Durban : une COP de plus, pour quel résultat ?

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COP17 Durban

La ministre sud-africaine des Affaires étrangères et présidente de "COP 17", a reconnu avant l'adoption de l'accord que celui-ci n'était "pas parfait". (©Unati Ngamntwini)

« COP 17 », c’est fini. La nouvelle Conférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique s’est terminée dimanche 11 décembre avec 36 heures de retard. L’Union européenne et autres négociateurs se félicitent de l’accord a minima obtenu à Durban tandis que les ONG en ont une lecture plus critique.

Quels résultats ?

A l’issue de 14 journées, les 195 Parties réunies à Durban se sont notamment entendues sur les points suivants :

  • une feuille de route visant un accord en 2015 englobant tous les pays pour lutter contre le réchauffement climatique. Cet accord devrait entrer en vigueur à partir de 2020. Il est décrit dans l’accord final comme « un protocole, un autre instrument légal ou une solution légale concertée ayant une force légale ». Autrement dit, de nombreuses options restent ouvertes et aucune contrainte légale n’engage les différents signataires à l’heure actuelle ;
  • la prolongation du protocole de Kyoto après 2012 et le maintien des différents mécanismes de flexibilité ;
  • la mise en place opérationnelle du Fonds vert, outil qui doit aider les pays en voie de développement à lutter contre les changements climatiques et la déforestation.  Officiellement créé à Cancun, il devrait être mis en place début 2012 mais son financement reste à préciser(1) ;
  • la mise en place opérationnelle d’un Mécanisme de technologie en 2012, faisant la promotion de  l'énergie propre et des nouvelles technologies.

Entre atermoiements et soulagement, des réactions mitigées

« L’UE souhaitait plus d’ambition. Et a obtenu plus. » s’est félicitée la commissaire européenne en charge du climat, Connie Hedegaard. Un sentiment partagé par de nombreux négociateurs européens, soulagés d’avoir atteint un accord de principe après avoir craint un échec des négociations.

Ce sentiment est tempéré par la ministre française Nathalie Kosciusko-Morizet : « on n’a pas sauvé la planète, mais on s’engage sur un accord global ». Il est battu en brèche par différentes ONG qui déplorent l’absence d’engagements concrets. Parmi elles, les Amis de la Terre souligne sa frustration et le flou de l’accord obtenu : « A Durban, on s’est mis d’accord pour continuer à discuter en vue d’un accord, en 2015, qui devrait préfigurer un autre accord plus ferme, qui pourrait entrer en vigueur en 2020, si on est d’accord pour fixer des objectifs contraignants ».

De nombreuses incertitudes pèsent encore sur les négociations de la CCNUCC, cadre d’action de lutte contre le réchauffement climatique initié par l’ONU. Les négociateurs ont eux-mêmes reconnu l’insuffisance des engagements à date pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Le prochain round annuel de négociations se tiendra du 26 novembre au 7 décembre 2012 au Qatar (« COP 18 »). Des observateurs s’amusent déjà à souligner que l’émirat est le plus grand émetteur de CO2 par habitant au monde.

D’ici là, la conférence Rio+20 se tiendra du 20 au 22 juin 2012, 20 ans après la tenue du sommet de la Terre de Rio et l’adoption de la CCNUCC.

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