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La communauté internationale s'inquiète de la tension croissante entre Venezuela et le Guyana sur l'Essequibo, la région riche en pétrole en dispute entre les deux pays qui ont cependant assuré mercredi avoir ouvert des "canaux de communication".
"C'est préoccupant, nous suivons cela de très, très, très près", a déclaré le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, John Kirby. "Nous ne voulons évidemment pas qu'il y ait de violence ou de conflit".
De son côté, l'ONU "soutient fermement l'utilisation de moyens exclusivement pacifiques pour régler les différends internationaux", a réagi mercredi Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres.
Il a toutefois rappelé que "les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ)" qui a demandé vendredi aux deux pays de "s'abstenir de toute action susceptible d'aggraver le différend" sont "contraignantes", se disant "convaincu que les deux Etats se conformeront dûment à l'ordre de la Cour".
Le Venezuela ne reconnait pas la CIJ dans cette affaire, assurant vouloir un règlement négocié à partir d'un accord signé en 1966 avec le Royaume-Uni juste avant l'indépendance du Guyana.
La Chine de son côté a demandé aux deux pays de résoudre leur différend "de manière correcte", tandis que l'armée brésilienne a annoncé mercredi un renforcement de sa présence à ses frontières avec le Guyana et le Venezuela.
Caracas revendique depuis des décennies l'Essequibo (parfois appelé Guayana Esequiba), territoire de 160.000 km2 représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125.000 personnes, soit un cinquième de sa population. Son insistance est devenue plus pressante depuis la découverte d'importantes réserves de pétrole par ExxonMobil en 2015.
- Contact renoué -
Après des échanges acerbes, les deux pays ont renoué le contact mercredi.
"A la demande de la partie guyanienne, le ministre des Affaires étrangères (guyanien) Hugh Todd a eu une conversation téléphonique avec le ministre des Affaires étrangères Yvan Gil pour discuter de la question du différend territorial", selon un communiqué du ministère vénézuélien.
Les deux pays "ont convenu de garder les canaux de communication ouverts (...) La partie vénézuélienne a exprimé la nécessité de cesser les actions qui "aggravent le différend", ajoute le texte.
Ce rapprochement contraste singulièrement avec le communiqué diffusé à peine cinq heures plus tôt par le même ministère des Affaires étrangères vénézuélien.
Caracas y accusait le président guyanien Irfaan Ali d'avoir donné "d'une manière irresponsable" le "feu vert" à l'installation de bases militaires américaines dans l'Essequibo.
La tension était montée d'un cran mardi avec des annonces des présidents des deux pays.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a préconisé la création d'une zone militaire spéciale près de la frontière et ordonné au géant public PDVSA d'accorder des licences d'exploitation de pétrole et gaz dans la région de l'Essequibo, sous administration guyanienne.
Le président Ali avait vivement réagi, mardi dans la soirée, lors d'une allocution exceptionnelle à la nation. "Il s'agit d'une menace directe pour l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance politique du Guyana (...) Une menace imminente" a-t-il déclaré, soulignant que son armée était en "alerte totale" et accusant le Venezuela d'être une "nation hors-la-loi" et d'être "un risque important pour la paix et la sécurité".
- "Peu probable" -
Pour Mariano de Alba, conseiller de l'International Crisis Group (ICG), M. Maduro cherche à "accroître les risques et d'une certaine manière à générer de l'incertitude" afin de mettre la "pression sur le gouvernement guyanien pour qu'il s'assoie et négocie".
Le Guyana a indiqué à plusieurs reprises que la CIJ était l'unique voie de sortie de crise.
"A court terme, la rhétorique de confrontation va se poursuivre, mais en même temps, je considère qu'un conflit armé est peu probable", poursuit l'expert, soulignant que "toute erreur" dans ce contexte pourrait provoquer une escalade rapide.
M. Maduro s'appuie sur le référendum organisé au Venezuela dimanche. Selon les chiffres officiels - contestés par de nombreux observateurs - quelque 10,4 millions d'électeurs vénézuéliens ont participé à la votation et 95% se sont dits favorables à l'annexion de l'Essequibo.
Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana estime, de son côté, que la frontière date de l'époque coloniale anglaise et a été entérinée en 1899.
Le Guyana dispose des plus importantes réserves de pétrole par habitant au monde, et le Venezuela les plus importantes réserves prouvées de la planète.