World Energy Outlook : l’énergie et la pollution de l’air

  • Source : AIE

La production et l’utilisation d’énergie seraient responsables de 85% des émissions de particules fines et de la quasi-totalité de celles d’oxydes de soufre et d’azote qui constituent à eux trois les principaux responsables de la pollution atmosphérique. La mauvaise qualité de l’air induite par ces émissions provoquerait près de 6,5 millions de décès « prématurés(1) » par an(2) selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ce qui la place en 4e position des menaces les plus importantes pour la santé humaine(3).

Ce rapport spécial du World Energy Outlook publié fin juin 2016 par l’AIE est le premier consacré aux liens entre l’énergie, la pollution atmosphérique et la santé. Outre les causes et effets de cette pollution, l’AIE présente des pistes dans le secteur de l’énergie pour mieux traiter cette problématique.

La pauvreté dans les pays d’Asie et d’Afrique subsaharienne est un facteur central des émissions de polluants : la combustion incomplète de biomasse pour la cuisson y est responsable de plus de la moitié des particules fines. Près de 3,5 millions de décès prématurés seraient dus à cette « pauvreté énergétique » (qui inclut également les émissions liés à l’usage de kérosène pour l’éclairage) selon l’AIE, soit davantage que le nombre de décès imputés à la pollution de l’air « extérieur » (3 millions dont près d’un tiers en Chine). Cette dernière est en grande partie imputable au développement « gourmand en combustibles fossiles » : la combustion de charbon compterait notamment en 2015 pour 43% des émissions mondiales de dioxyde de soufre qui sont à l’origine de maladies respiratoires.

L’AIE reconnaît une meilleure prise de conscience en matière de pollution atmosphérique, notamment après la COP21, mais l’utilisation de combustibles devraient, selon son scénario « tendanciel », continuer à augmenter afin de satisfaire une hausse d’un tiers de la demande mondiale d’énergie prévue par l’Agence d’ici à 2040. Dans le même temps, les émissions mondiales de particules fines pourraient baisser de 7%, celles de dioxydes d’azote de 10% et celles de dioxydes d’azote de 20% à cet horizon, grâce notamment à la mise en œuvre de technologies de contrôle de la qualité de l’air et d’un recours à des énergies moins carbonées (y compris en substituant par exemple du gaz naturel à d’autres combustibles comme la biomasse).

Pour autant, le nombre de décès « prématurés » attribuables à la pollution de l’air pourrait continuer d’augmenter, compte tenu des tendances démographiques régionales. Pour infléchir cette tendance, l’AIE présente un scénario visant à faire baisser les émissions de polluants et le nombre de décès associés de plus de 50% par rapport au scénario principal retenu.

Ce scénario dit « Clean Air » inclut notamment des actions pour améliorer les modes de cuisson, la mise en place de limites strictes applicables aux grandes installations de combustion et aux véhicules ou encore un soutien accru aux énergies renouvelables non issues de la combustion. Ce scénario entraînerait, selon l’AIE, une hausse totale de 7% des investissements dans le secteur de l’énergie mais éviterait près de 3 millions de décès prématurés liés à la pollution atmosphérique en 2040. Il présenterait par ailleurs de nombreux autres bénéfices, notamment en matière d’accès à l’énergie et de lutte contre le réchauffement climatique (avec l’atteinte d’un « pic » mondial des émissions de CO2) qui dépasseraient « très largement les sommes investies ».

Lire l'étude :
Énergie et pollution de l'air
Sources / Notes
  1. Il existe un certain flou autour de ce concept de morts « prématurées ». Ces dernières sont ici définies ici comme des morts attribuables à un risque qui seraient « évitables si ce risque était éliminé ». Toutes les morts sont considérées de façon « égale », indépendamment de l’âge des victimes.
  2. Dont 3,5 millions de décès prématurés dus à l’usage de biomasse pour la cuisson et de kérosène pour l’éclairage et 3 autres millions dus à la pollution de l’air extérieur, principalement dans les villes.
  3. Après la tension artérielle élevée, les risques liés à l’alimentation et au tabac, toujours selon l’AIE.

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