Ce pays inaugure aujourd'hui l'une des rares usines d'hydrogène bas carbone d'Europe

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Danemark

Le Danemark a inauguré lundi à Fredericia l’une des rares usines d’hydrogène bas carbone en Europe. Première phase du projet HySynergy, le site fonctionne avec des électrolyseurs alimentés par des énergies renouvelables et produit environ huit tonnes d’hydrogène par jour, acheminées vers une raffinerie voisine et des clients en Allemagne.

Un jalon industriel à Fredericia

HySynergy I est dimensionné à 20 MW et s’appuie sur huit électrolyseurs. Son hydrogène alimente en priorité la raffinerie Crossbridge Energy adjacente, avec laquelle Everfuel a réalisé une première livraison le 28 février 2025, étape clé avant la montée en régime. Everfuel détient 51% du projet, aux côtés du fonds Hy24 (49%). Selon l’industriel, la plateforme est calibrée pour fournir environ 8 t/j dès la phase 1.

« Nos ambitions vont bien au-delà des électrolyseurs de 20 mégawatts ici. Nous avons une connexion électrique, des terrains, des infrastructures qui commencent à être prêtes pour des expansions ici même, à 350 MW », a expliqué à l’AFP Jakob Korsgaard, le fondateur et directeur général de l’entreprise Everfuel, qui possède 51% du projet.

Everfuel a confirmé que la première phase repose sur un électrolyseur alcalin de 20 MW fourni par Nel, complété par des équipements de compression Howden et une conversion de puissance Danfoss. Le groupe prévoit d’étendre la capacité sur le site, sous réserve de demande et de soutiens, afin de franchir de nouveaux paliers industriels.

Un marché européen en phase d’apprentissage

Perçu comme un levier de décarbonation pour l’industrie et les transports lourds, l’hydrogène « vert » reste confronté à des coûts élevés et à des retards de projets. Dans son Global Hydrogen Review 2025, l’AIE souligne que la production « bas-carbone » en 2030 à partir des projets opérationnels ou ayant atteint la décision finale d’investissement pourrait quintupler par rapport à 2024, mais demeure inférieure aux ambitions affichées au début de la décennie.

Malgré ces freins, plusieurs unités de 10 à 20 MW fonctionnent déjà en Europe : Refhyne (10 MW) en Allemagne, Puertollano (20 MW) en Espagne, Harjavalta (20 MW) en Finlande, auxquels s’ajoute désormais Fredericia (20 MW) au Danemark. Elles montrent que l’échelle industrielle émerge, mais encore loin des gigawatts visés.

« La croissance de l’hydrogène vert dépend de l’élan politique », a dit M. Korsgaard. « Nous sommes en concurrence avec les sources fossiles d’énergie sur le marché depuis plus de 100 ans, donc vraiment, vraiment matures, » a-t-il déploré.

Ce que change RED III pour l’hydrogène

Adoptée en 2023, la Directive sur les énergies renouvelables (RED III) porte l’objectif à au moins 42,5% d’énergies renouvelables en 2030 (avec une ambition à 45%) et introduit des sous-objectifs qui touchent directement l’hydrogène : part minimale d’RFNBO dans les transports, et part de 42% d’hydrogène renouvelable dans l’usage industriel en 2030 (60% en 2035), avec transposition de nombreuses dispositions à compter du 21 mai 2025. 

« C’est pour cela qu’il est si important que les politiciens européens et chacun des Etats membres européens continuent à pousser et à mettre en œuvre de manière ambitieuse la Directive sur les énergies renouvelables III, car cela incite nos clients, les raffineries et l’industrie à utiliser l’hydrogène vert ».

Dans ce contexte, la demande des raffineries européennes commence à se structurer : certains groupes ont d’ores et déjà contractualisé des volumes significatifs d’hydrogène « vert » à horizon 2030 pour substituer l’hydrogène « gris » utilisé aujourd’hui. 

