Comment marche l’autoconsommation énergétique ?

Autoconsommation solaire sur toit

Les coûts d’acheminement de l’électricité atteignent en moyenne près d’un tiers de la facture d’électricité des particuliers en France.

Définition

L’autoconsommation énergétique désigne le fait de consommer de l’énergie que l’on produit soi-même, principalement à partir de panneaux photovoltaïques mais aussi à partir d'éoliennes domestiques. On parle parfois aussi d’autoproduction énergétique, dans le cadre du développement de la production décentralisée d’électricité.

Elle permet à un particulier ou une entreprise de consommer le courant - et voire la chaleur - qu'il produit pour satisfaire une partie de ses besoins énergétiques. Lorsqu'elle est collective, elle rassemble plusieurs consommateurs (particuliers, immeubles, bâtiments tertiaires, entreprises, etc.) qui se partagent l'électricité qu'ils produisent.

Les excédents de production peuvent être stockés dans des batteries pour une utilisation ultérieure ou être injectés dans le réseau moyennant une compensation financière.

Les sources d'autoproduction

Autoconsommation solaire (photovoltaïque et thermique)

L'autoconsommation solaire photovoltaïque consiste à utiliser l'électricité produite par des panneaux solaires installés sur un toit ou sur le terrain de l'utilisateur. Elle est particulièrement avantageuse pour les régions ensoleillées.

L'autoconsommation solaire thermique se réfère à l'utilisation de panneaux solaires thermiques pour chauffer de l'eau ou des fluides pour des usages domestiques ou industriels. Ces systèmes captent la chaleur du soleil à l'aide de capteurs thermiques et la transfèrent à un fluide caloporteur qui chauffe l'eau dans un réservoir.

Autoconsommation éolienne

L'autoconsommation éolienne implique l'utilisation de petites éoliennes installées sur le site de l'utilisateur pour produire de l'électricité à partir du vent. Les systèmes d'autoconsommation éolienne sont souvent utilisés dans les zones rurales ou les sites éloignés où le potentiel éolien est élevé.

Si elle a l'avantage la possibilité de générer de l'électricité de manière continue, y compris la nuit, l'éolienne nécessite des conditions de vent favorables et un espace suffisant et est souvent moins rentable qu'un panneau photovoltaïque.

Intérêts

L’autoconsommation électrique n’implique pas nécessairement la recherche d’une autosuffisance, qui nécessite des solutions de stockage et de pilotage optimal des consommations à domicile. Elle répond principalement à des motivations d’ordre économique : compte tenu de la hausse du prix de l’électricité, un consommateur peut potentiellement réduire sa facture ainsi qu’amortir son investissement initial et au-delà. Le taux de couverture désigne la part de sa consommation qui est couverte par sa production.

À l’échelle d’un réseau, l’autoconsommation pourrait permettre de diminuer les investissements dans de nouvelles infrastructures en diminuant l’appel de puissance maximal. Elle nécessite toutefois une gestion plus fine de l’équilibre offre/demande de la part des gestionnaires de réseaux. En outre, le réseau électrique français, très centralisé avec une prédominance de la production nucléaire, se trouve confronté à d’importants défis face à l’intégration croissante d’unités de production décentralisée. Bien qu’encore émergente, l’autoconsommation pousse à s’interroger sur la future place du réseau électrique et de sa rémunération pour les différents services rendus (en particulier la garantie d’un approvisionnement sûr en continu), dont profitent toujours les autoconsommateurs.

Un boom des installations d'autoconsommation en France

Longtemps peu développée en France, contrairement à l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne où elle a fait l’objet d’aides publiques plus tôt, la consommation est en plein boom en France.

La barre des 500 000 producteurs photovoltaïques en autoconsommation raccordés au réseau d'ENEDIS a été atteinte au deuxième trimestre 2024, ce qui représente une augmentation de 80 % sur un an. Ces installations ont une puissance cumulée d'environ 2 600 MW, équivalant à celle d'environ deux réacteurs nucléaires. Près de 100 000 projets sont en cours.

En nombre de sites sur le réseau Enedis (hors ELD) - À jour en 2024 - Sources : Enedis - Graphique : Selectra

Source : Enedis - Graphique : Selectra

Quelles démarches pour devenir auto-producteur ?

Les plus téméraires peuvent faire toutes les démarches eux-mêmes, mais il est possible d'opter pour des offres globales d'autoconsommation clé-en-main.

Étape 1 : Évaluation et Planification

Tout le monde ne peut pas produire son électricité. Par exemple, ce n'est pas possible si vous n'êtes pas propriétaire de votre logement. Aussi, les petits consommateurs ont peu d'intérêt économique à autoconsommer.

Évaluation de la faisabilité

  • Site et orientation : Évaluez l’orientation et l’inclinaison de votre toit ou de votre terrain pour maximiser l'exposition au soleil. Les toits orientés au sud, sud-est, ou sud-ouest sont idéaux.
  • Surface disponible : Déterminez la surface disponible pour installer les panneaux solaires. Chaque kilowatt-crête (kWc) de panneaux nécessite environ 5 à 7 m².
  • Ombres et obstacles : Identifiez les sources d’ombres potentielles (arbres, bâtiments, etc.) qui pourraient réduire la production d’énergie.

Estimation des besoins énergétiques

  • Consommation actuelle : Analysez votre facture d’électricité pour connaître votre consommation annuelle en kWh.
  • Dimensionnement du système : Calculez la taille du système nécessaire pour couvrir tout ou partie de votre consommation.

Étape 2 : Sélection et Achat des équipements

C'est probablement la phase la plus importante. La plupart des offres et fournisseurs englobent ces services.

