La fermeture de Fessenheim : défis et incertitudes

Jacques Percebois – Professeur à l’Université Montpellier I

Professeur émérite à l’Université de Montpellier
Fondateur du CREDEN
Auteur de l’ouvrage « Les prix de l’électricité. Marchés et régulation », Presses des Mines

La décision de fermer la centrale de Fessenheim fin 2018 ou au plus tard début 2019 semble maintenant acquise et elle procède d’un compromis entre l’État et EDF. Les deux parties ont intérêt à ce que l’opération se passe dans de bonnes conditions car c’est un défi pour les deux.

Les défis pour EDF

Il y a trois raisons de fermer une centrale : une raison technique, liée notamment à la sûreté, ceci à la demande de l’ASN ; une raison économique, liée à une perte de compétitivité, en général à l’initiative de l’opérateur (EDF) ; une raison symbolique, liée à un engagement politique des pouvoirs publics. La fermeture de Fessenheim relève principalement de la troisième raison.

Un défi pour EDF sera de procéder au démantèlement de la centrale dans les « meilleurs » délais…

Réduire la part du nucléaire à 50% de l’électricité produite en 2025 est maintenant un objectif reconnu comme irréaliste par le pouvoir politique. La mise en service de l’EPR de Flamanville fin 2018 ou début 2019 permettra à toutes les parties de sauver la face puisque l’on respectera la loi de 2015 qui prévoit de plafonner à 63,2 GWe la puissance nucléaire installée en France : les 1 650 MW de l’EPR se substitueront aux 1 800 MW de Fessenheim (2 réacteurs de 900 MW). Encore faut-il que cette mise en service intervienne bien dans ces délais et c’est là un défi pour EDF. En juin 2018, le premier réacteur EPR chinois de Taishan devrait être opérationnel, ce qui sera une bonne nouvelle pour EDF qui a largement participé à sa construction et détient 30% du capital de l’entreprise franco-chinoise.

Un autre défi pour EDF sera de procéder au démantèlement de la centrale dans les « meilleurs » délais, ce que dit la loi, et surtout dans l’enveloppe financière prévue (350 millions par réacteur, soit de l’ordre de 20 milliards au total pour le parc français, chiffre considéré comme optimiste par beaucoup de spécialistes). Les provisions constituées pour cette opération semblent insuffisantes pour ceux qui contestent « l’effet d’apprentissage » sur lequel compte l’opérateur. La standardisation du parc a certes permis de limiter les coûts unitaires de construction ; il n’est pas certain que cela jouera autant pour le démantèlement et c’est sur les derniers réacteurs démantelés que cet effet pourra se faire sentir, pas sur le prototype.

Quant aux provisions, qui sont aujourd’hui suffisantes sur la base du coût anticipé, elles dépendent aussi du taux d’actualisation retenu et d’aucuns considèrent qu’EDF a opté pour un taux trop élevé (4,3%). Une baisse de ce taux (aux environs de 3,5% à l’instar des autres opérateurs en Belgique, Suède ou Suisse) devrait logiquement entraîner un accroissement des provisions à sécuriser aujourd’hui puisque ces provisions sont réputées fournir des produits financiers futurs à un taux d’intérêt égal à ce taux d’actualisation. Pour disposer d’un capital donné destiné à financer le démantèlement à une échéance future, il faut donc accroître les provisions au départ si le taux de rémunération baisse.

Les défis pour l’État

Le défi pour l’État, c’est de réussir la « régression économique et sociale » du site. La responsabilité du comité de pilotage récemment mis en place par le gouvernement sera de déterminer les coûts microéconomiques et macroéconomiques de cette fermeture et de voir comment les supporter.

Sur le plan financier, il faudra indemniser les opérateurs de la centrale, EDF mais aussi les sociétés étrangères qui disposent de droits de tirage sur la production de Fessenheim. A la fermeture, EDF percevra un peu moins de 500 millions d’euros, comme le prévoit un protocole signé en avril 2017. A cela s’ajoutera une indemnité en fonction du « manque à gagner » pour l’opérateur, en termes de MWh non produits, et c’est là que les choses vont se compliquer. Logiquement il faut calculer le volume de MWh que la centrale aurait produit sur les dix, quinze ou vingt ans de fonctionnement où elle aurait encore pu être opérationnelle, multiplier ce montant par un prix du MWh et déduire les coûts variables de fonctionnement mais aussi les coûts fixes de prolongation qu’EDF aura économisé en la fermant, le tout actualisé à un taux qui pourrait être celui du WACC (Weighted average cost of capital)(1).