Export, Power-to-X et rôle des renouvelables danois

Depuis Fredericia, l’hydrogène sera d’abord consommé localement et expédié vers des clients, y compris en Allemagne. À moyen terme, Copenhague et Berlin portent un projet de gazoduc dédié à l’hydrogène renouvelable, visé à l’horizon 2028, afin de soutenir les besoins croissants de l’industrie allemande.

Le Danemark mise par ailleurs sur l’essor de l’éolien (notamment en mer) pour alimenter ses filières Power-to-X, dont la production d’hydrogène « vert ». Les annonces récentes de soutien public à l’éolien offshore vont dans ce sens, avec l’objectif d’ancrer des chaînes de valeur locales pour l’électrolyse et les carburants synthétiques.

Au-delà de l’hydrogène lui-même, les briques Power-to-X (production de carburants de synthèse à partir d’électricité renouvelable, d’eau et de CO₂ biogénique) deviennent un axe de compétitivité pour les sites industriels européens, avec des rendements et des coûts encore en progression.

Commentaires

Aurelien
Bonjour, sachant que le rendement d'un électroliseur est de 25% , j'en conclu que dans cette opération il y a 75 % du flux d'électricité perdu ?
Thierry
Les électrolyseurs alcalins industriels modernes atteignent souvent un rendement de 75 % à 90 %, avec une consommation énergétique d’environ 43 kWh par kilogramme d’hydrogène pour les installations les plus performante
Thierry
Le rendement auxquel vous faites allusion est celui ou l'hydrogène est reconverti en électricité , 35 % dans ce cas et non 25 %
COCHELIN
D'après EDF, "L’électrolyse alcaline est la plus utilisée actuellement et affiche des coûts d’investissement faibles et un rendement de 68 à 77 % ... mais n’est pas adaptée au couplage avec de l’énergie photovoltaïque ou éolienne". Par contre, "l’électrolyse à membrane PEM (Membrane à échange de proton) ouvre de nouvelles voies. Son rendement est sensiblement identique à celui de l’électrolyse alcaline mais son intérêt réside dans son excellente réactivité aux variations de puissance, ce qui la rend particulièrement adaptée pour intégrer des EnR intermittentes". https://www.edf.fr/entreprises/le-mag/le-mag-entreprises/conseils-energie-competitivite/electrolyse-et-pile-a-combustible-les-promesses-d-un-hydrogene-vert
EtDF
On peut se disputer sur un rendement de reconversion entre 25 et 35% (efficacité réelle de la PAC.. sur 10 ans???) de même pour l'électrolyseur (sur 10 ans??).. et l'alcalin qui n'est pas du tout à l'aise avec de l'électricité intermittente et en régime "sous alimenté" -(fuite H2 vers O2!).. Enfin les moyens de production sont définis pour 20 ans!! Ce qui m'interpelle dans le discours "« C’est pour cela qu’il est si important que les politiciens européens et chacun des Etats membres européens continuent à pousser et à mettre en œuvre de manière ambitieuse la Directive sur les énergies renouvelables III, car cela incite nos clients, les raffineries et l’industrie à utiliser l’hydrogène vert ». Oui des mais l'hydrogène qui sort à quelques dizaines de bar des électrolyseurs doit être employé "économiquement parlant" comme une molécule propre (pas tant pour refaire des électrons..!!!). Faudra sans doute le compresser (rendement?) et le transporter (coût?)... Que les politiciens continuent à pousser... c'est bien.. mais l'article (comme bien d'autres dithyrambiques...) ne nous donne pas le prix du kilo de cet hydrogène vert, ni son évolution espérée à terme par effet de masse... Le rendement c'est bien, le coût c'est mieux dira un industriel placé au bout du tuyau! Combien ça coûte et qui doit (peut) payer!
COCHELIN
Sur le coût de l'hydrogène vert : https://www.placedesenergies.com/professionnels/actualites/rapport-de-la-cour-des-comptes-sur-l-hydrogene-et-les-gaz-renouvelables
EtDF
D'une autre cour des comptes.. https://www.h2-mobile.fr/actus/hydrogene-allemagne-rapport-cour-federale-des-comptes/ Qui veut payer ???

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