- Connaissance des Énergies avec AFP
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La société Solarwatt France, filiale lyonnaise du groupe allemand Solarwatt spécialisée dans les systèmes photovoltaïques et les batteries solaires, a ouvert début décembre une procédure d’alerte auprès du Tribunal des affaires économiques de Lyon et prépare une révision de son organisation et de son modèle d’affaires.
Un cadre de soutien au petit photovoltaïque profondément remanié
Dans un communiqué, Solarwatt France décrit un contexte où « le marché photovoltaïque français et européen traverse actuellement une période de fortes tensions, lié à un contexte international tendu, ainsi qu'à une orientation budgétaire et politique (française) marquée par les décisions prises en mars 2025 ». Ces décisions renvoient à la modification de l’arrêté tarifaire dit « S21 », publiée au Journal officiel fin mars 2025, qui revoit les conditions d’achat de l’électricité pour les installations photovoltaïques sur bâtiment jusqu’à 500 kWc.
Le gouvernement a réduit le soutien aux petites installations solaires sur bâtiment, en particulier pour les puissances inférieures ou égales à 9 kWc, en recentrant les aides sur l’autoconsommation avec vente de surplus. Le tarif de rachat de ce surplus pour les nouvelles installations résidentielles a été abaissé d’environ 12,69 c€/kWh à 4 c€/kWh, tandis que la prime à l’autoconsommation a été divisée par deux sur ce segment. La vente totale subventionnée n’est plus accessible aux petites toitures, l’objectif affiché étant de contenir l’impact budgétaire du dispositif.
Ces évolutions ne s’appliquent qu’aux projets dont la demande complète de raccordement est postérieure au 27 mars 2025, ce qui a conduit de nombreux porteurs de projets à anticiper leurs démarches en début d’année pour conserver les anciens niveaux de soutien.
La filière avait alerté dès le printemps sur les effets possibles de ce virage. Enerplan et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) disaient alors craindre « un arrêt brutal du déploiement des toitures solaires et des ombrières photovoltaïques », en particulier pour les petites et moyennes entreprises d’installation.
Ce coup de frein intervient alors que l’énergie solaire en France connaissait une forte dynamique: la production photovoltaïque a atteint 23,3 TWh en 2024, soit 4,3% de la production d'électricité en France métropolitaine.
Solarwatt France sous pression, une procédure d’alerte ouverte à Lyon
Pour Solarwatt France, la réforme s’est traduite par « une baisse de l'activité sensible, de l'ordre de -30 à - 40% », précise Ian Bard, directeur général de la filiale. « On était 16 salariés au mois de juin dernier, aujourd'hui, on est rendu à douze et la restructuration va probablement engendrer une baisse encore », ajoute-t-il. La société, qui a réalisé 15,1 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024, compte aujourd’hui sur son réseau d’environ 150 installateurs partenaires pour distribuer ses équipements sur le territoire.
Solarwatt France a ouvert le 3 décembre une procédure d’alerte auprès du Tribunal des affaires économiques de Lyon, un dispositif de prévention destiné à analyser la situation financière et à identifier des mesures correctrices avant d’éventuelles difficultés plus graves. Durant cette phase, les activités continuent: commandes, livraisons et assistance technique restent assurées, le groupe expliquant vouloir adapter sa structure de coûts et ses modes de distribution plutôt que se retirer du marché français.
« Les prochains mois seront consacrés à l'optimisation de la structure de coûts, à l'ajustement de l'organisation et à l'évaluation du plan d'affaires, conformément aux enjeux du marché français », indique encore l’entreprise. Derrière ces termes se profilent plusieurs options à l’étude: recentrage sur les segments jugés les plus porteurs, nouveaux partenariats de distribution, voire arrivée d’investisseurs au capital de la filiale.