Un administrateur d'EDF opposé au projet nucléaire d'Hinkley Point démissionne

  • AFP
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Un administrateur d'EDF opposé à Hinkley Point C et à la stratégie nucléaire de l'électricien public a démissionné jeudi avant un conseil d'administration qui doit statuer sur ce méga-projet controversé de centrale nucléaire en Angleterre, selon sa lettre de démission dont l'AFP a obtenu copie.

"Etant administrateur proposé par l'État actionnaire, je ne souhaite pas cautionner plus longtemps une stratégie que je ne partage pas", explique Gérard Magnin dans la missive. C'est la deuxième démission au sein d'EDF liée à Hinkley Point, après celle, début mars, du directeur financier Thomas Piquemal, qui jugeait ce chantier de 18 milliards de livres (21,5 milliards d'euros) irréalisable à court terme. "Espérons qu'Hinkley Point n'entraîne pas EDF dans un abîme de type Areva, comme certains le craignent. EDF aurait alors perdu sur tous les tableaux", écrit l'ex-administrateur.

Le départ de Gérard Magnin, 65 ans, ne remet pas en question la tenue du conseil d'administration, qui doit se prononcer jeudi après-midi sur une décision finale d'investissement pour la construction de deux réacteurs EPR dans le sud-ouest de l'Angleterre, farouchement combattue par les syndicats.

Plus globalement, l'administrateur démissionnaire dénonce la stratégie résolument pro-atome poursuivie par EDF, au détriment de la transition énergétique (à laquelle l'électricien s'est pourtant engagé à participer) et de l'émergence d'une industrie française des énergies renouvelables.

"J'avais en effet imaginé que la période de mutation profonde des systèmes énergétiques partout dans le monde serait propice à une réorientation historique de la stratégie d'EDF vers une transition énergétique, que la loi devait accélérer dans notre pays", écrit-il. "Au contraire, (...) le centre de gravité d'EDF se déplace encore davantage vers le nucléaire", déplore-t-il.

Il cite non seulement Hinkley Point, mais aussi la reprise de l'activité réacteurs d'Areva et l'allongement à 50 ans de la durée d'amortissement de certains réacteurs français. M. Magnin avait été nommé administrateur en novembre 2014 sur proposition de l'Etat, actionnaire à 84,9% d'EDF. Ce défenseur de la transition énergétique siège au Conseil économique, social et environnemental de Franche-Comté. De 1994 à juin 2014, il a dirigé Energy Cities, l'association européenne des autorités locales en transition énergétique, qu'il a fondée en 1990.

Commentaires

AtomicBoy44

Encore un qui a confondu transition énergétique avec "sortie du nucléaire".

La communication des antinucléaires a eu ses effets sur les masses mais pas sur toute la technostructure. Heureusement ! Même si cela s'entend ça et là ...

En plus, la transition énergétique de Mme Royale est une grosse erreur stratégique de long terme, elle ne touche quasiment pas a toutes les énergies carbonées et en particulier le pétrole, alors que c'est bien ce dernier qu'il faut éliminer de notre consommation énergétique. Tout comme le Gaz naturel ou industriel.

Bcp trop de français ont été manipulé dans cette histoire de Transition énergétique et beaucoup ont oublié que l'objectif de transitionner, n'est pas juste de transitionner pour la transition, mais de le faire pour sauver le climat.

L’Allemagne est le parfait exemple de ce qu'il ne faut pas suivre : investir 500 milliards € en 10 ans et ne pas réduire d'un IOTA ses émissions de carbone dans la production électrique. Pas de réduction de la dépendance au charbon, même au contraire. Ils en ont, nous pas.

L'électronucléaire, c'est l'avenir des transitions électriques sur toute la planète, et a très long terme.

Seuls ceux qui se voilent la face avec des formes de production intermittentes et fatales (donc incontrôlables) permettront de prolonger encore plus massivement l'utilisation des combustibles fossiles.

Il faut donc faire plus d'électricité et substituer le maximum d'usage du pétrole et du gaz ET/ou du charbon par l’électricité et remplacer la production électrique par des productions bas carbone contrôlables et stockables.

nitre mix électrique est 95% décarboné. C'est tout ce qui compte pour sauver la stabilité du climat.

observer@energy

Tout à fait d'accord sur le malentendu entretenu entre "transition énergétique", pour nous sevrer autant que possible des énergies fossiles, et la "fameuse réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité" : à raison de 45 à 60 g_eqCO2/kWh en moyenne (1), c'est 5 à 7% (2) du problème des émissions... Au moment où les pratiques agricoles représentent 16%, le secteur résidentiel-tertiaire 20% et, cerise sur le gâteau, les transports 28%, dont la moitié (3) le fait de la voiture particulière.

En réponse à AtomicBoy44, une observation avant de virer au tout électrique : on peut déjà réduire la voilure côté bâtiment (où, effectivement, ça tourne à près de 50% aux fossiles (4) sur 45% de la demande finale) dans la poursuite des efforts actuels, et de manière tout aussi peu anecdotique dans les transports qui pèsent tout de même pour 27-28%, à 90% sous forme de pétrole...
Et bas besoin de faire de grands coûts pour commencer : la voiture à 2L/100km existe déjà en puissance, elle est... low-tech, il s'agit juste de revoir les besoins qu'on y attache (puissance, vitesse en pointe, équipements, etc.). Et ensuite, moins simple, il faut repenser la mobilité à l'échelle des territoires, mais là ça dépasse le simple cadre de l'offre de services énergétiques (taille et structure des villes, modèles agricoles locaux, etc.). Tout un projet !

Sources :
(1) : chiffres clés eCO2mix, rte-france.fr
(2) : 490Mt_eqCO2 d'émissions territoriales en 2013 ; voir Chiffres clés du climat France et Monde édition 2016, developpement-durable.gouv.fr
(3) : volet "Véhicules" sous "Energie, air et climat", sur developpement-durable.gouv.fr
(4) : iea.org/Sankey/#?c=France&s=Final%20consumption

AtomicBoy44

@Observer

Je pense que nous sommes sur la même longueur d'onde, pour les bâtiments et les transports ou même l'agriculture, mais j'ai encore de gros doutes sur les low-tech.
Je pense que Bihouix va un peu trop vite en besogne avec son idée d'arrêter de développer les technologies tous azimuts. Tous le monde n'a pas besoin du ruthénium pour les pales de turbocompresseurs d'avions par exemple...Même chose avec les matières rares.

Je pense qu'il est possible de concevoir des techniques de recyclages qui doivent être payées par les fabricants. Ainsi, ces fabricants seraient obligés de revoir leurs processus de fabrications pour permettre la récupération optimale des matières premières.
Nous arrivons a séparer des éléments par isotopes dans de nombreux domaines de la chimie, et je pense que cela sera encore possible a l'avenir avec de l'électricité et de la chaleur décarboné.

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