Réseaux de chaleur : combler le retard français passe par une planification locale systématique

  • AFP
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Combler le retard de la France en matière de raccordement à des réseaux de chaleur passe par une planification systématique à l'échelle des petites communes, ont défendu jeudi l'association de collectivités locales Amorce et sept fédérations d'énergéticiens, qui préparent une proposition de loi.

"Il faut créer la culture de la chaleur renouvelable par une planification nationale mais aussi locale", a souligné devant la presse Nicolas Garnier, le délégué général d'Amorce, en marge des Rendez-vous de la chaleur et du froid renouvelables à Paris.

L'association milite auprès des élus locaux pour développer ce mode de chauffage, 20 à 30% moins cher, que l'on trouve principalement dans les régions Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Grand-Est et qui bénéficie à 2,7 millions de logements (ou 47.380 bâtiments, bureaux ou locaux industriels)

Amorce a ainsi "généré une centaine d'études de faisabilité" et s'attend à ce que cela débouche sur une cinquantaine de créations de réseaux de chaleur. Mais "il faut que toutes les collectivités locales de plus de 5.000 habitants se posent la question de faire un réseau de chaleur", plaide M. Garnier, et que celles-ci soient dans l'obligation de faire une étude de faisabilité.

Actuellement, dit-il, les plans locaux d'urbanisme (PLU) ou d'habitat éludent la question.

Amorce et les fédérations partenaires au sein du Club de la Chaleur renouvelable (AFPG, ATEE, Cibe, Enerplan, Fedene, SER et Via Sèva) proposent également d'obliger les sites industriels dépassant un seuil de consommation d'énergie de vérifier la possibilité de valoriser cette chaleur dans un réseau.

Tous ont également déploré le refus du gouvernement de porter la dotation 2024 du Fonds chaleur géré par l'Ademe au-delà du niveau de 800 millions d'euros déjà prévu en loi de finances, malgré des tentatives de parlementaires pour l'augmenter.

"Cela freine une dynamique qui est quand même extrêmement forte", a regretté Nicolas Garnier. Selon lui, une trentaine de collectivités locales ont vu leur projet de réseau de chaleur bloqué l'an dernier pour des raisons financières alors que d'autres filières brassent des milliards. "Ca nous choque", dit-il.

Selon eux, il faudrait porter le budget annuel du Fonds chaleur à 3 milliards d'euros en 2030 si le gouvernement veut suivre la trajectoire qu'il s'est lui-même fixée dans son document de planification énergétique, la Stratégie française Energie-Climat 2024-2035.

Parent pauvre de la planification énergétique, malgré un triplement ces quatre dernières années des aides du Fonds chaleur, les réseaux de chaleur se composent d'une unité de génération ou de récupération de chaleur, et d'un réseau de conduites qui amènent cette chaleur jusqu'aux immeubles.

Ils sont plus avantageux pour l'usager et permettent de rendre le chauffage moins émetteur de gaz à effet de serre. Historiquement utilisateurs de fioul, ils intègrent un taux croissant d'énergies renouvelables ou de récupération (66,5% en 2022).

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