Le GNL nord-américain toujours plus haut...

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Terminal d'exportation de GNL de Golden Pass

Terminal d'exportation de GNL de Golden Pass aux États-Unis, dont la mise en service est prévue à partir du 2e semestre 2024. (©Golden Pass LNG) 

L'Amérique du Nord pourrait plus que doubler ses capacités d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) d'ici 2027 selon l'EIA américaine (Energy Information Administration)(1), alors même que les États-Unis occupent déjà une place centrale sur ce marché.

10 nouveaux projets en service d'ici 2027

Selon les estimations de l'EIA, les capacités d'exportation de GNL de l'Amérique du Nord (l'EIA y inclut le Mexique) pourraient atteindre 24,3 milliards de pieds cubes par jour (Gft3/j) à l'horizon 2027, contre 11,4 Gft3/j à l'heure actuelle, soit une hausse de 113% en seulement quelques années.

Cette hausse considérable est conditionnée à la mise en service de 10 nouveaux projets, dont 5 situés aux États-Unis (Port Arthur, Rio Grande, Plaquemines, Corpus Christi Stage III et Golden Pass, avec une capacité d'exportation cumulée de 9,7 Gft3/j), 2 au Canada (Woodfibre LNG et LNG Canada ; 2,1 Gft3/j) et 2 autres au Mexique (Energia Costa Azul et Fast LNG Altamira/Lakach ; 1,1 Gft3/j).

Capacités d'exportation de GNL de l'Amérique du Nord

Vers une dépendance américaine ?

En octobre 2023, les exportations américaines de GNL ont déjà atteint leur 2e plus haut niveau mensuel (après le mois record d'avril 2023)(2). Et les États-Unis étaient les principaux exportateurs mondiaux de GNL au 1er semestre 2023, devant le Qatar et l'Australie(3).

L'Union européenne a en particulier très fortement augmenté ses importations de GNL provenant des États-Unis : la part du GNL américain dans la consommation de gaz naturel de l'UE est ainsi passée d’environ 5% en 2021 à 20% entre mi-décembre 2022 et mi-février 2023, indiquait en juillet dernier Alexandre Joly, responsable du pôle Energie du cabinet de conseil Carbone 4.

Sources des approvisionnements européens en GNL
Au 4e trimestre 2022, les États-Unis ont compté pour 36% des importations de GNL de l'UE. (©Connaissance des Énergies, d'après Carbone 4)

Ce qui faisait craindre à ce dernier le passage au sein de l'UE « d’une dépendance russe à une dépendance américaine ». Avec un impact important en matière d'émission de gaz à effet de serre : « le gaz américain émet 20% à 45% plus de gaz à effet de serre que le gaz russe au niveau des émissions amont » selon Alexandre Joly, en raison de l'extraction aux États-Unis de gaz de schiste (qui implique la consommation de davantage d'énergie que du gaz conventionnel, du fait des forages horizontaux, de la fracturation hydraulique, etc.), des fuites de méthane et des opérations de liquéfaction du gaz et du transport sur longue distance.

Rappelons par ailleurs que le think tank IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) a alerté fin octobre sur des surcapacités européennes d'importation de GNL à venir, compte tenu des projets de terminaux d'importation et des prévisions de la demande gazière.

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