de production du nucléaire (60 € d'après la CRE).Et que la consommation d'électricité stagne. 2- Si cette consommation se mettait à croître à nouveau, serait-on capable d'y répondre ? Vu la marge de 25 % dont on dispose, la réponse est clairement oui. De plus, si le risque que cette marge devienne insuffisante s'avérait, on pourrait alors décider ou non le lancement de nouveaux moyens de production, en prenant en compte que le nouveau nucléaire (les EPR2) sera opérationnel à partir de 2038.
M. Du Boullay
Merci Monsieur Studer pour votre commentaire. Nous sommes des milliers à avoir le même raisonnement et à nous battre pour qu'un moratoire soit décidé permettant une réflexion en profondeur tenant compte de ces faits et chiffres . M.du Boullay - Cap Littoral
GwE
Réponse à Studer: Le problème posé est simple : 1- a-t-on un besoin urgent d'éolien et de solaire ? La réponse est OUI très probablement ; la France n'étant plus en mesure de construire des centrales nucléaires dans un délai raisonnable et à un coût non suicidaire. L'exemple de l'EPR de Flamanville étant très parlant. Par ailleurs, sauf erreur de ma part, les centrales nucléaires fonctionnent avec de l'uranium 235, un isotope très rare de l'uranium que l'on extrait du sol (environ 0,72%). Pour compliquer la donne, l'Uranium produit ne vient pas d'Europe. Donc en cas de conflit majeur prolongé, on pourrait très bien se retrouver avec aucun minerai pour faire tourner nos belles centrales, le temps de relancer une extraction locale (sur le site de Coutras en Gironde par exemple) ou de réenrichir le stock massif d’uranium appauvri dont nous disposons. Mais çà ne se ferait pas en quelques semaines ou mois... Nos centrales qui au demeurant, en concentrant la production d'énergie sur une vingtaine de points en France font autant de belles cibles pour un éventuel ennemi. (Y'a même pas besoin de cibler les centrales nucléaires en elles-mêmes, il suffit de taper sur les centrales électriques qu'il y a à côté). Bref, on pourrait très bien être en guerre le matin à 9h et avoir perdu à 12h, après la destruction de quelques unes de nos principales centrales électriques. (plus d'électricité = plus d'argent, plus de chaine du froid, plus de communications, plus d'économie ; soit un chaos en quelques heures.) Contrairement à l'Ukraine qui a une production d'électricité très décentralisée; ce qui leur permet d'assurer un minimum malgré les attaques russes répétées ! En informatique, on appelle çà des SPOF. Donc, tout comme internet tire sa résilience dans la multiplication de ses points de raccordements et d'hébergements (datacenters), il faut au contraire décentraliser et diversifier au maximum notre production d'électricité. C'est à dire, miser sur le solaire, l'éolien, voire la biomasse et les petites centrales hydro-électrique. Chaque département ou même communauté de communes devrait produire tout ou partie de son électricité. Pour mémoire, il y avait entre 1000 et 2000 producteurs d'électricité indépendants en France avant la seconde guerre mondiale...
GwE
Même message avec une tentative de mise en page... (les sauts de ligne n'étant pas conservés)
Réponse à Studer: Le problème posé est simple : 1- a-t-on un besoin urgent d'éolien et de solaire ? La réponse est OUI très probablement ; la France n'étant plus en mesure de construire des centrales nucléaires dans un délai raisonnable et à un coût non suicidaire.
L'exemple de l'EPR de Flamanville étant très parlant.
Par ailleurs, sauf erreur de ma part, les centrales nucléaires fonctionnent avec de l'uranium 235, un isotope très rare de l'uranium que l'on extrait du sol (environ 0,72%).
Pour compliquer la donne, l'Uranium produit ne vient pas d'Europe. Donc en cas de conflit majeur prolongé, on pourrait très bien se retrouver avec aucun minerai pour faire tourner nos belles centrales, le temps de relancer une extraction locale (sur le site de Coutras en Gironde par exemple) ou de réenrichir le stock massif d’uranium appauvri dont nous disposons. Mais çà ne se ferait pas en quelques semaines ou mois...
Nos centrales qui au demeurant, en concentrant la production d'énergie sur une vingtaine de points en France font autant de belles cibles pour un éventuel ennemi. (Y'a même pas besoin de cibler les centrales nucléaires en elles-mêmes, il suffit de taper sur les centrales électriques qu'il y a à côté).
