L'Espagne a « brisé ce lien néfaste » avec les prix de l'électricité

parue le
Centrale photovotaïque de Núñez de Balboa

Centrale photovotaïque de Núñez de Balboa en Espagne (©Iberdrola)

Fin avril 2025, le black-out survenu dans la péninsule ibérique en avril dernier avait suscité de nombreux commentaires hâtifs au sujet des filières « intermittentes ». Mais le développement du solaire et de l'éolien a permis à l'Espagne de disposer d'un « marché avec des prix de l’électricité parmi les moins chers d’Europe », souligne aujourd'hui le think tank Ember dans un nouveau rapport.

Consulter le rapport « Decoupled: how Spain cut the link between gas and power prices using renewables » (Ember, 2 octobre 2025).

Un prix de marché 32% inférieur à la moyenne européenne

Début 2019, l'Espagne avait des prix de marché de l'électricité parmi les plus élevés d'Europe, rappelle Ember. Six ans plus tard, ces prix de marché en Espagne (moyenne horaire de 62 €/MWh) étaient 32% inférieures à la moyenne de l'UE au 1er semestre 2025.

La raison ? L'Espagne est parvenue à découpler peu à peu ses prix de l'électricité des prix du gaz (qui étaient relativement corrélés en raison de la logique du « merit order », les centrales à gaz fournissant souvent la production marginale pour satisfaire la demande), souligne Ember.

Au cours des 6 premiers mois de 2025, le prix de gros horaire de l'électricité n'a ainsi reflété le coût de production de centrales fossiles que dans seulement 19% des cas (contre 75% au 1er semestre 2019), selon le think tank.

Découplage des prix du gaz et de l'électricité en Espagne

L'Espagne possède pourtant encore le 3e plus grand parc de centrales à gaz dans l'Union européenne (après l'Italie et l'Allemagne), avec 28 GW de capacités installées. 

Seulement le 13e parc de stockage par batteries en Europe

Mais le pays a surtout doublé ses capacités éoliennes et solaires entre décembre 2019 et juin 2025, « ajoutant plus de 40 GW, plus que tout autre pays européen à l'exception de l'Allemagne, un marché électrique du double de la taille » de celui espagnol. 

Au 1er semestre 2025, les productions éolienne et solaire ont couvert 46% de la demande d'électricité de l'Espagne (contre seulement 20% pour les centrales à combustibles fossiles). Une donnée marquante parmi d'autres : les centrales à charbon n'ont pas produit d'électricité en août 2025, une première dans « l'histoire récente » de l'Espagne.

In fine, la croissance de l’énergie éolienne et solaire en Espagne a « réduit de 75% l’influence des coûteuses centrales fossiles sur le prix de l’électricité depuis 2019 », affirme Ember(1). L'Espagne a ainsi « brisé le lien néfaste entre les prix de l'électricité et la volatilité des combustibles fossiles, ce que ses voisins européens souhaitent désespérément », juge Chris Rosslowe, analyste senior d'Ember.

Influence des énergies fossiles sur le prix de l'électricité

Le think tank déplore toutefois le choix de faire encore trop reposer la stabilité du réseau électrique sur le gaz plutôt que dans les réseaux et d'autres outils de flexibilité. Malgré l'importance des filières éolienne et solaire sur son sol, l'Espagne ne dispose par exemple que du 13e parc de stockage par batteries en Europe. Les réformes « post black-out » sont censées en partie remédier à ce retard.

Sources / Notes

  1. Le think tank juge également que les nouvelles capacités solaires et éoliennes ont permis d'éviter au cours des 5 dernières années près de 26 milliards de m3 d'importations gazières « pour un montant de 13,5 milliards d'euros, soit cinq fois ce que l'Espagne a investi dans ses réseaux sur cette période ».

Sur le même sujet