Bernard Looney, un homme du sérail à la tête de BP à l'heure de l'urgence climatique

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Bernard Looney le dit lui-même: il doit "tout ce qu'il a" à BP. Le fils de fermier irlandais âgé de 49 ans va prendre la tête du géant britannique du pétrole après avoir grimpé tous les échelons en près de trente ans.

Il prendra ses nouvelles fonctions en février prochain, après être entré chez BP dès son diplôme d'ingénieur en poche, en 1991.

M. Looney a raconté avoir alors conduit d'Irlande, d'où il est originaire, jusqu'en Ecosse vers Aberdeen où il a commencé sa carrière dans les forages en mer du nord. Depuis il s'est hissé en haut de la hiérarchie et fait le tour du monde, de Mauritanie en Irak en passant par le Vietnam ou les Etats-Unis.

Depuis 2016, il dirigeait la branche d'exploration et production du groupe, la plus stratégique, avec 17.000 personnes sous sa responsabilité sur les quelque 73.000 du groupe, et une production de 2,6 millions de barils équivalent pétrole et gaz par jour.

Il prend le gouvernail de BP une décennie après la pire catastrophe de son histoire, la marée noire provoquée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon que le groupe opérait pour forer en eaux très profondes dans le Golfe du Mexique.

Une région qu'il connaît bien pour y avoir travaillé entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Et une catastrophe environnementale sans précédent aux Etats-Unis qui l'a marqué personnellement, en même temps qu'elle a grevé les comptes du groupe de quelque 70 milliards de dollars en nettoyage, réparations et frais légaux.

- Transition énergétique -

Pendant la catastrophe, celui qui dirigeait à l'époque les opérations en mer du Nord a fait partie de la cellule de crise envoyée en urgence dans le Golfe pour tenter de stopper l'hémorragie de pétrole. "J'ai passé 60 jours d'affilée à Houston pour aider. Voir ce qui se passait était très très difficile. Je n'oublierai jamais. (....) C'était sans aucun doute la période la plus difficile de ma carrière", a-t-il raconté au quotidien irlandais The Independant.

"C'est un dirigeant authentique, progressiste, (...) avec une idée claire de ce que BP doit faire pour prospérer pendant la transition énergétique", un défi pour les géants des hydrocarbures à l'heure où la pression publique et politique monte pour lutter contre le réchauffement climatique, s'est félicité le président du conseil d'administration Helge Lund.

M. Looney, yeux bleus, cheveux châtains et regard franc, a notamment amélioré la diversité dans ses équipes, avec "un tiers de femmes parmi les dirigeants de ses équipes régionales et un tiers originaires d'autres pays que le Royaume-Uni et les Etats-Unis", dans une industrie encore très masculine, souligne BP.

Celui qui dit ne pas posséder de voiture et préférer les taxis ou les transports en commun a aussi mis en place un programme de détection de méthane, un gaz émis lors du forage d'hydrocarbures et quelque dix fois plus nocif en termes de réchauffement climatique que le CO2.

M. Looney s'est en outre engagé pour tenter de mettre fin au "stigma" entourant les maladies mentales et notamment la dépression dont souffrait son père, comme il l'a dit à la publication sectorielle Energy Voice.

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