Réforme du DPE : cette modification va faire disparaître 850 000 passoires énergétiques sans travaux

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Réforme du DPE

Après deux changements en 2021 et 2024, le diagnostic de performance énergétique (DPE), principal outil de la rénovation énergétique des bâtiments, va à nouveau être modifié pour devenir plus favorable aux chauffages électriques, a annoncé le Premier ministre mercredi.

Évolution du calcul du DPE au 1er janvier 2026 : un nouveau signal pour le logement et la transition énergétique, communiqué du Premier ministre (9 juillet 2025).

Coefficient de conversion de l'électricité

Cette réforme devrait faire sortir de la catégorie de passoire énergétique 850 000 habitations, sur les 5,8 millions de logements classés F ou G au DPE, selon le gouvernement qui base son évaluation sur la plateforme de données de l'Agence de l'environnement (Ademe).

Dans le détail, c'est le coefficient de conversion de l'électricité, qui sert à calculer l'énergie réellement consommée à partir des relevés et factures d'énergie, qui va changer, pour passer de 2,3 actuellement à 1,9.

Teoman Bakoglu, délégué général adjoint de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication, a souligné qu'il ne s'agissait pas d'un nouvel avantage, mais de "la suppression partielle d'un handicap imposé à tort".

Il ne sera pas nécessaire de refaire un nouveau DPE, dont l'actualisation sera possible gratuitement via la plateforme de l'Ademe, et il n'y aura pas de réévaluation négative des DPE existants, a précisé à l'AFP le ministère chargé du Logement.

14% des logements à étiquette F ou G

La bascule pourra permettre de gagner au maximum un cran sur l'échelle de notes, qui va de A (la meilleure) à G (la plus médiocre). Matignon affirme dans un communiqué que cette "évolution permettra de mieux refléter la réalité du mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire, et de corriger une inégalité de traitement pénalisant jusqu'ici les logements chauffés à l'électricité".

Le gaz naturel bénéficie d'un coefficient de 1, plus avantageux que l'électricité. "Cette décision permettra par ailleurs de cibler plus efficacement les aides à la rénovation énergétique", avance Matignon, alors que le gouvernement avait dit en juin vouloir changer les règles d'attribution de ces aides MaPrimeRénov' et les recentrer sur les logements les plus énergivores.

Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus Consulting, explique que "cette modification évite à certains logements de moins de 40 m2 d'être classés comme des passoires thermiques parce qu'ils sont à l'électricité, alors qu'ils ne l'auraient pas été s'ils avaient été chauffés au gaz".

Par conséquent, 14% des logements à étiquette F ou G "ne seront plus des passoires, sans même faire des travaux, c'est magnifique", a ironisé auprès de l'AFP David Rodrigues, responsable juridique de l'association CLCV (Consommation, logement et cadre de vie).

Ruben Arnold, dirigeant de KRNO, start-up d'analyse de la fiabilité des DPE, dénonce lui "une énième réforme mal pensée, mal préparée, et totalement arbitraire", qui "affaiblit de manière perverse le dispositif". KRNO estime par ailleurs que le nombre de 850.000 passoires énergétiques en moins est largement surévalué.

Insuffisant pour certains

La nouvelle est en revanche saluée par Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), qui considère cependant que le changement de coefficient ne va pas assez loin. Il espérait un abaissement jusqu'à 1,5.

Mathieu Darnaud, président des sénateurs Les Républicains, juge lui la réforme "largement insuffisante" et demande "une équité entre les Français qui utilisent l'électricité et les autres, qui se chauffent au gaz, au bois ou au fioul par exemple".

Pour David Rodrigues, ce changement de calcul du DPE "n'est ni plus ni moins qu'un positionnement politique pour favoriser l'électricité et le nucléaire, et un cadeau fait aux bailleurs et aux professionnels qui demandaient depuis des années un allègement des contraintes".

La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher s'est félicitée de cette décision. "C'est une victoire pour notre mix électrique décarboné à 95%, grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables, et un signal fort en faveur de l'électrification des logements", a-t-elle dit.

La modification du DPE devrait être effective au 1er janvier 2026. Une attente incompréhensible pour Loïc Cantin, qui craint que cela bloque le marché immobilier pour le reste de l'année. "On ne va pas vendre maintenant un appartement F ou louer un appartement G alors qu'il pourrait changer d'étiquette au 1er janvier 2026", a-t-il expliqué.

Les logements classés F ou G se vendent en moyenne 15% moins cher que les logements classés D, selon une étude de la plateforme SeLoger.

