La Slovaquie s’étend sur près de 49 000 km2, une superficie proche de celle de la région Bourgogne-Franche-Comté . (©Pixabay)
La Slovaquie a fait des « progrès significatifs sur plusieurs fronts de sa politique énergétique », selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui a publié le 19 novembre un rapport spécial consacré à ce pays(1).
Une intensité énergétique en forte baisse
La consommation d’énergie primaire de la Slovaquie varie entre 15 et 20 Mtep par an depuis près d’un demi-siècle (contre 244,3 Mtep en 2016 en France(2)). Les énergies fossiles ont encore compté en 2017 pour près de 64,3% de ce total selon les dernières données de l’AIE (malgré une baisse des consommations de gaz naturel et de charbon de 24% et 17% depuis 2007).
La Slovaquie dépend quasiment exclusivement des importations pour satisfaire ses besoins en pétrole brut et en gaz naturel – en très grande majorité depuis la Russie – et cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement(3). Cette sécurité d’approvisionnement constitue une priorité de la politique énergétique slovaque, le pays ayant fortement investi dans des infrastructures transfrontalières (interconnexion gazière en cours de construction avec la Pologne, oléoduc Adria reliant la seule raffinerie slovaque à la Croatie(4), etc.)
Précisons que ce petit pays de 5,4 millions d’habitants a fortement réduit son intensité énergétique au cours des deux dernières décennies selon l’AIE, grâce à d’importants progrès en matière d’efficacité énergétique dans l’industrie et les bâtiments. Durant la période 1996-2016, le PIB de la Slovaquie a plus que doublé alors que la consommation finale d’énergie du pays est restée relativement stable.
L’AIE souligne en particulier les efforts réalisés pour rénover les bâtiments qui ont permis de réduire la consommation de ce secteur : tout le parc d’immeubles devrait avoir bénéficié d’un « renforcement de l'isolation thermique » d’ici à 2030 selon le rapport de l’Agence. L’AIE appelle en revanche à agir sur les transports, secteur dont les émissions de gaz à effet de serre pourraient augmenter selon les prévisions actuelles, dans un pays connaissant une croissance de plus de 4% par an (en 2018 et 2019)(5).
L’industrie compte à elle seule pour plus de 40% de la consommation finale d’énergie de la Slovaquie. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
En 2016, les émissions slovaques de gaz à effet de serre ont avoisiné 41,1 millions de tonnes d’équivalent CO2 selon l’AIE(6), soit 45% de moins qu’en 1990. Le pays a déjà atteint ses objectifs de réduction des émissions à l'horizon 2020 (hors marché carbone européen) et pourrait encore réduire lesdites émissions, de 23% d’ici à 2020 par rapport au niveau de 2005 avec les mesures existantes, indique l’AIE.
Électricité : la 2e plus forte part de nucléaire au monde après la France
En 2017, l’énergie nucléaire a compté pour près de 57% de la production électrique en Slovaquie. Seule la France dispose d’un mix électrique reposant davantage sur cette énergie (71,6% de nucléaire en 2017). Le parc nucléaire slovaque est actuellement constitué de 4 réacteurs à eau pressurisée (REP, comme les 58 réacteurs du parc nucléaire français) en service, d’une puissance cumulée de 1,94 GW.
La production nucléaire en Slovaquie a débuté à la fin des années 1970 et s’est fortement développée au milieu des années 1980 (dépassant le charbon dans le mix électrique national en 1985) et au début des années 2000. Durant la dernière décennie, elle a ralenti avec l’arrêt de deux anciens réacteurs nucléaires(7).
Deux nouvelles tranches de 470 MW doivent être mises en service au sein de la centrale de Mochovce d’ici l’année prochaine. Notons que la dernière feuille de route énergétique adoptée par la Slovaquie en 2014 prévoit de faire du pays un exportateur net d’électricité (alors que le pays a encore importé 15,5 TWh et exporté 12,5 TWh en 2017), en s’appuyant sur la production nucléaire.
L’énergie hydraulique constitue la 2e source d’électricité de la Slovaquie (17% du mix en 2017, le parc hydroélectrique contribuant au stockage d'électricité avec des STEP), suivie du charbon dont la contribution décline depuis un pic de production dans les années 1980. Il est souligné que la part des énergies fossiles dans le mix électrique slovaque est la 5e plus faible au sein des pays membres de l’AIE(8).
Le nucléaire et l’hydroélectricité comptent à eux deux pour près des trois quarts de la production électrique de la Slovaquie. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)