- Source : Jean-Louis Caffier
La critique de Jean-Louis Caffier
Cet ouvrage original est présenté dans la catégorie « Science-fiction », mais ne vous attendez pas à voir des petits hommes verts frapper à votre porte et surtout pas à embarquer vers une galaxie située approximativement à quelques milliers d’années-lumière de notre bonne vieille Terre. Non, ici le temps et les distances se retrouvent dans un espace beaucoup plus petit mais pas moins passionnant : la Terre et les 30 à 150 années qui se présentent à nous et qui sont à imaginer.
Le résultat très séduisant est le fruit d’un travail inédit entre auteurs de science-fiction et ingénieurs d’EDF qui ont eu à leur disposition les techniques en cours et leurs évolutions. La règle, c’était : la décarbonation est terminée, alors qu’est ce qu’on fait ?
Cela nous donne huit nouvelles et une bande dessinée dont les décors sont le monde d’après. Et à travers ces nouvelles, ce sont toutes les questions qui se posent dans cette énorme transition qui est celle de l’énergie.
Ces histoires ont une autre grande qualité : elles sont plausibles. Elles nous permettent d’enfiler le costume de tous les héros du défi énergétique. Oui, nous sommes agronome dans le marais poitevin, chercheur d’hydrogène dans le Lubéron, patron d'un bar dans le Var, sans aucun client mais subventionné par la Région pour maintenir la vie du village, motard obligé de trahir sa bande pour adopter le moteur électrique...
Trois questions à Romain Lucazeau (co-auteur et direction d’ouvrage)
Quelle était l’idée de base de ce livre ?
Nous allons vers une décarbonation massive de l’énergie et donc de l’économie. Le travail avec les ingénieurs d’EDF était de se focaliser sur ce que sera la vie après la décarbonation car on est loin d’en percevoir toutes les implications. Même chez EDF, c’est compliqué à raconter, le futur.
Il y a beaucoup d’intelligence artificielle dans ces nouvelles. L’IA sera un futur auteur ?
Pas du tout ! Le métier d’écrivain, ce n’est pas seulement raconter une histoire, c’est aussi raconter une histoire dont l’écrivain lui même est partie prenante. Et se pose la question du rapport entre deux humains, le lecteur et l’auteur et donc, ça ne peut pas s’automatiser.
L’énergie est un sujet central et un immense défi. Et pourtant sa place dans le débat public est mineure. Pourquoi ?
C’est un sujet terriblement technique. Le public ne s’intéresse qu’au prix. Quand on regarde la science-fiction, on se rend compte que tous les écrivains de SF ont traité la question d’une manière ou d’une autre. C’est un sujet clé mais il est exceptionnellement difficile à traiter.
En plus de la dimension techno, c’est compliqué de s’intéresser et de comprendre car le sujet est souvent saturé d’idéologie et de raccourcis. C’est pour cela que nous avons écrit ce livre : ne pas donner de solution, dire que c’est bien ou mal. Le but est de se poser plein de questions !
