- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le Venezuela a affirmé mercredi que les opérations pétrolières se poursuivaient normalement au lendemain de l'annonce par les Etats-Unis d'un "blocus total" contre les pétroliers sous sanctions se rendant ou partant du pays.
"Les opérations d'exportation de pétrole brut et de produits dérivés se déroulent normalement. Les pétroliers continuent de naviguer en toute sécurité", a affirmé la compagnie pétrolière nationale (PDVSA).
Le gouvernement de Nicolas Maduro utilise le pétrole pour financer "le narcoterrorisme, la traite d'êtres humains, les meurtres et les enlèvements", a justifié mardi Donald Trump, reprenant sa rhétorique habituelle pour justifier la mise en place du blocus qui a fait monter les prix du pétrole sur les marchés.
Le gouvernement vénézuélien a lui réitéré que le but des Etats-Unis était de "voler les richesses" du pays en tentant "d'imposer de manière absolument irrationnelle un prétendu blocus naval militaire au Venezuela".
L'armée vénézuélienne s'est dite-elle "pas intimidée" par "les menaces grossières et arrogantes" du président américain Donald Trump. "La dignité de cette patrie ne se négocie pas, ni ne se plie devant personne", a affirmé mercredi le ministre de la Défense Vladimir Padrino.
Le durcissement de la politique américaine contre Caracas a été en revanche salué par l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, prix Nobel de la paix 2025, qui a quitté Oslo sans que sa destination prochaine ne soit connue. Elle a appelé ce week-end à augmenter la "pression" afin que "Maduro comprenne qu'il doit partir".
L'administration Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic et les Etats-Unis ont déployé depuis cet été un important dispositif militaire dans les Caraïbes, et bombardé des embarcations en provenance du Venezuela au nom de la lutte contre le narcotrafic.
Des opérations à la légalité mise en doute par des experts, ONG et responsables des Nations unies, qui ont frappé au moins 26 navires dans les Caraïbes ou l'est du Pacifique, tuant au moins 95 personnes, sans jamais fournir de preuve de leur implication dans un quelconque trafic.
Le déploiement américain "ne fera que s'accroître, et le choc qu'ils subiront sera sans précédent - jusqu'à ce qu'ils rendent aux Etats-Unis d'Amérique le pétrole, les terres et les autres actifs qu'ils nous ont précédemment volés", a martelé Donald Trump, qui maintient le flou sur une possible intervention terrestre au Venezuela.
- "Effusion de sang" -
La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, en a appelé mercredi aux Nations unies pour "éviter une effusion de sang" au Venezuela.
"Qu'elle que soit l'opinion" que l'on peut avoir du régime vénézuélien et de Nicolas Maduro, la position du Mexique "sera toujours une opposition aux interventions (...) et aux ingérences étrangères", a-t-elle dit au cours de sa conférence de presse quotidienne.
Donald Trump n'a pas étayé ses accusations de vols de pétrole et de terres. Dans les années 1970, le Venezuela a nationalisé son industrie pétrolière, et sous la présidence d'Hugo Chavez (1999-2013), les "majors" étrangères ont été obligées d'accepter des entreprises mixtes, majoritairement détenues par la compagnie d'Etat PDVSA.
La compagnie américaine Chevron, qui y opère toujours en vertu d'une dispense de sanctions, a déclaré mardi que ses opérations "continuaient sans interruption et dans le plein respect des lois".
Soumis à un embargo américain depuis 2019, le pétrole vénézuélien, principale ressource du pays, est écoulé sur le marché noir à des prix en dessous du marché, à destination notamment de la Chine.
Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a dit mercredi à son homologue vénézuélien Yvan Gil l'opposition de Pékin à toute tentative d'"intimidation unilatérale" et dit soutenir "chaque pays dans la défense de sa propre souveraineté et de sa dignité nationale".
"Le Venezuela a le droit de développer de manière indépendante une coopération mutuellement bénéfique avec d'autres pays", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans son résumé de l'entretien.
Le blocus américain est "un exemple manifeste de piraterie d'État et de brigandage armé en mer", a estimé le gouvernement iranien dans un communiqué, ajoutant que "les menaces, les blocus économiques et le recours à la force contre un État indépendant, membre des Nations Unies, constituent une violation évidente des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies".
La semaine dernière, les forces américaines avaient saisi en mer des Caraïbes un pétrolier à destination de Cuba. Le Skipper transportait entre un et deux millions de barils de brut vénézuélien, selon les sources, pour une valeur de 50 à 100 millions de dollars.
Joaquin Castro, représentant démocrate du Texas, a pour sa part dénoncé sur X le blocus naval, selon lui "incontestablement un acte de guerre. Une guerre que le Congrès n'a jamais autorisée et dont le peuple américain ne veut pas".
La chambre des représentants, à majorité républicaine, devra se prononcer jeudi sur une résolution "enjoignant au président de mettre fin aux hostilités", a-t-il affirmé. Chaque député "aura l'occasion de décider s'il soutient l'envoi d'Américains dans une nouvelle guerre de changement de régime".
Mercredi, les Etats-Unis ont annoncé l'envoi de troupes en Equateur, dont le président Daniel Noboa est un allié de Trump, pour une "opération temporaire" contre le narcotrafic.