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Le géant pétrolier britannique Shell a prévenu jeudi que les résultats dans sa division gazière seraient en "nette baisse" au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, invoquant la "saisonnalité" mais aussi un marché "volatil et disloqué".
Shell relève aussi, dans une note diffusée en amont de son résultat du troisième trimestre, dont la publication est prévue le 27 octobre, des "dépréciations avant impôts" pour ce segment de production qui "devraient se situer entre 1,3 et 1,7 milliard de dollars".
Le groupe indique encore que sa marge de raffinage, ainsi que la marge dans sa branche chimie, seront plus faibles au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, ce qui pèsera à hauteur de 1 à 1,4 milliard de dollars sur l'Ebitda ajusté du trimestre.
Shell dévissait de 3,72% à 2.290 pence à la Bourse de Londres vers 14H15 GMT.
"Shell a enregistré des bénéfices records" en début d'année mais "depuis juin, le pétrole a enregistré quatre mois consécutifs de baisse", rappelle Victoria Scholar, analyste d'Interactive Investor.
Et Shell "est aux prises avec un marché du gaz dysfonctionnel et volatil ainsi qu'avec les attentes d'un ralentissement de la demande de pétrole, en particulier de la part de la Chine, alors que l'économie mondiale se refroidit", a-t-elle ajouté.
Le pétrolier avait dévoilé fin juillet un bénéfice net part du groupe quintuplé au deuxième trimestre, à 18 milliards de dollars, dans la foulée de la flambée des cours des hydrocarbures.
Sur le marché du gaz naturel, le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du marché européen, très volatil, a atteint plusieurs fois des sommets, avant de se calmer, depuis l'invasion russe de l'Ukraine, au gré des nouvelles venues de Moscou sur les restrictions de livraisons de gaz à l'Europe.
La décision mercredi de l'Opep+ de réduire sa production pour soutenir les prix du pétrole "devrait en principe être une bonne nouvelle pour Shell", note Russ Mould, analyste à AJ Bell. Mais le pétrolier "n'est pas à l'abri d'un ralentissement qui impactera la demande de produits raffinés", prévient-il.
Le patron de Shell, Ben van Beurden, qui quittera ses fonctions fin 2022, avait par ailleurs appelé mardi lors d'une conférence sectorielle à taxer davantage les entreprises énergétiques pour protéger les plus pauvres face à la crise de l'énergie.
Interrogé sur la discussion autour d'un plafond des prix du gaz dans l'Union européenne, Cederic Cremers, vice-président exécutif de Shell pour le gaz naturel liquéfié, a répondu que "nous reconnaissons tous qu'une action est nécessaire pour faire face" à la flambée des prix de l'énergie.
Mais "sur les plafonds de prix nous devons faire extrêmement attention" pour "s'assurer que cela ne pèse pas sur la quantité de gaz qui afflue en Europe", a-t-il ajouté, face à un petit groupe de journalistes en marge de la conférence Energy Intelligence Forum.
"S'il y a un prix fixé, est-ce que cela encouragera les entreprises à stocker des produits? En général ce qui encourage une entreprise à le faire c'est si elle pense que le prix sera plus élevé après l'hiver qu'avant l'hiver, par exemple", a-t-il ajouté.
La Commission européenne s'est dite prête mercredi à "examiner" un plafonnement des prix du gaz sur le marché européen pour faire face à la hausse des factures énergétiques provoquée par la guerre en Ukraine, sous la pression d'une majorité d'Etats membres -- dont la France, l'Italie ou la Pologne -- favorables à un tel mécanisme.
L'Union européenne doit en discuter dès ces jours-ci lors d'un sommet informel à Prague.
L'Allemagne, qui était le pays le plus dépendant du gaz russe, et d'autres Etats européens ont jusqu'ici rejeté l'idée d'un plafonnement général du prix sur le marché de gros du gaz.
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