Série noire pour le groupe Pemex pris dans une série d'accidents

  • AFP
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La compagnie pétrolière publique Petróleos Mexicanos (Pemex) a subi ces dernières années une série d'accidents dont l'accumulation pourrait avoir des conséquences graves.

Des experts, interrogé par l'AFP dans une tentative de dresser un état des lieux plusieurs mois après le dernier de ces accidents, expliquent qu'ils sont le fait du vieillissement des infrastructures et d'une maintenance déficiente. Ils mettent aussi en garde contre les risques à venir si des mesures ne sont pas prises par l'Etat mexicain pour le salut de cette entreprise publique.

Combien d'accidents Pemex a-t-elle connu ?

Comme pour marquer le point de départ de cette série noire qui commence en octobre 2013, le 31 janvier de la même année, une fuite de gaz dans tour Pemex à Mexico avait provoqué une forte explosion qui avait fait 37 morts et 121 blessés. Les six accidents majeurs qui ont secoué Pemex se sont produits entre octobre 2013 et août 2021, selon un rapport récemment présenté par son directeur, Octavio Romero.

Le dernier accident en date s'est produit le 22 août, lorsqu'une plate-forme offshore a pris feu dans le golfe du Mexique, en plein opération de maintenance, faisant cinq morts et contraignant les responsables à suspendre l'activité du site pendant une semaine et débourser 1 milliard de dollars pour réparer, selon le rapport.

Le 2 juillet, un autre incendie dans une conduite sous-marine de Pemex dans le golfe du Mexique avait provoqué une sorte d'"œil de feu" dans la mer, sans faire de victimes. Le sinistre avait mis 8 heures à être maitrisé. En avril, une explosion s'était produite dans une raffinerie à Minatitlán (Veracruz, à l'est du Mexique). En janvier 2020, un autre incident avait été signalé sur une plate-forme près de Campeche (est).

Sous des gouvernements précédant celui du président Andrés Manuel Lopez Obrador, au pouvoir depuis fin 2018, d'autres accidents ont aussi eu lieu. En octobre 2013, un incendie s'était déclaré dans un puits à Tabasco (sud), et en 2015, un autre sur une plateforme dans le golfe du Mexique.

Un an plus tard, une conflagration a secoué la même zone. "La tendance à ne pas investir autant dans la maintenance s'est aggravée au cours de la dernière administration", explique à l'AFP Gonzalo Monroy, consultant en énergie.

Les causes ?

Mais l'industrie tend à minimiser les risques en invoquant l'entretien assidu des installations et la formation du personnel. Les experts interrogés par l'AFP estiment toutefois que le budget de maintenance de Pemex est insuffisant, même si le gouvernement de Lopez Obrador a promis à plusieurs reprises de "sauver" un "fleuron de la souveraineté nationale".

"Si vous regardez le montant autorisé par l'actuel gouvernement pour les dépenses de maintenance de Pemex et que vous le comparez aux cinq dernières années du gouvernement précédent, le budget approuvé est inférieur de près de 40 pc en moyenne", explique Raymundo Sánchez, spécialiste de la stratégie et associé chez EY-Parthenon.

Le budget consacré à la maintenance des installations de production est ainsi passé de 16 milliards MXP (environ 800 millions de dollars) en 2020 à 10,8 milliards MXP (environ 542 millions de dollars) en 2021.

M. Sánchez explique en outre que, depuis les gouvernements précédents, une part importante de la maintenance était assurée par des entreprises spécialisées. "Leurs contrats n'ont pas été renouvelés ou ils ne travaillent plus pour Pemex parce qu'ils leur doivent de l'argent", dit-il. "Cette maintenance spécialisée devrait être effectuée par le personnel de Pemex, qui n'a pas nécessairement ces compétences aujourd'hui", selon lui.

Des infrastructures vétustes ?

"Il s'agit d'une infrastructure déjà ancienne. La plateforme où cinq personnes ont trouvé la mort date de 1982", note Gonzalo Monroy. Toutes les raffineries ont été construites au siècle dernier, à l'exception de celle en construction à Dos Bocas, Tabasco.

La plus ancienne raffinerie est celle de Ciudad Madero (Tamaulipas, nord-est), inaugurée en 1914, et les plus récentes sont celles de Cadereyta (Nuevo León, nord-ouest) et de Salina Cruz (Oaxaca, sud), qui ont commencé à fonctionner en 1979.

D'autres accidents sont-ils à craindre ?

Les gouvernements mexicains se sont davantage concentrés sur la production pétrolière que sur le raffinage, car la première était plus rentable. Il n'y a donc pas eu d'investissement dans le raffinage.

Cependant, l'intention actuelle du gouvernement d'augmenter la production du brut et de produits dérivés accroit les risques d'accidents. "Aujourd'hui, ils exploitent les raffineries autant qu'ils le peuvent, ce qui signifie plus de risques", explique M. Sánchez.

La production de pétrole brut est passée de 3,4 millions de barils par jour en 2004 à 1,7 million de barils par jour aujourd'hui. En 2020, Pemex a perdu quelque 23 milliards de dollars, mais au deuxième trimestre de cette année, elle a réalisé un bénéfice de 719 millions de dollars.

Commentaires

Oscar Brun

Quand arrêterons nous ces accidents qui polluent la planète ? Quand nos dirigeants prendront-ils des mesures envers les vrais pollueurs ?

BEE

Tant que Pemex sert de vache à lait pour les gouvernements successifs au détriment du développement et de la sécurité, des accidents seront assez probables.
Que les autorités apprennent à payer des gens compétents, pas forcément mexicains (et c'est un filigrane puissant au mexique) et à former avec rigueur à la sécurité !

Eric

Bizarre qu'on ne parle pas de pollution et des risques environnementaux dans cet article ...

Money ... Money ...

Mais nous vivons sur une planète qui ne sait pas ce que c'est ... Qui nous permet de vivre, et de nous amuser à nos petits jeux morbides... Les traces que nous laissons sont terribles, et bientôt on ne pourra plus jouer ...

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