- Connaissance des Énergies avec AFP
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Files d'attente interminables aux stations-service, pénuries d'électricité : le blocus imposé par les jihadistes du JNIM depuis septembre sur les convois de carburant continue de gripper l'économie malienne jusque dans la capitale, alors que le groupe menace d'intensifier son action.
Plus de citernes entrent dans Bamako
"Je suis là depuis hier soir", se lamente vendredi un Bamakois à une station-service, parlant sous anonymat en raison du contexte sécuritaire. "On nous dit que les citernes entrent, c'est annoncé sur les réseaux sociaux, mais quasiment toutes les stations sont vides".
À Bamako, de nombreuses stations-service sont toujours fermées et l'accès à l'électricité s'est encore dégradé cette semaine. Certains quartiers ne sont fournis que trois heures par jour, a constaté un journaliste de l'AFP.
Jeudi soir, le ministre de l'Industrie et du Commerce a pourtant assuré que plus de citernes de carburant entraient dans Bamako qu'avant la crise.
"Il y a du carburant, seulement les procédures administratives se sont alourdies", a affirmé à l'AFP un responsable de la Direction du commerce, qui assure que 120 camions-citernes sont en attente de formalités.
Plus de 2 000 containers bloqués au port de Dakar
Les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, ont menacé mardi dans une vidéo de propagande d'intensifier le blocus contre Bamako, affirmant que désormais tous les chauffeurs de camions-citernes seraient considérés comme des "cibles militaires".
Deux jours plus tard, ils ont exhorté les ONG locales et internationales, les entreprises et les associations étudiantes à se "lever" contre la junte au pouvoir. "Je passe plus de temps à chercher de l'essence qu'à transporter des clients", peste un chauffeur de taxi à Bamako qui doit se fournir sur le marché noir, trois fois plus cher, pour pouvoir rouler.
Certains points d'approvisionnement dans la capitale sont réservés exclusivement aux missions diplomatiques et consulaires, selon une source diplomatique.
La situation reste plus difficile dans le reste du pays, où plusieurs localités du sud et du centre sont sous blocus jihadiste et où les convois de carburant tardent à arriver. Un habitant de Mopti (centre) raconte à l'AFP qu'il n'y a plus ni carburant ni électricité depuis un mois. "Quelques citernes sont arrivées la semaine dernière, mais elles sont destinées uniquement à l'armée", explique-t-il.
Lors d'une visite au Sénégal cette semaine, Madina Cissoko, ministre malien des transports, a annoncé que "plus de 2 000 containers (sont) bloqués au port de Dakar" en raison de la dégradation sécuritaire sur les routes approvisionnant le Mali.
Face à la dégradation de la situation, plusieurs pays dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, ont annoncé le retrait de leur personnel non essentiel du Mali, et de nombreuses ambassades ont demandé à leurs ressortissants de quitter le territoire.
Opérations humanitaires ralenties
Mi-novembre, le bureau de l'ONU chargé des affaires humanitaires a annoncé que "les difficultés d'approvisionnement en carburant ont fortement ralenti les interventions dans plusieurs régions du centre et du sud du pays."
"Les vols humanitaires sont suspendus depuis début novembre faute de carburant suffisant", abonde une source diplomatique.
Lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies à New York (États-Unis) mardi, l'ambassadeur du Mali à l'ONU, Issa Konfourou, a déclaré que son pays est "entièrement disposé à la coopération avec les pays de la région et l'ensemble des partenaires qui le souhaitent".
En janvier dernier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d'État, ont quitté la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), après avoir formé à eux trois l'Alliance des États du Sahel (AES) pour lutter contre la menace jihadiste.