Faut-il retenir le volume de production d’une année « normale », comme par exemple 2016 au cours de laquelle la centrale a produit 8,4 TWh (8,4 milliards de kWh), ou celui de 2017, sensiblement plus faible du fait de l’arrêt d’un réacteur (en 2017, la centrale n’a fourni que 1% de l’électricité française contre plus de 2,2% en moyenne les années précédentes) ? Rappelons que depuis 1977, date de sa mise en service, la centrale de Fessenheim a produit en quantité cumulée sur quarante ans un volume d’électricité un peu supérieur à la production totale annuelle des 58 réacteurs français, ce qui est une bonne performance.

Le vrai défi pour les pouvoirs publics sera celui de l’emploi et du manque à gagner pour les collectivités locales qui perçoivent des recettes fiscales…

Quel prix de vente du MWh retenir dans les calculs ? Celui du prix actuel du marché de gros (de l’ordre de 35 à 40 €/MWh), celui de l’ARENH (42 €/MWh) ou un prix futur à déterminer par consensus ? Comment va évoluer le prix du marché de gros de l’électricité ? Nul ne peut le dire avec précision. Quel « coût évité » pour le fonctionnement ? Faut-il retenir le « coût cash » annoncé par EDF (33 €/MWh), en sachant que ce coût comprend déjà le coût du grand carénage prévu par l’opérateur ? Quel niveau retenir pour ce « coût évité » lié à la prolongation de la durée de fonctionnement de cette centrale si on ne retient pas le « coût cash » ? Faut-il retenir le chiffre de 45 milliards annoncé par EDF et le diviser par 58 pour obtenir un coût par réacteur (un peu moins de 800 millions d’euros par réacteur)? Là encore certains contestent les chiffres annoncés. Il faudra indemniser EDF mais aussi le groupe allemand EnBW qui détient 17,5% de la production de la centrale et le consortium suisse CNP qui regroupe Alpiq, Axpo et BKW, et qui détient 15% de la production.

Mais le vrai défi pour les pouvoirs publics sera celui de l’emploi et du manque à gagner pour les collectivités locales qui perçoivent des recettes fiscales liées à l’activité de la centrale. L’inquiétude ne porte pas principalement sur l’emploi des salariés de la centrale (environ 800), qui disposent d’un statut protecteur pour la plupart et qui pourront être affectés sur d’autres sites. Elle porte avant tout sur l’emploi des sous-traitants (emplois indirects) et sur les emplois induits, c’est-à-dire les emplois des entreprises ou commerces qui vivent de la présence de cette centrale (environ 1 200 au total).

La « régression » des charbonnages opérée en France entre 1960 (date du discours de Jean-Marcel Jeanneney annonçant devant le Sénat la fermeture programmée des mines de charbon) et 2004 (date de la fermeture de la Houve, dernière mine de charbon encore en activité(2)) a montré qu’il n’était pas facile de créer ex nihilo de nouvelles activités sur un site industriel que l’on ferme, d’autant que, dans le cas du charbon, la régression concomitante du textile a compliqué les choses. On peut espérer que, dans le cas de Fessenheim, d’autres activités énergétiques (notamment dans les renouvelables) pourront prendre le relais mais sans doute pas au même niveau.

Les retombées fiscales de Fessenheim sont également loin d’être négligeables pour les collectivités locales de la région : près de 48 millions d’euros chaque année. Il faudra trouver des compensations, ce qui n’est pas facile non plus.

Au-delà de Fessenheim… la PPE

La fermeture de Fessenheim s’inscrit dans un contexte plus général qui est celui de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) dont les travaux de révision ont commencé en 2018, lesquels vont devoir aborder plusieurs questions stratégiques qui sont autant d’incertitudes : l’évolution de la demande d’électricité en France, celle du prix du pétrole et par ricochet du prix du gaz, l’évolution attendue de la taxe carbone, le devenir de la filière EPR, celui de la filière « Génération IV » et bien sûr les perspectives pour le cycle du combustible nucléaire (cycle ouvert ou fermé).

Selon les cas, la part du nucléaire dans la production d’électricité devrait s’établir entre 46 et 56% à cet horizon 2035.

