Accès à l’énergie : un rythme insuffisant, ralenti par l’épidémie de Covid-19

parue le
Accès à l'énergie dans le monde

La pandémie de Covid-19 a « inversé les progrès récents vers l’accès universel à l’électricité et à des moyens de cuisson non polluants », selon Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE. (©Pixabay)

La pandémie de Covid-19 a « largement contribué à ralentir les progrès vers un accès universel à l’énergie », déplorent 5 organisations internationales (Département des Affaires économiques et sociales des Nations unies, AIE, Banque mondiale, Irena et OMS) dans leur rapport annuel sur le sujet(1) publié le 1er juin. État des lieux. 

Les objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 de l’ONU

Pour rappel, l'ONU mentionne 17 Objectifs de développement durable (ODD ou SDG en anglais) dans son Agenda 2030. Le 7e de ces 17 Objectifs fixe pour ambition d’assurer, à l’horizon 2030, « l’accès de tous à des services énergétiques fiables et modernes, à un coût abordable », à accroître « nettement » la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial en augmentant la coopération internationale dans ce domaine et à « doubler les progrès en matière d’efficacité énergétique ».

Sur la base des dernières données disponibles, le « Tracking SDG7 : The Energy Progress Report 2022 » déplore que « le monde n'est pas sur la bonne voie » pour atteindre ces différents objectifs. Les progrès en matière d’accès à l’électricité et à des moyens de cuisson « non polluants » ont en particulier ralenti, notamment à la suite de l’épidémie de Covid-19.

Accès à l’électricité : 91% de la population en 2020

En 2020, 91% de la population mondiale avait accès à l’électricité, ce qui laisse près de « 733 millions de personnes en étant dépourvues » (contre 1,2 milliard de personnes en 2010). Près de 77% des personnes sans accès à l’électricité dans le monde habitent en Afrique subsaharienne (568 millions de personnes, dont 92 millions au Nigéria et 72 millions au Congo, les deux pays affichant « le plus grand déficit »).

Carte de l'accès à l'électricité dans le monde en 2020

Le rythme de l’électrification a ralenti ces dernières années. Ce sont en particulier « les pays les vulnérables et ceux qui étaient déjà à la traîne en matière d’accès à l’énergie qui ont été les plus touchés » par l’épidémie de Covid-19. Et les nouvelles populations ayant accès à l’électricité sont confrontées à de nouvelles difficultés, renforcées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie avec la flambée des prix de l'énergie : « près de 90 millions de personnes en Asie et en Afrique pour lesquels l’accès à l’électricité était devenu une réalité, se retrouvent dans l’impossibilité de payer leur consommation énergétique de base », précise le rapport.

Sur les bases actuelles, les organisations internationales estiment que près de 670 millions de personnes pourraient rester sans accès à l’électricité en 2030 (ce qui pourrait alors correspondre à environ 8% de la population mondiale), « soit 10 millions de plus que l’estimation établie l’an dernier », souligne l’ONU. Compte tenu de la croissance démographique, le nouveau rapport estime qu’il faudrait « réaliser 100 millions de nouvelles connexions par an » pour espérer atteindre l’objectif d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030.

Encore un tiers de la population mondiale dépourvue de moyens de cuisson « non polluants »

Près de 2,4 milliards de personnes, soit environ un tiers de la population mondiale, étaient encore dépourvues de moyens de cuisson non polluants en 2020 (contre 3 milliards de personnes en 2010), selon le « Tracking SDG7 : The Energy Progress Report 2022 ». Par rapport à 2019, « 70 millions de personnes supplémentaires peuvent désormais cuisiner avec des combustibles et technologies non polluants, mais il s’agit d’une avancée insuffisante compte tenu de la croissance de la population, en particulier en Afrique subsaharienne ».

Selon les projections actuelles, le nombre de personnes dépourvues de moyens de cuisson non polluants pourrait être réduit à 2,1 milliards à l’horizon 2030, à moins que des efforts conséquents soient entrepris partout dans le monde.

Sur le même sujet