Idée reçue : « L’efficacité énergétique entraîne systématiquement une baisse de la consommation »

L’économiste William Stanley Jevons constate dès 1865 que cette intuition commune peut être contredite. Il remarque que la consommation anglaise de charbon augmente après l’invention de la machine à vapeur par James Watt. Les économies d’énergie réalisées grâce au moteur à vapeur de Watt sont ainsi  « mises à mal » par la généralisation de cette machine.

Dans les années 1980, Daniel Khazzoom et Leonard Brookes modernisent cette théorie appelée « paradoxe de Jevons ». Ils montrent que la consommation mondiale de pétrole et d’énergie continue d’augmenter rapidement suite aux chocs pétroliers de 1973 et 1979 (indépendamment de la croissance démographique). Le constat interpelle d’autant plus si l’on considère les progrès réalisés en matière d’efficacité énergétique durant la crise (baisse de la consommation des voitures).

Pourquoi ? Le phénomène découle de « l’effet rebond ». Si les progrès technologiques rendent plus efficace l’utilisation de l’énergie, ils incitent aussi à adopter de nouveaux comportements, créant de nouveaux besoins (c'est notamment visible dans les usages numériques aujourd'hui). Autrement dit, le gain généré par l’efficacité énergétique est souvent compensé par une évolution des besoins qui se traduit par une hausse de la consommation.

Phénomène psychologique ou social incitant à combler le vide ? Mécanisme économique selon lequel un moindre coût entraîne une hausse de la demande ? Quelles qu’en soient les motivations, la notion d’efficacité énergétique n’est donc pas systématiquement un facteur de diminution de la consommation. Elle relève davantage d’une optimisation des ressources et d’un levier de croissance. À ce titre, elle est souvent associée à la notion de « sobriété énergétique » qui elle, est directement liée à la consommation.

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