La part du nucléaire demain sera sensible à l’évolution observée de la demande d’électricité. Le gestionnaire du réseau de transport (RTE) a élaboré plusieurs scénarios et, selon les cas, la demande d’électricité devrait rester stable ou chuter de 20% à l’horizon 2035. La pénétration du véhicule électrique et le développement de nouveaux usages électriques (objets connectés) sera compensée, voire plus que compensée, par les mesures d’efficacité énergétique. Un scénario d’augmentation de la demande ne fait pas partie des hypothèses (ce que certains trouveront discutable). Dès lors, selon les cas, la part du nucléaire dans la production d’électricité devrait s’établir entre 46 et 56% à cet horizon 2035.

Une augmentation sensible du prix du CO2 sur le marché européen des quotas (ETS) devrait accélérer la fermeture des centrales à charbon, partout en Europe et notamment en Allemagne, et cela pourrait justifier de maintenir en activité davantage de centrales nucléaires françaises à des fins d’exportation. De même une augmentation du prix du pétrole, donc du prix du gaz qui lui est partiellement corrélé, incitera à ne pas fermer trop vite ou à prolonger les centrales nucléaires. A l’inverse, une chute des prix du gaz, grâce aux importations de GNL américain et à une « guerre des prix » entre fournisseurs russes et américains, aura tendance à accélérer la fermeture des réacteurs nucléaires car l’électricité thermique produite dans les centrales à gaz à cycle combiné redeviendrait très compétitive, comme on le constate aujourd’hui aux États-Unis. Mais cette chute des prix du pétrole et du gaz n’aura pas le même impact si, dans un tel contexte, les États européens optent pour un prix élevé du carbone, notamment en réformant profondément le marché ETS via le mécanisme dit de « réserve de stabilité ».

La construction de nouveaux réacteurs nucléaires du type EPR « nouveau » est aussi une solution envisageable pour remplacer demain les réacteurs dont on ne veut pas prolonger la durée de fonctionnement. Ce serait une façon pour la France de conquérir de nouveaux marchés, en Asie notamment. Il suffit de regarder le programme ambitieux de construction de réacteurs de 3e génération en Chine(3)...

Quid de la Génération IV et du cycle du combustible ?

A plus long terme, c’est le devenir du projet Astrid (réacteur de génération IV) qui est en jeu et indirectement celui du cycle du combustible. Le retraitement-recyclage des déchets (cycle fermé) à l’usine de La Hague n’a de sens à long terme que si le plutonium récupéré n’est pas un déchet mais devient un combustible comme avec le MOX, et c’est l’intérêt d’Astrid qui peut valoriser ce sous-produit. D’autant que ces réacteurs nouveaux peuvent aussi fonctionner en mode « sous-générateur » et épuiser ainsi le stock de plutonium accumulé lorsque l’on décidera de les arrêter. A défaut il faut choisir le « cycle ouvert » et stocker en l’état les déchets produits.

Derrière la fermeture de Fessenheim, c’est plus fondamentalement le choix du nucléaire futur qui se discute aujourd’hui…

Certes la mise au point de ce prototype de 4e génération est d’une urgence moindre si l’on choisit de construire des réacteurs de 3e génération de type EPR « nouveau », comme semble d’ailleurs le préférer EDF. Mais certains pays ont d’ambitieux projets de développement de la génération IV (Russie, Chine) et il serait souhaitable que la France ne reste pas en dehors de la compétition, d’autant que de nouveaux accords de coopération ont été conclus récemment avec la Russie dans ce domaine.

Comme on le voit, derrière la fermeture de Fessenheim, c’est plus fondamentalement le choix du nucléaire futur qui se discute aujourd’hui et la lancinante question sur le nombre de réacteurs à fermer, à prolonger ou à construire n’a pas fini d’occuper le débat public dans un contexte où les risques environnementaux sont au cœur des inquiétudes des citoyens. Certains voudraient voir dans la fermeture de Fessenheim les prémices de l’abandon du nucléaire en France tandis que d’autres y voient une opportunité pour stabiliser sur le long terme la place de ce nucléaire.