Commentaires

Albatros
Ajoutons à cela l'incompétence crasse, proche de la malhonnêteté, des fameux diagnostiqueurs "Reconnus Garants de l'Environnement". Vous savez, les abrutis patentés qui vous harcèlent au téléphone pour vous expliquer comment être éligible aux aides de l'Etat et ainsi vous arnaquer et arnaquer l'Etat qui dépense sans compter à partir du moment ou c'est "écolo" et "bon pour la planète", l'argument suprême des escrocs "verts".
ThB
"Ce changement de calcul du DPE n'est ni plus ni moins qu'un positionnement politique pour favoriser l'électricité et le nucléaire" - Ce n'est pas un argument nouveau, déjà dans les années 70 (en plein programme de construction des centrales actuelles) il était courant lors du choix pour le mode de chauffage de sa future maison de s'entendre dire "l'électricité ce n'est pas plus couteux que le fioul si la maison est bien isolée" sauf que si la maison était bien isolée cela restait, pour plusieurs années et par un écart important, plus Impo que le fioul. C’est encore les plus défavorisés qui devront payer la construction de ces EPR (en louant ces passoires). Les plus favorisés ont déjà isolé leur logement, ils se sont souvent équipés de chaudière type PAC ou installés des PV sur le toit. Dans les immeubles des plus riches, une majorité des parkings est équipé de prise pour charger leur VE. Imposer une isolation digne d’une location honnête me semblait un peu de justice afin que ceux qui ont la chance de posséder un bien qu’ils peuvent mettre en location fassent l’effort pour isoler ce bien. Le législateur (qui ne défend pas la veuve et l’orphelin) en a décidé autrement.
DUPONCHEL FRANCOIS
Je viens d'obtenir un DPE pour une maison individuelle située à 435 m d'altitude en Savoie. Classée en F malgré une isolation notée moyenne pour les ouvrants, bonne pour les murs et les combles et très bonne pour l'isolation basse. Avec une estimation (j'adore ce terme) de 29.350 KWH en matière de consommation. Alors que j'ai constaté une consommation réelle de 9.125 KWh (moyenne sur les 5 dernières années). Vas comprendre Charles..... Tout çà, c'est la faute des algorithmes me répond t'on. Ben quand on rentre des données de M... faut pas s'étonner d'avoir un résultat de M.... Hallucinant !
Goldorak
Si c'est de l'électrique, c'est probablement à cause de ce fameux coeficient de 2,3 qui passe donc à 1,9. Comme si les gens se chauffait avec de l'énergie primaire et pas de l'énergie finale.
Chrystelle BORIN
pareil diagnostique g en aout 2024, estimation économie d énergie drace aux travaux d isolation 2500€ c' est a dire, je paye 800..... qui va me rendre les 1700€ de difference?
Daphn&
Cette tendance à l'électrification à notre portée est peut-être en rapport avec notre déséquilibre de balance commerciale chronique avec des importations de carburants fossiles de 57,8 milliards d'euros qui partent en vapeurs nocives . Réduire notre dépendance aux hydrocarbures d'une part et notre dépendance aux matières premières pour l"électricité embarquée comme celles nécessaires aux batteries ou aux importations de batteries toutes faites , réduire le chauffage au gaz ou au fioul, en encourageant l'inventivité serait plus économique et écologique que de tout le temps SUBVENTIONNER SUBVENTIONNER ENCORE SUBVENTIONNER avec nos pauvres petits impôts et voir notre dette s'aggraver et nos retraites nos alloc. utiles se réduire voire se ratatiner!
PhillVan
c'est une exellente nouvelle, j'ai toujours été horrifié par la différence entre la consommation annoncée par le dpe et la réalité j'ai déailleurs fait une vidéo montrant l'absurduté de la méthode et le résultat, un déclassement du logement qu'on doit transformer en garde meuble d'autant plus demandé que les gens sont OBLIGÉS d'habiter dans leur voiture et de mettre leurs meubles quelque part Maintenant que la France est pauvre, on ne peut plus gâcher de l'arge,nt... Bref j'ai tout résumé dans une vidéo: https://youtu.be/HPGvbP1bP9M?si=N_ova5cw9CxA8Pbm Et j'attends vos réactions ...
BrigitteMB
Ce n'est hélas qu'un pas en arrière sur le scandale de la RT2012 qui avait imposé cette énergie dite "primaire", et un coefficient de 2.57 alors (déjà baissé une fois) pour l'électricité, pour tuer le chauffage électrique, au mépris du climat. Cela sentait bien le prétexte, car cette RT2012 ne pénalisait que la seule électricité, le coefficient est toujours 1 pour le gaz : on ne tenait, on ne tient toujours, aucun compte des pertes ni du rendement des chaudières... Le coefficient devrait être 1 pour tous, car la seule énergie qui caractérise les qualités thermiques d'un logement, la seule sur laquelle le propriétaire peut agir, c'est l'énergie réellement consommée, l'énergie finale

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