État des lieux sur les réseaux de chaleur en France à fin 2018

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Réseaux de chaleur

Chaufferie biomasse de Dalkia. (©Dalkia-Dominique Lampla)

L’enquête annuelle sur les réseaux de chaleur et de froid en France a été publiée le 16 novembre par le Syndicat national du chauffage urbain (SNCU)(1). Elle alerte entre autres sur les « trop peu nombreux » nouveaux projets de chaleur renouvelable et de récupération, bien en-deçà des objectifs fixés par la loi de transition énergétique.

761 réseaux de chaleur en France à fin 2017

Pour rappel, un réseau de chaleur (ou réseau de chauffage urbain) est un système de distribution de chaleur à partir d’une installation de production centralisée et à destination de plusieurs consommateurs. La chaleur est transportée au sein d’un ensemble de canalisations, généralement à l’échelle d’un quartier.

À fin 2017, la France comptait 761 réseaux de chaleur, d’une longueur cumulée de 5 397 km. Ceux-ci desservent en grande majorité des bâtiments résidentiels et tertiaires (91% de la chaleur livrée)(2) : près de 32 212 bâtiments en France sont raccordés à un réseau de chaleur, soit « 2,4 millions équivalents logements ». Au total, 25 TWh de chaleur ont été délivrés en 2017 par l’intermédiaire de ces réseaux.

En matière de bouquet énergétique, le gaz naturel reste la principale énergie « entrante » dans les réseaux de chaleur français (37% en 2017) mais la part des énergies renouvelables (biomasse, géothermie, etc.) et de récupération (chaleur issue de la valorisation énergétique de déchets, de process industriels, de data centers, etc.), dites « EnR&R », a fortement augmenté, atteignant 56% en 2017 (contre 27% il y a 10 ans).

Selon les professionnels de la filière, les réseaux de chaleur sont aujourd’hui « compétitifs par rapport aux autres modes de chauffage avec un coût global, en 2017, de 1 111 € par logement contre 1 218 € pour le gaz collectif et 1 840 € pour l’électricité pour une consommation de 170 KWh/m2 par an »(3).

Le SNCU souligne par ailleurs que le « contenu global en CO2 » des réseaux de chaleur a encore baissé de 8% en 2017, par rapport à 2016, avoisinant désormais 0,116 kg CO2/kWh (contre 0,234 kg CO2/kWh pour le gaz naturel par exemple)(4).

Réseaux de chaleur en France
La valorisation énergétique des déchets et la biomasse comptent pour 47% de l’énergie transitant par les réseaux de chaleur en France en 2017. (©Connaissance des Énergies)

Une baisse « alarmante » des nouveaux projets « EnR&R »

Adoptée à l’été 2015, la loi de transition énergétique pour la croissance verte fixe pour objectif de multiplier par 5 la quantité de chaleur et de froid renouvelable et de récupération transitant sur les réseaux d’ici à 2030 (par rapport à 2012)(5). Des cibles de développement ont également été posées par la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) aux horizons 2018 et 2023. Or, le SNCU fait état de « retards croissants sur l’atteinte » de ces différents objectifs.

Le syndicat appelle ainsi à accélérer les efforts de déploiement : « le rythme de croissance de 2017 de 70 ktep des livraisons en chaleur verte doit être multiplié par 2,7 pour respecter les engagements de la loi de transition d’ici à 2030 » (et de 2,1 pour atteindre les objectifs de la PPE à l’horizon 2023).

À l’heure actuelle, les efforts sont principalement consacrés à un « verdissement » des réseaux existants selon l’enquête annuelle du SNCU (94% de la hausse de livraison de chaleur renouvelable et de récupération en 2017) et non au développement de nouveaux réseaux, « pas à la hauteur des attentes ».

À cette fin, les professionnels de la filière appellent à renforcer le Fonds chaleur, créé en 2009, qui permet aux projets de chaleur renouvelable d’être compétitifs : « l’augmentation à 300 millions d’euros du Fonds chaleur(6) prévue par le ministre de la Transition écologique est une première avancée qu’il est urgent de confirmer et qui doit être complétée par un doublement du Fonds chaleur comme annoncé par le président de la République pendant la campagne présidentielle », indique le SNCU.

Le syndicat souligne qu’« alors même que la chaleur représente 50% des usages énergétiques en France, elle bénéficie de moins de 10% des soutiens aux énergies renouvelables »(7). Précisons que l’enquête annuelle du syndicat fait également état de 23 réseaux de froid en France à fin 2017, desservant principalement des bâtiments tertiaires (bureaux, hôtels, musées, aéroports, hôpitaux).

Réseaux de chaleur renouvelable
En 2017, les réseaux ont livré 1,18 Mtep de chaleur renouvelable en France, contre 1,11 Mtep en 2016. (©Connaissance des Énergies)

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