Royaume-Uni: les industries gourmandes en énergie appellent le gouvernement à l'aide

  • AFP
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Métallurgie, chimie ou industrie du verre: les secteurs britanniques les plus gourmands en énergie, durement frappés par les prix qui atteignent des records, en appellent lundi au gouvernement pour faire face à la crise.

"La situation actuelle est intenable. Nous avons vu des hausses de 900% des prix (de l'énergie) payés par les entreprises", a décrit l'association des industries chimiques britanniques (CIA) dans une déclaration transmise à l'AFP.

"Cela se produit alors que nous faisons face à une pénurie de matières premières et, dans certains cas, de compétences essentielles", poursuit l'association. "Nous demandons un allègement des coûts de l'énergie pour nous permettre d'être compétitifs à l'échelle internationale."

"Nous utilisons une énorme quantité d'énergie: en termes d'électricité autant que 850.000 foyers et en gaz l'équivalent de 400.000 maisons", a pour sa part détaillé à Times Radio Gareth Stace, directeur général de UK Steel, qui représente le secteur de la métallurgie.

Le secteur craint que la crise de l'énergie "ne se transforme en crise de l'acier" faute d'action du gouvernement, alors que des usines sont déjà forcées de faire des pauses dans leur production à cause des coûts énergétiques et pourraient être contraintes de le faire sur des périodes plus longues, d'après M. Stace.

"Dès que les prix de l'énergie s'envolent comme nous le voyons maintenant, cela nous frappe très très fort. Tous les bénéfices que nous aurions pu faire sont effacés, alors que l'industrie de l'acier au niveau mondial se porte plutôt bien en ce moment", a-t-il ajouté.

Le ministre britannique des Entreprises et de l'Energie Kwasi Kwarteng a rencontré vendredi des représentants du secteur pour trouver des mesures de soutien, mais les industriels appelaient lundi à accélérer.

"Nous avons besoin d'action immédiate", a affirmé à la BBC Dave Dalton, directeur général de British Glass, qui représente l'industrie du verre dans le pays, expliquant que la réunion de vendredi "était essentiellement une réunion d'introduction".

Le gouvernement pourrait "fournir une certaine quantité d'énergie à un prix compétitif pour nous permettre, sur le court terme, de surmonter cette crise", propose Gareth Stace, de UK Steel. Autre solution: alléger les prélèvements obligatoires qui grèvent, selon lui, les entreprises britanniques davantage que leurs concurrentes.

"Je ne peux encore rien promettre", avait indiqué M. Kwarteng dimanche, tout en soulignant la détermination du gouvernement à "résoudre ce problème". Le ministère des Entreprises et de l'Energie a indiqué lundi dans un communiqué que le dialogue se poursuivait. "Notre priorité est de garantir la maîtrise des coûts et des approvisionnements en énergie".

La flambée du gaz avait déjà mis à l'arrêt fin septembre le plus gros fournisseur de CO2 du pays, le groupe américain CF Fertilisers, ce qui risquait de fragiliser sérieusement la sécurité alimentaire car ce gaz est crucial dans la chaîne du froid et l'abattage.

Le gouvernement avait alors mis plusieurs millions de livres sur la table pour venir à la rescousse de cette entreprise et relancer la production. Et CF Fertilisers a conclu lundi un accord sur les prix directement avec les entreprises du secteur pour garantir la production de CO2 jusqu'en 2022.

La crise de l'énergie fait aussi craindre pour les factures des Britanniques cet hiver alors que le plafond des prix de l'énergie pour les consommateurs (plafond imposé par les autorités aux fournisseurs d'énergie, périodiquement révisé) vient d'augmenter de 12% et pourrait encore bondir de 30% d'ici l'an prochain, selon des économistes.

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