Choix des panneaux solaires

  • Type de panneaux : Sélectionnez entre les panneaux monocristallins, polycristallins, ou à couches minces selon vos besoins et budget.
  • Efficacité et garantie : Comparez l’efficacité (rendement) et la garantie des panneaux proposés par différents fabricants.

Autres composants

  • Onduleur : Choisissez un onduleur adapté à la taille de votre installation. L'onduleur convertit le courant continu (CC) produit par les panneaux en courant alternatif (CA) utilisable par votre foyer.
  • Système de montage : Sélectionnez un système de montage adapté à votre type de toit ou de sol.
  • Batterie (en option) : Si vous souhaitez stocker l’énergie pour une utilisation ultérieure, envisagez d'installer des batteries.

Choix de l'installateur

Obtenez des devis de plusieurs fournisseurs et installateurs certifiés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) et possédant une assurance responsabilité civile professionnelle.

Choix de l'éventuelle offre de revente

L'électricité non consommée et injectée sur le réseau est vendue via un contrat d’achat entre le producteur et un acheteur. En général, les installations solaires sur toiture bénéficient d'une Obligation d’Achat (OA) par EDF-OA ou par d'autres acheteurs agréés (Engie, Ekwateur par exemple).

Pour les très petites installations (moins de 3 kWc), la loi permet l'injection sans acheteur, où l'électricité est cédée gratuitement au gestionnaire du réseau.

Étape 3 : Demandes administratives et Raccordement

Toute installation de production d’électricité, y compris les kits Plug & Play, doit être déclarée auprès d'Enedis avant sa mise en service, même si aucune électricité n'est injectée sur le réseau, selon l’article L315-7 du code de l’énergie.

Déclaration préalable

Déposez une déclaration préalable de travaux à votre mairie. Certains secteurs peuvent nécessiter une autorisation particulière (zones protégées, bâtiments historiques).

Demande de raccordement

Pour injecter sa production photovoltaïque sur le réseau, un auto-producteur doit déclarer son installation au gestionnaire de réseau, généralement Enedis pour 95 % du territoire français. Cette déclaration prend la forme d'une demande de raccordement. Pour les petites installations (moins de 36 kVA), le producteur peut signer 

  • une convention d’autoconsommation sans injection (CACSI) s'il consomme toute sa production ;
  • un contrat d’accès et d’exploitation (CAE) pour une injection partielle ;
  • un contrat unique en injection (CU-I) avec l’acheteur d’électricité.

Ces installations sont par ailleurs connectées au réseau gratuitement, au contraire des sites revendant l’intégralité de leur production.

Étape 4 : Installation et Mise en service

  • Travaux d’installation : L’installateur agréé procède à l’installation des panneaux, de l’onduleur, et du système de montage. Assurez-vous que l’installation respecte les normes électriques (NF C 15-100) et de sécurité.
  • Raccordement : Enedis effectue une visite de contrôle pour vérifier la conformité de l’installation et procède au raccordement au réseau.
  • Mise en service des équipements : L’installateur met en service les équipements et vous explique leur fonctionnement.

Étape 5 : Suivi et Maintenance

Suivi de la production

  • Outils de monitoring : Utilisez des outils de monitoring pour suivre la production d’électricité et détecter rapidement toute anomalie.
  • Factures et économies : Comparez vos factures d’électricité avant et après l’installation pour évaluer les économies réalisées.

Maintenance régulière

  • Inspection visuelle : Effectuez des inspections visuelles régulières pour détecter des dommages ou salissures sur les panneaux.
  • Nettoyage : Nettoyez les panneaux solaires si nécessaire, surtout après des périodes prolongées sans pluie.
    Révisions techniques :
  • Contrats de maintenance : Envisagez de souscrire à un contrat de maintenance avec votre installateur pour garantir le bon fonctionnement de l’ensemble du système.

Un cadre législatif incitatif

Pendant longtemps, les particuliers et les entreprises n'étaient pas vraiment incités à se lancer du fait de l'absence de règles claires et d'un intérêt économique limité avec les prix bas de l'électricité et les tarifs attractifs de rachat par EDF du courant produit par les énergies renouvelables.

La loi adoptée le 15 février 2017 a ratifié par le Parlement l’ordonnance du 27 juillet 2016, qui avait pour objet de favoriser l’autoconsommation d’électricité. L’arrêté tarifaire du 9 mai 2017(2) a fixé, pour les installations photovoltaïques en autoconsommation implantées sur bâtiments, un tarif de rachat des surplus d’électricité injectés sur le réseau de 10 centimes d’euros par kWh pour les unités de 9 kWc ou moins (6 c€/kWh pour les autres installations jusqu’à 100 kWc de puissance)(3). Ces tarifs d’achat sont bien inférieurs à ceux prévus dans le cadre d'une revente « totale » de l’électricité produite par une installation photovoltaïque (18,7 c€/kWh pour des installations de moins de 3 kWc sur bâtiment).

Des primes à l’investissement sont également prévues pour les installations en autoconsommation, allant jusqu’à 400 euros par kWc dans le cas de dispositifs de puissance inférieure ou égale à 3 kWc (l'arrêté du 9 mai supprime aussi l’obligation d’intégration au bâti). 

La loi du 24 février 2017(4) a parallèlement apporté un cadre juridique à l’autoconsommation dite « collective », impliquant plusieurs producteurs ou consommateurs, par exemple au sein d’un éco-quartier

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a publié le 21 février 2018 une délibération présentant ses recommandations pour favoriser le développement de l'autoconsommation en France, en assurant à ses acteurs « une rentabilité raisonnable et proportionnée aux bénéfices qu’elle apporte au système électrique dans son ensemble ».

En outre, les procédures d'appels d'offres portant sur les installations de production d'électricité renouvelable en autoconsommation ont été un échec en France.

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