- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le parquet colombien a saisi mardi deux bureaux à Bogota appartenant au groupe pétrolier franco-britannique Perenco, accusé par un tribunal spécial d'avoir financé un groupe paramilitaire dans le nord-est de la Colombie entre 1997 et 2005.
Perenco nie tout lien historique « avec des groupes illégaux »
La compagnie pétrolière s'est installée en Colombie en 1993. Depuis 2010, elle est accusée par d'anciens paramilitaires ayant collaboré avec la justice d'avoir financé les Autodéfenses unies de Colombie (AUC), désormais dissoutes et jugées responsables de multiples crimes durant le conflit armé interne qui secoue toujours le pays sud-américain.
Le ministère public a annoncé mardi dans un communiqué que les biens saisis seront affectés à un fonds de réparation des victimes, créé après la démobilisation d'environ 30 000 combattants en 2006 sous le gouvernement de droite d'Alvaro Uribe (2002-2010).
Dans un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi, Perenco a "nié tout lien historique avec des groupes illégaux" et a dénoncé une saisie "sans que l'entreprise ait été visée par une procédure judiciaire, et sans avoir l'occasion d'exercer son droit à la défense". Le groupe pétrolier a également "réaffirmé son engagement pour le respect des droits humains dans le cadre de sa politique d'éthique d'entreprise".
Les perquisitions ont été ordonnées par un tribunal de paix de Bogota, organe créé à la suite de la démobilisation de ce groupe paramilitaire.
« En échange d'un service de sécurité »
Les deux propriétés sont évaluées à environ 10 millions de dollars, lesquels seront consacrés à "l'indemnisation de la population affectée par la violence paramilitaire dans le département de Casanare" (nord-est), selon le parquet.
D'après les témoignages d'anciens combattants des AUC, Perenco a financé entre 1997 et 2005 leur organisation avec "de l'argent, du carburant, de la nourriture et des moyens de transport en échange d'un service de sécurité qu'ils offraient aux puits d'extraction de pétrole brut".
La justice a accordé à environ 30 000 paramilitaires une peine maximale de huit ans de prison en échange de leur désarmement et de la confession de leurs crimes.
Perenco n'est pas la seule multinationale accusée d'avoir financé des groupes paramilitaires. En juin 2024, la justice américaine a tenu pour responsable le géant de la banane Chiquita Brands d'avoir soutenu financièrement les AUC dans la région d'Uraba (nord-ouest). Depuis 2023, deux dirigeants de la compagnie minière américaine Drummond font face à un procès en Colombie pour leurs liens avec ce même groupe dans le département de César (nord).
La Colombie vit depuis six décennies un conflit armé qui oppose les guérillas, les narcotrafiquants et les forces de l'ordre et a fait environ 1,1 million de morts, 200 000 disparus et 9 millions de déplacés.