Sources / Notes

  1. « Coût moyen pondéré du capital » (CMPC) en français.
  2. Il a fallu 40 ans pour réaliser totalement la « régression » du charbon en France; se reporter à l’ouvrage de Jean-Pierre Hansen et Jacques Percebois « Transition(s) électrique(s); ce que l’Europe et le marché n’ont pas su vous dire» (Éditions Odile Jacob, 2017).
  3. La Chine exploite actuellement 38 réacteurs et 19 sont en construction, ce qui fera demain un parc de 57 réacteurs (soit une tranche de moins que le parc français) ; mais les ambitions de la Chine sont de porter la puissance nucléaire installée à 130 GW en 2030. Le marché potentiel est donc énorme. Certes ces réacteurs seront de plus en plus de conception chinoise mais les opérateurs français demeurent encore bien positionnés, que ce soit dans la construction des centrales (avec EDF-Framatome) ou dans le cycle du combustible (avec Orano, ex New Areva). D’autant que la Chine veut se positionner aussi sur le retraitement-recyclage des déchets et elle compte sur la collaboration des opérateurs français.

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Commentaire

Lacote
Pas besoin d'indemniser les opérateurs de la centrale, les sociétés étrangères allemandes et suisses. Elles ont renoncé à leur dédomagement.
BONNET
Les priorités du gouvernement sont : la lutte contre le réchauffement climatique, le développement de l’emploi, la réduction du déficit public, la réduction du déficit de la balance commerciale Le fermeture de Fessenheim a exactement un effet contraire à ces 4 priorités. Alors pourquoi ? Quand le politique fait le contraire de sa politique, c'est quoi ? Affligeant. Quand est-ce que le bon sens s'imposera.
BXM
j'allais le dire....mais pourquoi les média ne pointent-ils pas du doigt ces incohérences ?
André HATZ
Courant 2017 les sociétés suisses et allemande ont dénoncé le contrat avec EDF au 31 décembre 2017 : ainsi, elles perdent leur "droit de tirage" mais se mettent surtout à l'abri de devoir continuer d'alimenter ce puits sans fond que représente la centrale nucléaire grabataire de Fessenheim. Je tiens par ailleurs à votre disposition une lettre de juin 2017, émanant du Ministère de l'Environnement du Bade wurtemberg qui affirme qu'aucune indemnité ne sera demandé par la partie allemande, car l'Allemagne espère une fermeture rapide de Fessenheim en raison des graves risques qu'elle fait peser sur les populations. Le réacteur 1 est piloté en "mode dégradé" et souvent en dysfonctionnement, le réacteur 2 arrêté depuis plus de 19 mois (13.6.2016) et la VD4 désormais exclue (CLIS du 28.11.2017). Cette centrale est largement déficitaire, on peut le prouver. Les 490 M€ (argent public) calculés sur l'hypothèse d'une "fermeture anticipé" constituent une tromperie, cet argent doit aller à la reconversion du territoire, aux salariés les plus précaires, mais pas à EDF qui, de toute manière, ne peut plus faire fonctionner cet INB en totale sécurité. Enfin, il faut rappeler que la fermeture de Fessenheim (1760 MW et non pas 1800) est un PRÉALABLE au chargement du combustible dans l'EPR de Flamanville, simple application de la loi : en quoi ceci générerait-il une indemnisation de quiconque ? La centrale de Fessenheim est dangereuse pour la SÉCURITÉ (ce qui dépasse la sûreté) et sa mise à l'arrêt définitif est urgente. Depuis plus de 5 ans déjà les associations ont fait des propositions de reconversion au Gouvernement, pendant que les élus du microcosme local ont cultivé... le déni !
Raymond Berthou
L’ASN c’est prononcée sur la sûreté de la centrale de Fessenheim. Elle peut encore fonctionner 10 ans a minima. La sécurité y est assurée sur place par un peloton de la gendarmerie nationale, le PSIG. Toutes les industries à risques n’en bénéficient pas. C’est EDF qui paie. Concernant les attaques aériennes, une partie concerne l’armée de l’air, comme la protection des villes été autres. Pour le reste, le secret défense existe et cela vous embête ça vous aimeriez tout étaler sur la place publique pour le rendre inopérant. Puisque vous avez des affinités avec le ministère de l’environnement du Bade Wurtenberg, profitez en pour réclamer l’arrêt de toutes leurs centrales à charbon et lignite qui elles, polluent et tuent plusieurs milliers de personnes par an et participent au réchauffement climatique.
Leygonie
