La Chine face au changement climatique : « just in time for Paris »?

  • Source : Ifri

En novembre 2014, la Chine a annoncé qu’elle comptait arrêter la progression de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030. Il est à l’heure actuelle peu probable que le pays, premier émetteur mondial de GES, présente des engagements plus ambitieux que ce « pic » d’émissions selon Aurélie Faure-Schuyer et John Seaman. Dans une note en anglais pour le Centre Énergie de l’Ifri qui vient de paraître, ils présentent les différents facteurs allant dans le sens d’un plus grand engagement de la Chine dans la lutte contre le changement climatique ainsi que les freins à cette transition.

La Chine a un réel intérêt économique à ce que les pays prennent des engagements forts lors de la COP21. Le pays a en effet développé des industries compétitives dans le domaine des énergies décarbonées (renouvelables et nucléaire) et des technologies bas-carbone (capture et stockage de CO2, bioénergies, véhicules électriques, etc.). S’ajoute à cet argument économique central les préoccupations croissantes de la population vis-à-vis de la pollution.

La Chine a mis en place sa première stratégie nationale pour lutter contre le changement climatique en 2007. Depuis, la Chine s’est entre autres engagée à réduire l’impact du charbon (responsable de 82% des émissions nationales en 2012) : elle privilégie désormais des centrales plus modernes, notamment supercritiques (ce qui a permis une chute des émissions de CO2/kWh de 6,2% sur la période 2009-2014) et en délocalise par ailleurs d’autres initialement situées en zone urbaine (pour réduire la pollution dans les villes).

Outre ses programmes d’amélioration de l’efficacité énergétique ciblant les industries les plus intensives en énergie, la Chine développe son économie tout entière vers des secteurs moins polluants à forte valeur ajoutée : le secteur des services a ainsi contribué à 46% du PIB chinois en 2013, dépassant la valeur de la production industrielle pour la première fois depuis les années 1960.

En faisant une annonce conjointe avec les États-Unis en novembre 2014 sur ses engagements, la diplomatie chinoise semble vouloir s’impliquer davantage dans les futures négociations, sans se cacher derrière son statut de « pays en développement » comme elle avait pu le faire dans le passé. Dans le même temps, une grande campagne anti-corruption dans le pays, qui a particulièrement touché le secteur énergétique, rend l’environnement politique chinois potentiellement plus instable. Le 16 mai dernier, Laurent Fabius a indiqué que la Chine confirmerait ses engagements « d’ici quelques semaines » en vue de la COP21.

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