Serbie : les sanctions américaines contre la compagnie pétrolière NIS entrent en vigueur

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Les sanctions américaines contre la compagnie pétrolière serbe NIS, contrôlée à plus de 45% par le groupe russe Gazprom, sont entrées en vigueur jeudi après neuf mois de sursis, a annoncé l'entreprise qui assure avoir fait des "réserves suffisantes".

Première conséquence attendue, les cartes de paiement internationales comme MasterCard ou Visa pourraient rapidement ne plus fonctionner dans les stations services NIS, mais les achats en espèces ou avec des cartes nationales seront possibles, a précisé l'entreprise.

"Nos ventes fonctionnent normalement. Il n'y a aucune restriction concernant les quantités que les clients peuvent acheter", a ajouté dans la matinée Bojana Radojevic, directrice de la branche de vente au détail de l'entreprise à la télévision publique RTS.

NIS, qui approvisionne environ 80% du marché serbe, est visée depuis janvier par des sanctions américaines contre le secteur énergétique russe, tout en bénéficiant de plusieurs reports consécutifs depuis.

Un sursis qui a pris fin jeudi lorsque l'extension de la licence spéciale du ministère des Finances des États-Unis qui lui permettait jusqu'alors de continuer à opérer normalement, n'a pas été renouvelée.

NIS s'efforce d'adapter ses opérations aux nouvelles circonstances" et "les priorités restent un approvisionnement régulier du marché national en produits pétroliers ainsi que la préservation de l'emploi", assure l'entreprise, qui a prévu "des réserves suffisantes de pétrole pour le raffinage à ce stade, tandis que les stations-service sont entièrement approvisionnées en toutes sortes de produits pétroliers".

L'opérateur croate d'oléoducs Janaf - dont NIS est le principal client - a réagi en affirmant que l'imposition des sanctions pourrait lui coûter 18 millions d'euros d'ici fin 2025.

"Espérer que les Etats Unis lèvent les sanctions ne sert à rien. Ils se sont mis dans cette situation, et c'est à eux d'en sortir", a ajouté le président de Janaf, interrogé par la chaine croate HRT.

Selon les dernières données disponibles, Gazprom Neft détient 45% de NIS. La maison mère Gazprom a récemment transféré 11% à une société de Saint-Pétersbourg baptisée Intelligence. L'Etat serbe possède près de 30% de NIS et le reste est détenu par des actionnaires minoritaires.

Le président serbe Aleksandar Vucic a fait état récemment de discussions sur l'avenir de l'entreprise, y compris un possible désengagement des actionnaires russes.

Mais la Russie ne veut pas céder ses parts : "Même si NIS ne représente qu'une toute petite portion des revenus de Gazprom, car l'importance politique, elle, est énorme", selon M. Radosavljevic.

En dépit des pressions occidentales, la Serbie - qui espère rejoindre l'Union européenne - maintient des liens étroits avec Moscou et refuse d'imposer des sanctions à la Russie.

Le pays reste aussi dépendant du gaz russe, qui couvre plus de 90% de ses besoins. Le contrat d'approvisionnement signé au printemps 2022 avec Moscou arrive à expiration, et un nouvel accord est en cours de négociations.

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