Climat : le président du HCC alerte sur la suppression des données aux États-Unis

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Trump tournant le dos à la science

Le président du Haut Conseil pour le climat (HCC), Jean-François Soussana, a exprimé mercredi son inquiétude face à la politique de suppression de données scientifiques menée par l’administration Trump aux États-Unis. Lors d’une audition devant la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, il a dénoncé une démarche « très grave », susceptible de compromettre l’accès aux preuves scientifiques à l’appui de la lutte contre le réchauffement climatique.

Des données climatiques menacées aux États-Unis

Au cours de son intervention, Jean-François Soussana a rappelé que le président américain Donald Trump a réaffirmé dès le début de son mandat « qu'il souhaitait sortir pour la seconde fois de l'Accord de Paris », s'engageant dans une « politique de déni du changement climatique » avec la suppression de certains départements publics et le licenciement d’experts reconnus.

« Et puis vous avez des attaques qui sont sans doute encore plus graves finalement sur les données elles-mêmes, c'est-à-dire la volonté de supprimer les données, la volonté que l'on n'ait plus accès » aux preuves d'origine scientifique, a-t-il déploré. « Et ça, c'est vraiment très grave. Ça fait penser malheureusement à des temps très sombres. »

Parmi les décisions récentes nourrissant encore cette inquiétude, l'administration Trump a annoncé qu'elle cesserait d'alimenter la base de données de référence recensant les catastrophes climatiques. La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a dû procéder à une réduction de 20% de ses effectifs, et la Maison-Blanche prévoit une réduction substantielle du budget de fonctionnement de l’agence. Le site d’investigation scientifique Climate Central et le New York Times faisaient déjà état, en 2024, de la difficulté croissante pour les chercheurs américains d’accéder à certains jeux de données fédéraux ou de maintenir activement des programmes de surveillance climatologique.

Une dynamique mondiale préoccupante pour la science et le climat

Jean-François Soussana met en garde contre l’influence grandissante des intérêts économiques, en particulier pétroliers et gaziers, dans l’élaboration de ces politiques. L’expert a ainsi rappelé que « les États-Unis sont aujourd'hui le premier producteur mondial de pétrole, pratiquement le premier producteur de gaz. Donc, c'est des intérêts économiques majeurs. Je pense qu'il n'y a pas là-dessus simplement des coïncidences ». 

Il observe qu’une tension existe entre la nécessité climatique de sortir des secteurs fossiles et la résistance de ces industries, caractérisée par des stratégies d’obstruction climatique.

Cet effritement du socle scientifique inquiète aussi à l’international. Ainsi, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a entre autres récemment réaffirmé l’importance de l’accès libre et partagé aux données climatiques. « Toutes les politiques climatiques crédibles reposent sur des données robustes et accessibles », notait son dernier rapport. Par ailleurs, depuis 2017, des groupes de chercheurs américains et européens documentent régulièrement les risques liés à la restriction ou à la suppression de jeux de données fédéraux, tels que le projet Data Refuge ou l’initiative « Climate Data Rescue ».

Le rôle clé du Haut Conseil pour le climat

Le Haut Conseil pour le climat, institué par l’État français en 2018, est une instance indépendante composée d’experts reconnus dans différentes disciplines (climatologie, économie, agronomie, etc.). Sa mission centrale : évaluer les politiques publiques françaises en matière de climat, formuler des recommandations et garantir la transparence scientifique. Dans ce contexte, la France rappelle, à travers la voix du HCC, son attachement à l’intégrité et à la diffusion des données scientifiques, socle indispensable à toute stratégie de transition énergétique et d’adaptation au changement climatique.

Commentaires

Christian Méda…
Nous savons qu'il existe encore des climatosceptiques et que des preuves du dérèglement climatique pourraient encore être utiles, à l'avenir. Mais à quoi ? Le fantastique travail des scientifiques a été fait. Nous avons vu que les résolutions ne sont pas respectées, voire que certains états font même marche arrière maintenant. Drill, baby drill ! Certains devraient être condamnés à une cuisson très lente dans un grande marmite pour leur faire subir le plus longtemps possible ce que nous (et surtout nos enfants) allons devoir subir sur une période bien plus longue dans une atmosphère de plus en plus surchauffée et évidemment invivable. Le test de la grenouille en quelque sorte ! Je ne crois plus que les Trump soit des climatosceptiques. Ils ne sont pas complètement idiots. Ils disposent de suffisamment d'informations pour savoir que cette guerre contre le dérèglement climatique est perdue et qu'il ne reste plus que deux objectifs : 1 rester le pays dominant et être les derniers à partir, fusse au détriment du reste du monde. Il parviendra bien à mettre l'Amérique sous cloche climatisée, îlot par îlot de dominants qui paieront le prix croissant. 2 cesser de ralentir la chute de notre civilisation car une mort lente sera aussi celle de l'ensemble du vivant. Alors qu'une disparition brutale du Sapiens donnera une ultime chance à la partie du vivant la plus résiliante à survivre au cataclysme s'il est suffisamment rapide. Une ré-édition de la disparition des dinosaures. Donald n'en est pas à une contradiction près. Je demande la légion d'honneur à titre posthume pour celui qui n'en a une que l'oreille droite.
Reg
"Ils ne sont pas complètement idiots" : j'ai maintenant un gros doute là-dessus. A moins que Trump ne soit sénile à présent...

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