L’OPEP+ poursuit sa stratégie de baisse de l'offre pétrolière

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Champ de pétrole en mer Caspienne

Champ de pétrole en mer Caspienne. (©Lukoil)

Les producteurs de pétrole regroupés au sein de l’OPEP+ se sont réunis le 6 juin par vidéoconférence. État des lieux.

L’OPEP+ prolonge d’un mois sa baisse de production de 9,7 Mb/j

Le 12 avril 2020, les pays de l’OPEP+ avaient convenu de réduire leur production cumulée de 9,7 millions de barils par jour (Mb/j) entre le 1er mai et le 30 juin 2020 par rapport au niveau d'octobre 2018 (sauf pour l'Arabie saoudite et la Russie, pays pour lesquels la production « de référence » était fixée à 11 Mb/j). Le niveau de production de l'OPEP+ devrait être modifié au second semestre 2020, avec une baisse globale revue à 7,7 Mb/j par rapport au niveau de référence (soit une remontée possible de la production de ces pays de 2 Mb/j par rapport aux 2 mois précédents).

Constatant des « signes provisoires de reprise du marché pétrolier »(1), l’OPEP+ a annoncé lors de la nouvelle réunion du 6 juin que sa baisse de production prévue en mai/juin 2020 serait reconduite d’un mois (soit en juillet 2020). Les réductions supplémentaires de l'offre mises en œuvre au mois de juin par l’Arabie saoudite (- 1 Mb/j par rapport à ses engagements), les Émirats arabes unis (- 100 000 b/j), le Koweït (- 80 000 b/j) et Oman (- 10 000 à - 15 000 b/j) ont par ailleurs été saluées par l'OPEP+.

L’OPEP+ s’est par ailleurs accordée sur le principe d’une « compensation pour les pays qui n’ont pas respecté à 100% » jusqu'ici leur quota de production prévu par l’accord du 12 avril, souligne IFP Énergies nouvelles(2). Concrètement, les pays concernés (Irak en tête(3)) devraient « déduire le surplus de production (constaté durant les mois de mai et juin) entre juillet et septembre » : cela permettrait « au total 1 Mb/j de baisse potentielle répartie sur trois mois ».

Un rééquilibrage progressif entre offre et demande sur les marchés pétroliers

La nouvelle annonce de l’OPEP+ « souligne la détermination de l’organisation à assurer la gestion du marché et à soutenir le prix du pétrole », considère IFP Énergies nouvelles. « Si l’accord est respecté, la production OPEP+ baissera d’au moins 0,6 Mb/j supplémentaire au 3e trimestre 2020 par rapport à l’ancien accord(4) » : la demande mondiale de pétrole sur les marchés pourrait être supérieure de 5 Mb/j à la production au 3e trimestre selon les prévisions d'IFP Énergies nouvelles.

Les cours du pétrole connaissent déjà une forte hausse : le prix spot du Brent a augmenté de 13,8% au cours de la première semaine de juin, atteignant en moyenne « 38,3 $/b, niveau équivalent aux prix constatés début mars avant la chute brutale liée au confinement d’une grande partie de la population mondiale ». Le niveau des prix reste toutefois encore faible, alors que les marchés peuvent avoir recours à d'importants stocks de pétrole.

« Sans qu’on puisse préciser la date d’effet, la baisse actuelle des investissements en exploration/production sera probablement de nature à créer, au moins ponctuellement, une pression croissante sur le prix du pétrole », note IFP Énergies nouvelle qui envisage dans ces conditions « une relance, probablement plus prudente en terme de rentabilité que par le passé, des shale oil américains ».

Une prochaine réunion de l’OPEP+ est prévue à Vienne le 1er décembre 2020.

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