Siemens Energy et Air Liquide posent les bases d'un futur Airbus européen de l'hydrogène

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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En inaugurant à Berlin une usine commune de modules d'électrolyseurs, l'allemand Siemens Energy et le français Air Liquide ont posé mercredi les bases d'un futur Airbus européen de l'hydrogène dans l'espoir d'accélérer la décarbonisation de l'industrie lourde et des transports sur le Vieux Continent.

Après des mois de vives tensions franco-allemandes autour des sujets d'énergie, en particulier sur l'électricité d'origine nucléaire, les responsables politiques des deux pays ont mis leurs divergences de côté pour porter ensemble cette société commune franco-allemande d'électrolyseurs sur les fonds baptismaux.

Le chancelier allemand Olaf Scholz est venu en personne, accompagné de Robert Habeck, ministre de l'Economie et du Climat et vice-chancelier allemand, ainsi que du ministre français de l'Industrie Roland Lescure.

Située en pleine ville dans une aile de l'immense site où Siemens fabrique des turbines à gaz depuis 100 ans, l'usine entièrement automatisée et robotisée inaugurée mercredi paraît de taille modeste.

Elle constitue pourtant "la plus grande giga-factory du monde de coeurs d'électrolyseurs de ce type", a souligné le directeur-général d'Air Liquide François Jackow. "Nous marions les savoir-faire de deux champions européens pour assurer la souveraineté technologique européenne dans le domaine des électrolyseurs" a-t-il ajouté.

Demande d'aide

Ces équipements sont stratégiques pour produire de l'hydrogène vert nécessaire à la décarbonisation de sites industriels comme les cimenteries, aciéries, ou autres usines chimiques qui ont besoin de faire baisser leurs émissions de CO2.

Chaque module parallélépipède (stack) produit par Siemens Energy est composé d'un empilement de fines membranes où l'eau rencontre l'électricité, ce qui sépare les molécules d'hydrogène de celles d'oxygène contenues dans l'eau (H20). Pour constituer un électrolyseur de base, Siemens estime qu'il faut 24 modules assemblés.

La composition des membranes de très haute technologie relève d'une recette "aussi secrète que celle du Coca-Cola", a relevé Thomas Bagus, directeur général de la société commune.

L'investissement total porte sur quelque 30 millions d'euros. Il est financé à hauteur de 75% par Siemens Energy et 25% par son partenaire français dans la société commune franco-allemande.

Siemens Energy a reçu une aide de 15 millions d'euros du gouvernement allemand pour ce projet, a précisé Anne-Laure de Chammard, patronne du secteur hydrogène chez Siemens Energy.

Les trois prochaines années vont être "déterminantes pour le marché de l'hydrogène" a-t-elle lancé lors d'un point presse.

"Il y a un millier de projets de production d'hydrogène (par électrolyse, NDlR) annoncés dans le monde", mais, à ce jour "moins de 10% sont confirmés sur le plan financier"; s'est-elle inquiétée en demandant "de l'aide des gouvernements pour fournir des garanties sur les projets d'électrolyseurs" afin que les investisseurs puissent suivre pour permettre la construction d'électrolyseurs en masse.

Un électrolyseur de 24 modules a été déjà installé à Oberhausen dans la vallée industrielle de la Ruhr (ouest de l'Allemagne) où il devrait entrer en activité d'ici la fin de l'année. La société commune vise aussi la construction d'un autre électrolyseur dix fois plus gros, en Normandie, avec Total Energie.

Le chancelier Scholz a fait applaudir les salariés de Siemens Energy impliqués dans cette "démarche extraordinaire" qualifiée de "révolution industrielle" par le ministre français Roland Lescure.

"Il faudrait 25 millions d'arbres pour faire la même chose que ce que font 12 électrolyseurs", a salué M. Scholz.

Interrogée sur l'alliance industrielle franco-allemande qui rappelle la démarche des pionniers d'Airbus, basée sur la complémentarité des savoir-faire, assortie d'une politique commerciale pointue, Armelle Levieux, vice-présidente innovation d'Air Liquide, responsable du domaine hydrogène, a souligné que l'alliance ne s'était pas faite en pensant à Airbus. "Ce qui compte c'est d'avancer pas à pas", a-t-elle dit.

Commentaires

COTTEN
Partenariat Siemens-Air Liquide mais finalement à 75/25. Quelle est l'intérêt stratégique pour Air Liquide ?

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