Bref, on pourrait très bien être en guerre le matin à 9h et avoir perdu à 12h, après la destruction de quelques unes de nos principales centrales électriques. (plus d'électricité = plus d'argent, plus de chaine du froid, plus de communications, plus d'économie ; soit un chaos en quelques heures.)
Contrairement à l'Ukraine qui a une production d'électricité très décentralisée; ce qui leur permet d'assurer un minimum malgré les attaques russes répétées !
En informatique, on appelle çà des SPOF.
Donc, tout comme internet tire sa résilience dans la multiplication de ses points de raccordements et d'hébergements (datacenters), il faut au contraire décentraliser et diversifier au maximum notre production d'électricité. C'est à dire, miser sur le solaire, l'éolien, voire la biomasse et les petites centrales hydro-électrique. Chaque département ou même communauté de communes devrait produire tout ou partie de son électricité.
Pour mémoire, il y avait entre 1000 et 2000 producteurs d'électricité indépendants en France avant la seconde guerre mondiale...
Lecteur101
M. Studer Votre analyse est on ne plus pleine de bon sens et à la portée de chacun. Cependant, n´oublions pas les dérives budgétaires et les délais de livraison proprement incroyables de notre EPR en France, sans parler de ceux de Finlande et de GB. Aussi, quand on nous annonce (CRE) un coût de production de 60 €/MWh du nucléaire en France (l´invetissement, les risques et le démantèlement ne sont sûrement pas pris en compte) et que le LCOE pour le nucléaire aux USA est de $200/MWh (démantèlement non factorisé, mais tout le reste y est), je me demande où est l´erreur, et je me sent quelque peu abusé. Quel est le LCOE du nucléaire Français? Vos écairages en la matière seraient bienvenus. D´avance merci.
Jean
PPE 3 décidée par décret sans passer par une loi ? Les textes en vigueur sont dépourvus de la moindre ambiguïté : il doit être voté une Loi de programmation selon l'article L 100-1-A du Code de l’Energie. Puis cette loi sera suivie d’un décret d’application qui sera la PPE 3 passée par les discussions des représentants des électeurs en vertu du L 141-1 du même Code. Et il doit être produit une étude d’impact, incluant une évaluation environnementale complète et de qualité comme l’a demandé l’Autorité environnementale.
Etienne Leroy
Studer met le doigt sur une évidence que beaucoup feignent d’ignorer : il n’y a actuellement aucune urgence physique ou économique à installer de nouvelles capacités renouvelables en France. Nous exportons un quart de notre électricité, à perte, pendant que certains s’agitent pour ajouter des mégawatts aléatoires là où il n’en faut pas. Lecteur101, vous avez raison de soulever la question du coût du nucléaire. Mais elle mérite d’être remise en perspective, loin des slogans et des approximations. 1. Le coût de production complet du nucléaire existant en France est d’environ 60 €/MWh (CRE, 2022), y compris exploitation, maintenance, investissements de prolongation de durée de vie, et provisions pour démantèlement et déchets. Ce chiffre est établi par l’autorité indépendante de régulation, pas par EDF. 2. Les nouveaux réacteurs de type EPR2 sont estimés entre 70 et 80 €/MWh, selon EDF et la Cour des comptes. Ce coût inclut tout le cycle de vie. Il reste nettement inférieur au LCOE réel des renouvelables + stockage + réseau, qui dépasse facilement 100 €/MWh dès qu’on sort du discours marketing. Quant aux fameux 200 $/MWh du projet Vogtle aux États-Unis, ce n’est en rien représentatif : c’est un chantier exceptionnellement mal géré dans un contexte désindustrialisé, avec un régulateur inefficace et un coût du capital délirant. Ce serait comme juger l’industrie automobile française sur le coût unitaire d’un concept-car. Enfin, parlons un peu stratégie : - La France dispose d'une marge de 25 % sur sa production actuelle ; - La consommation est stable voire en baisse ; - Le socle nucléaire assure une électricité décarbonée, pilotable, bon marché. Alors à quoi bon subventionner dans l’urgence des moyens aléatoires, redondants, et de plus en plus conflictuels à implanter ? La vraie urgence n’est pas dans le mégawatt supplémentaire. Elle est dans la cohérence de notre politique énergétique, dans la planification industrielle, dans la relance d’une filière nucléaire que nous avons trop longtemps sabotée.
ppcqa
GwE met le doigt sur une évidence que beaucoup feignent d’ignorer. Merci à lui.
Gular
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