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Si les modes de production de l'électricité sont multiples, les moyens de l'utiliser le sont tout autant. En outre, il existe de fortes disparités de consommation entre les pays développés et ceux en voie de développement, inhérentes aux habitudes de vie et aux technologies employées. Dans un contexte de demande croissante et de limites de certaines ressources, l'efficacité énergétique s'impose comme un enjeu phare.
Corrigée des effets météorologiques, donc indépendamment des variations météo d'une année sur l'autre, la consommation d'électricité en France s'est élevée à 445,4 TWh. Cela représente un nouveau recul de 3,2 % par rapport à 2022, où la consommation avait déjà atteint un creux de 460,2 TWh du fait de la crise énergétique, comme l'indique RTE dans son bilan électrique 2023.
Cette baisse de la consommation, conjuguée à une hausse de la production électrique nationale (+11%), a éloigné les craintes de coupures qui avaient entouré la fin 2022, avec des circonstances particulièrement exceptionnelles : l'hiver 2022 avait été marqué par une faiblesse sans précédent depuis 1976 de la production des barrages hydroélectriques, des craintes sur l'approvisionnement en gaz liées à la guerre en Ukraine et un nombre inédit de réacteurs nucléaires à l'arrêt.
La consommation d'origine résientielle est la principale en France. Certains y voient les effets de la désindustrialisation du pays.
Données corrigées des variations climatiques - À jour en 2024 - Source : Ministère de la Transition Écologique (SDES)
La baisse concerne tous les secteurs (résidentiel, industriel, tertiaire), et en particulier les entreprises électro-intensives.
La consommation nationale d'électricité est retombée en 2023 au niveau du début des années 2000, résultat d'un effort de sobriété, d'efficacité énergétique, mais aussi en réaction à l'augmentation des tarifs.
Graphique: Selectra - Source: Bilan Electrique 2023
Consommation d'électricité en France (en GWh) - source RTE
Selon RTE, la consommation d'électrricité va augmenter au cours des prochaines décennies en France, pour répondre aux objectifs climatiques et aux enjeux de la réindustrialisation.
Le gestionnaire s'attend à une consommation annuelle d'électricité en forte hausse, comprise entre 580 et 640 térawattheures en 2035. Il prévoyait 630 TWh d'ici 2050 dans un précédent rapport.
La guerre en Ukraine a mis en évidence une nécessité de souveraineté et de relocalisation de l'industrie à mener de pair avec la décarbonation de la société. En clair, un besoin urgent et massif d'électricité dans les usines pour remplacer le gaz et le charbon émetteurs de CO2, alors que les consommateurs ont besoin aussi de plus d'électricité dans leur vie quotidienne, comme pour les voitures électriques.
Ce rythme "met en évidence l'ampleur du défi auquel le système électrique est confronté", insiste RTE. Il va falloir produire rapidement plus d'électricité bas-carbone, alors même que les premiers des nouveaux réacteurs nucléaires annoncés par le gouvernement ne verront pas le jour avant 2035 au plus tôt.
"Atteindre d'ici 2035 une production électrique bas-carbone de 600 TWh minimum, et si possible de 650 TWh voire plus de sorte à couvrir le haut de la fourchette des perspectives de consommation électrique, apparaît ambitieux (...) mais faisable", rassure néanmoins RTE. Cela va conduire de fait le pays à produire "plus de renouvelables, et plus vite dans les prochaines années", a résumé Xavier Piechaczyk, président de RTE lors d'une conférence de presse.
Avec pour objectif d'atteindre au minimum 250 TWh d'ici 2035, contre environ 120 TWh aujourd'hui. C'est un doublement de la production actuelle, mais cela reste inférieur à ce que fait l'Allemagne, souligne M. Piechaczyk. "Il y a urgence à déployer l'éolien terrestre et le solaire photovoltaïque qui peuvent être mis en œuvre dans des délais courts" a ajouté Thomas Veyrenc, directeur exécutif de RTE. Selon lui, "viser moins de 250 TWh de renouvelables en 2035, ce serait prendre un gros risque sur la trajectoire (climatique) à moyen terme".
D'ici 2035, l'éolien en mer pourra s'ajouter "sous réserve que la France parvienne à attribuer massivement des parcs". Puis, après 2035, le renouvellement du parc nucléaire par des EPR2 "peut permettre de poursuivre la croissance de la production" d'électricité bas carbone, complète RTE. D'ici 2035, la prévision "prudente" de RTE pour la production nucléaire annuelle moyenne est au total de 360 TWh, pouvant aller jusqu'à 400 TWh grâce à des actions de "maximisation" du parc actuel.
Mais les marges de manœuvre diminuent. Pour boucler l'équation énergétique, c'est à dire réussir à la fois la décarbonation et l'industrialisation, "il faut de l'efficacité, de la sobriété, une production nucléaire la plus disponible possible et beaucoup d'énergies renouvelables supplémentaires", selon M. Piechaczyk. La sobriété, et toute forme d'économie d'énergie, "n'est plus une option", ajoute-t-il, "c'est ce qui est nouveau".
La France est un pays thermo-sensible car la demande en électricité varie fortement en fonction des températures extérieures, surtout en hiver. En raison de la forte proportion de chauffage électrique dans les foyers français, une baisse de la température entraîne une augmentation significative de la consommation.
Cette sensibilité climatique rend le réseau électrique vulnérable aux pics de demande en période de grand froid, nécessitant une gestion rigoureuse de l’approvisionnement énergétique et des importations d'électricité pour éviter les surcharges du système.
Consommation d'électricité en France (en MWh) - source RTE
La consommation électrique varie selon les heures de la journée en raison des habitudes de vie et des activités humaines. Aux heures de pointe, généralement le matin (6h-9h), le midi (12h et 14h) et en début de soirée (18h-21h), la demande est plus élevée en raison de l’utilisation accrue d’appareils ménagers, de chauffage et d’éclairage, notamment avec le retour à domicile.
En revanche, la consommation est plus faible en milieu de journée et pendant la nuit, lorsque les activités sont réduites et que l'usage d'équipements énergivores est moindre.
Les appareils électriques de la maison consomment de l'énergie de manière variable selon leur usage et leur puissance.
Par exemple, un réfrigérateur consomme en moyenne 200 à 500 kWh/an, alors qu’un lave-linge peut consommer 150 à 200 kWh/an selon la fréquence d’utilisation. Les chauffages électriques et climatiseurs sont parmi les plus énergivores, atteignant plusieurs milliers de kWh par an. Les lampes LED consomment peu (entre 5 et 10 kWh/an), tandis que les ordinateurs consomment entre 50 et 300 kWh/an, en fonction de leur utilisation.
La consommation de l'éclairage est calculée pour une durée d'utilisation de 200 h/an/source - Graphique: Selectra - Source: Ademe, 2022
Chaque jour, un Français consomme à lui seul 6 kWh en moyenne, et un foyer 15 kWh.
Chaque année, un Français consomme à lui seul 2 550 kWh en moyenne, et un foyer 5 752 kWh.
Cela représente un buget moyen de 641,58 € par an et par personne, et 1447,2 € par an et par foyer, au tarif Base du tarif réglementé en novembre 2024.
Il existe aujourd'hui des outils de suivi journalier et agrégé des consommations électriques, afin de suivre depuis son ordinateur ou son mobile. Selon le CNRS, suivre sa consommation permet de la réduire de l'ordre de 23 % en moyenne.
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