Vous avez raison mais citer l'Allemagne en exemple de réussite de la protection de la la planète est tellement plus "Glamour" ...Peu importe que ce pays se débatte avec des risques de black out et la nécessité de réduire ses émissions de GES malgré des investissements énormes dans les ENR. Seul le rêve "écolgiste" compte.
JOSSERAND
La gendarmerie nous protège contre l'accident oules fuites ? Je suis rassuré !
BONNASSIEUX
Effectivement l'Allemagne est loin d'être un exemple, savez vous que grace au nucléaire Français, la Suisse peut faire du pompage dans ses barrages et ensuite revendre l'électricité aux Allemands pour couvrir leurs pointes. Il y a une urgence climatique à réduire notre CO2 et l'Allemagne s'en moque avec son lignite qui n'est qu'un charbon de mauvaise qualité... Pour info un paysan Péruvien Saul Luciano à décidé d’attaquer en justice le conglomérat allemand RWE au motif qu’il est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète. En cause la fonte des glaciers andins qui menace d'engloutir un ville de 100 000 habitants... Pour mémoire le nombre morts "nucléaire" est <<< moindres que celui des morts dans les mines de charbon. depuis 60 ans.
AYMERIC
Vos arguments ne sont pas convaincants. Que pensez vous de la centrale Suisse de BEZNAU et de celle de Philippsburg en Allemagne ?
FLUCHERE JEAN
Monsieur André Hatz, Vous êtes vraiment très influencé par le discours hystérique allemand. La centrale nucléaire de Fessenheim est sûre comme le confirme l'ASN, propre, produit un MWh bon marché car complètement amorti et créatrice de 2 200 emplois de haut niveau de qualification.
jenny lucien -…
La rentabilité de Fessenheim est-elle une légende ? Voir la PJ /Users/jenny/Desktop/ Rentabilité 2017 FSH.jpeg
jenny
FESSENHEIM : la centrale nucléaire déficitaire En compilant les données de RTE et les prix du marché de gros EPEX-Spot, voilà ci-après des résultats très factuels : Production 2017 : - FSH1 + 5,807 TWH (sur une production d’environ 500 TWH en France). - FSH2 - 0,285 TWH (consommation pompes, annexes, etc.). Moins la rétrocession due à nos partenaires Allemands et Suisses : 32,5 % soit 1,853 TWH. Soit un total à vendre de 5 807 000 - 285 530 - 1 853 629 = 3 667 841 MWH. 3 667 841 35 x 35 € (*) = 128 374 435.- € Soit seulement 128 millions d’€ de chiffre d’affaires. D'après le rapport Syndex (Comité d’Entreprise de FSH), les charges en 2011 donnaient déjà pour les seuls achats extérieurs et sous-traitance : 135 millions d’€. Ces seuls postes de dépenses en 2011 ne sont même pas couverts par le chiffre d’affaires 2017 ! D’autres dépenses manquent (chiffres 2011, en 2017 c’est certainement plus) : - Les salaires des 734 employés EDF (61 millions d’€). - Les impôts et taxes (49 millions d’€). - Les amortissements résiduels (Post-Fukushima, grand carénage, etc.). - L’achat du combustible (environ 20 % des dépenses d’exploitation). - Les frais et charges de fonctionnement comme toutes les entreprises. - Les coûts centraux et supports. - Les provisions pour démantèlement. - Les provisions pour stockage des déchets. - Les charges externes liées à la surveillance, gardiennage, …… - Les consommations externes. - Etc. Certains disaient de Fessenheim « c’est une machine à cash » Ce faisant, ils confondaient allègrement le chiffre d’affaires et le bénéfice ! Cela fait des années que Fessenheim est en déficit mais … En 2017, c’est surtout un très gros déficit. * prix de gros moyen en € du MWH en 2017 en France (En Allemagne c’est en-dessous de 30 € ?)
BONNASSIEUX
Bon en 2016, c'était 8.4 TWh çà mets un peu de beurre dans les épinards. Il n'ont pas trop a se plaindre les employés d'EDF 80000€ c'est correct pour 35 heures..!
Leygonie
Pauvres agents EDF ils voudraient bien toucher ce que vous dites que même le directeur de la centrale ne touche pas...Pourquoi ne pas parler du prix de l'électricité en FRance? Parce qu'il est le plus bas hormis celui de la Norvège en quasi totalité d'origine hydraulique? Casser un des plus beaux atouts industriels du pays ce serait intelligent?
Raymond Berthou
C’est fou ce que le nucléaire peut transformer de simples citoyens en experts comptable, scientifiques, spécialistes de la sécurité anti terroristes, anti aérien et autre... Si toutes ces compétences s’associaient pour construire des ENR, inventer le stockage long terme de l’électricité... À côté de ça on’arrete des Centrales qui fonctionnent correctement, on subventionne des ENR qui ne produisent pas grand chose et on encense un pays qui etouffe l’europe avec ses centrales à charbon. Dommage car vraiment on ne peut pas les prendre au sérieux mais croient ils vraiment à ce qu’ils avancent?
