Le regard de l'Ademe sur l’efficacité énergétique dans l’agriculture en France

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Agriculture et énergie

En France, le « machinisme agricole » (tracteurs, engins automoteurs et véhicules utilitaires) compterait pour 60% de la consommation d’énergie « directe »(1) du secteur agricole. (©Pixabay)

À l’occasion du salon de l’agriculture, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a publié le 28 février une étude sur l’efficacité énergétique(2) dans le secteur agricole français(3). État des lieux.

Rappels sur la consommation d’énergie dans le secteur agricole

En France, le secteur agricole(4) consommerait près de 4,5 Mtep d'énergie par an(5), comptant ainsi pour moins de 3% de la consommation annuelle d’énergie finale du pays selon l’Ademe (donnée portant sur l’année 2015). Près de 75% de cette énergie est consommée sous forme de produits pétroliers (principalement pour les tracteurs et autres engins agricoles), 16% sous forme d’électricité, 6% sous forme de gaz et 3% sous forme d’énergies renouvelables « thermiques » et de déchets.

La facture énergétique du secteur agricole s’élève au niveau national à environ 3,2 milliards d'euros par an selon l'Ademe. À l’échelle d’une exploitation agricole, la facture moyenne serait de 13 000 euros par an(6) pour une consommation énergétique annuelle de 14,5 tep. La consommation d'énergie constitue donc « une charge économique non négligeable », allant en moyenne de 7% à 20% des charges variables des exploitations, selon les productions et les années(7).

Notons qu’il est plus souvent question de « l’impact carbone » de l’agriculture que de son impact énergétique. L’agriculture compterait en effet pour près de 17% des émissions annuelles de gaz à effet de serre de la France (ce qui en fait le 2e secteur émetteur après les transports)(8). Les émissions de protoxyde d’azote (liées à l'usage d’engrais azotés sur les sols) et de méthane (liées notamment aux éructations des ruminants) constituent une grande partie de ces émissions. La consommation d’énergie dans l'agriculture ne serait quant à elle responsable que d'environ 10% des émissions de gaz à effet de serre du secteur.

Des pistes pour « diffuser l’efficacité énergétique » dans l’agriculture

Au cours des 15 dernières années, l’Ademe indique que les efforts d’efficacité énergétique dans l’agriculture ont principalement « consisté à l’accompagnement des investissements pour les équipements économes en énergie » (en particulier dans les serres agricoles et les bâtiments d’élevage), notamment grâce au dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE). Les bonnes pratiques en matière de récupération d’énergie se sont également développées.

Pour améliorer « la diffusion de l’efficacité énergétique en agriculture, il est nécessaire d’agir à la fois sur les changements de comportement et sur les équipements », affirme l’Ademe. L’Agence cite en exemple la formation à la conduite économe des tracteurs et autres engins agricoles, un « bon usage » permettant des réductions « faciles de 10 à 15% de consommation (à ce poste) sans investissement notable ».

L’Ademe appelle également à développer des « pratiques du sol simplifiées » (labour moindre, travail des sols moins en profondeur) et de nouvelles associations de cultures pour réduire les consommations de carburants du secteur(9). Il est recommandé « une massification auprès d'un grand nombre d'agriculteurs » de solutions énergétiques « à faible impact unitaire » et un maintien des dispositifs d'aide à l'investissement. 

Dans son étude, l’Ademe présente deux scénarios prospectifs. Le premier scénario, dit « tendanciel » (« basé sur la diffusion des meilleures technologies disponibles » à l'heure actuelle) pourrait, selon les estimations de l’Agence, permettre de réduire de 17% la consommation d’énergie du secteur agricole en France d’ici à 2035 et de 26% d’ici à 2050 (à production constante).

Le second scénario dit « volontariste » (basé sur les objectifs de la stratégie nationale bas carbone) envisage une réduction de 23% de la consommation du secteur d’ici à 2035 et de 43% d’ici à 2050, sous réserve de modifier plus sensiblement les pratiques agricoles(10).

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