Ce pays revient sur son interdiction de la prospection offshore pour le gaz et le pétrole

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Roys Peak en Nouvelle-Zélande

Roys Peak en Nouvelle-Zélande.

Le Parlement néo-zélandais a décidé jeudi d'autoriser la prospection offshore pour le gaz et le pétrole, revenant sur une interdiction mise en place par le gouvernement de Jacinda Ardern (2017-2023). Le projet de loi adopté par le Parlement était fortement critiqué par des organisations de défense de l'environnement.

Atténuer les problèmes d'approvisionnement

Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles Shane Jones a affirmé que de nouvelles lois permettraient de stimuler l'investissement dans l'exploration de gisements pétroliers et contribueraient à atténuer les problèmes d'approvisionnement en énergie pendant l'hiver.

"L'interdiction d'exploration de 2018, qui a été un échec, a exacerbé les pénuries de notre approvisionnement national en gaz, en anéantissant les nouveaux investissements", a déclaré le ministre dans un communiqué(1), qualifiant le changement climatique de "large hystérie".

L'interdiction d'exploration offshore était "la pire décision concernant l'énergie et les ressources naturelles" dans l'histoire du pays, a lancé Shane Jones. "Nous n'allons pas (...) éroder la productivité de notre économie en s'empêchant d'accéder aux énergies fossiles", a-t-il ajouté, se félicitant que l'ère de cette "hérésie" était terminée.

En 2018, la Première ministre de centre-gauche Jacinda Ardern avait dit vouloir s'"attaquer au changement climatique et créer un avenir propre, vert et durable pour la Nouvelle-Zélande".

« Archaïque »

Le texte, que le gouvernement voulait faire passer fin 2024 mais dont l'adoption avait été retardée à plusieurs reprises, a été voté avec 68 voix pour, contre 54. Tous les partis d'opposition l'ont rejeté.

Steve Abel, député du parti Vert, a critiqué un gouvernement "archaïque". "Il est extraordinaire que nous en soyons là, des années après, à revenir à la prospection gazière et pétrolière après que notre nation a été saluée dans le monde entier pour sa vision", a-t-il déclaré.

La Nouvelle-Zélande a longtemps promu une image de championne en matière environnementale, mettant en avant ses pâturages vallonnés, ses forêts tropicales intactes et ses eaux claires. Jacinda Ardern, qui a dirigé le pays de 2017 à 2023, avait formé une coalition avec les Verts et alerté sur "l'urgence climatique". Depuis son mandat, les prix de l'énergie ont augmenté de plus de 10%, même si consommation d'électricité a baissé.

Transpower, la compagnie publique qui gère le réseau électrique, a alerté en mai sur des risques accrus de coupures de courant cet hiver du fait d'un approvisionnement limité en énergie. L'énergie solaire et éolienne ne se déploie pas assez rapidement pour contrer la baisse d'alimentation en gaz, d'après l'entreprise.

Le gouvernement a admis qu'il faudrait probablement une décennie avant que les nouvelles explorations offshore ne se traduisent en un approvisionnement accru de gaz et de pétrole. En 2018, Shane Jones était ministre dans le cabinet Ardern et avait lui-même voté pour l'interdiction de la prospection offshore. Il a récemment décrit l'ancienne Première ministre de "fugitive politique" ayant quitté le pays pour enseigner à l'université américaine de Harvard.

De nouveaux dépôts de demandes de permis dès septembre

Concrètement, "les exploitants pourront déposer de nouvelles demandes de permis d'exploration pétrolière dès septembre". "Ce gouvernement est pragmatique quant au rôle essentiel que le gaz naturel jouera dans notre mix énergétique au cours des prochaines décennies et nous avons mis le cap sur une plus grande sécurité énergétique, soutenue par nos propres réserves indigènes", a déclaré M. Jones.

"La plupart des modifications prévues par le projet de loi entreront en vigueur immédiatement, tandis que d'autres nécessiteront une mise en œuvre progressive et une législation secondaire. Toutes les modifications seront opérationnelles d'ici fin septembre 2025", précise le communiqué.

Le ministre Shane Jones a par ailleurs souligné l'importance de l'énergie géothermique en Nouvelle-Zélande, reprenant le slogan de Trump « Drill baby drill ! » pour cette filière sur Twitter et appelant à doubler sa production d'ici à 2040.

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