JOSSERAND
C'est sûr ! Muselons les oppositions. Faisons taire ses empêcheurs de tourner en rond. Arrêtons tous les écolos, envoyons les en centre de redressement et instaurons un pouvoir fort débarrassé de toute critique !
I. Lucas
L'exercice de Jenny présente des biais multiples : tout d'abord il y a partage avec les autres actionnaires des recettes .... et des dépenses! il aurait mieux valu se baser sur le facteur de charge moyen de la centrale qui est donné par l'AIEA https://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/ReactorDetails.aspx?current=163 il est respectivement de 68,5% et 66,7% pour les tranches 1 et 2 soit en moyenne 67,6% la production moyenne annuelle a été de 10,7 TWh et non 5,8 TWh ensuite la production nucléaire est dispatchables donc elle est plus importante quand les prix sont élevés et plus faible quand ils sont bas ; le prix moyen de vente est un peu supérieur à la moyenne des prix sur le marché de gros au lieu de 35€/MWh il faut prendre 39€/MWh ensuite les dépenses citées pour 2011 comprennent le changement de générateur de vapeur de la tranche 2 (dont un générateur de vapeur présenté une non conformité qui a entrainé l'arrêt de la tranche en 2017) etc etc
François Cordelle
Raisonnons avec un peu de pragmatisme, à partir de données concrètes : - Fessenheim est une centrale de 1800 MW qui a montré qu’elle peut produire 12,6 TWh par an, qui a fait l’objet de travaux dits de « grand carénage » et « post Fukushima » en vue d’obtenir des autorités de sûreté l’autorisation d’une prolongation de fonctionnement de 10 ans. Cette autorisation est obtenue. - Du point de vue puissance, 1800 MW de puissance garantie manqueront en période de forte charge puisque depuis plusieurs années déjà, nous importons de l’électricité d’Allemagne (à partir de charbon ou,pire, de lignite). Le climat en pâtira, la France recevra sa part de pollution des centrales allemandes, et sera d’autant plus dépendante de l’Europe. - Du point de vue énergie, il y tout intérêt à produire le maximum, sachant que toute l’énergie productible qui ne serait pas produite proviendra d’une autre centrale d’Europe à partir du charbon, au détriment du climat. Si la France produit plus qu‘elle ne consomme, elle doit exporter son excédent, pour le bien du climat et au bénéfice de la balance de nos échanges commerciaux. - Le prix de revient de l’électricité produite par Fessenheim est un prix marginal bas puisque l’investissement initial est amorti, que la part financière du « combustible » (de la mine au stockage des déchets) est très faible (de l’ordre de 15%), et que le démantèlement, provisionné, n’est pas supérieur. Une centrale nucléaire n’est que peu sujette à l’obsolescence, mais toutefois pas au point d’une centrale hydraulique qui elle, ne la connaît pas du tout. - Du point de vue économique et social, il ne faut pas négliger ce qu’ont apporté et apportent localement l’implantation et l’exploitation de la centrale nucléaire à Fessenheim. En conclusion, de quelque point de vue que ce soit, lutte contre le réchauffement climatique, sûreté, garantie de la puissance, coût de l’énergie, financier, balance des paiements, tout milite en faveur du maintien en service de la centrale en plus de l’intérêt que cela représente pour le climat, puisque cela permet de produire 21,6 TWh d’électricité en économisant 21,6 millions de tonnes de CO² par an ! Et c’est l’objectif que notre Président a désigné comme le plus urgent. Plus généralement, toute action visant à réduire la production des centrales nucléaires se révèle être un péché grave vis-à-vis du climat ; elle ne peut être que le « fait du Prince », ce qu’était la promesse du candidat François Hollande, sans raison valable. On a parlé d’installer une usine de production de voitures électriques à la place de la centrale ! C’est méconnaître le fait qu’un démantèlement dure très longtemps. Mais si on le voulait, entre les deux centrales, hydraulique et nucléaire, il y aurait parfaitement la place pour réaliser des usines, par exemple de voitures électriques, ou pour faire de l’électricité !
LOMBLED
Le baratin c'est la spécialité française. La fermeture de cette centrale est tout simplement une affaire politico-ecologique. Cette centrale pouvait continuer à produire pour le plus grand bien de notre fourniture électrique non polluante.

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