Croissance historique des énergies renouvelables, mais encore un effort!, plaide l'AIE

  • AFP
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Le monde a installé l'an dernier un niveau "historique" de 50% d'énergies renouvelables en plus par rapport à 2022, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui anticipe un rythme inédit dans les années à venir, bien qu'insuffisant encore face au réchauffement climatique.

Quelque 507 gigawatts (GW) d'électricité renouvelable ont été mis en service, soit 50% de plus qu'en 2022, selon le rapport Renouvelables 2023 publié jeudi par l'AIE. "Un bond énorme, historique", a insisté le patron de l'institution, Fatih Birol, devant la presse: l'équivalent de l'équipement actuel de l'Allemagne, la France et l'Espagne réunies.

Les trois quarts de ces installations nouvelles sont dans le solaire photovoltaïque.

La Chine a de nouveau été le grand moteur de cette croissance (60% des infrastructures nouvelles, avec +66% d'éoliennes sur un an par exemple). Mais Europe, Etats-Unis, Brésil ont aussi atteint des niveaux inédits, l'Inde a fortement avancé et l'AIE constate aussi un bond en Asie du sud-est de même qu'au Moyen-Orient.

L'Agence anticipe pour les cinq ans à venir la "plus forte croissance" jamais vue en trente ans.

"La capacité de production d'électricité renouvelable ne s'est jamais étendue aussi rapidement en 30 ans, ce qui donne une vraie chance d'atteindre l'objectif que les gouvernements se sont fixé à la COP28 de tripler la capacité mondiale d'ici 2030", souligne l'AIE.

Pour autant, ce rythme ne suffit pas encore, ajoute l'Agence, qui pointe particulièrement le besoin de financements à destination des pays émergents et en développement.

"Dans les conditions de marché et en l'état des politiques actuelles, la capacité mondiale serait multipliée par 2,5 d'ici 2030. Ce n'est pas encore assez pour atteindre l'objectif de triplement de la COP28, mais on s'en approche, et les gouvernements ont les outils nécessaires pour combler la différence", résume Fatih Birol.

- Soutenir les pays en développement -

"L'éolien terrestre et le photovoltaïque sont meilleur marché aujourd'hui que les nouvelles centrales à combustibles fossiles presque partout, et moins chers que les centrales déjà installées dans la plupart des pays", souligne le responsable.

L'an dernier a notamment vu les prix des modules photovoltaïques baisser de près de 50% sur un an, et ce mouvement devrait se poursuivre avec la montée observée des capacités manufacturières, relève l'agence, créée il y a pile 50 ans par l'OCDE quand il s'agissait alors de répondre au choc pétrolier.

La situation est plus délicate pour l'industrie éolienne notamment en Europe où elle est affectée par la hausse des coûts de production, des taux d'intérêt et par la longueur des procédures d'obtention de permis. Mais de nombreux pays ont déjà adapté leurs appels d'offres à ce contexte.

L'objectif de triplement des renouvelables s'entend au niveau mondial, avec des besoins différents d'un pays à l'autre.

Du côté des pays riches et des gros émergents, l'AIE souligne la nécessité de mettre un terme aux hésitations dans les politiques nationales, d'investir dans la modernisation et l'adaptation des réseaux, de réduire les délais et les complications administratives.

Pour les autres pays, l'accès à des financements et la mise en place de cadres de régulation robustes seront déterminants, ajoute le rapport. Ainsi que la fixation d'objectifs d'installation de renouvelables, objectifs encore absents dans certains pays.

"Le niveau atteint en 2023 montre qu'un triplement est complètement réalisable", a réagi Dave Jones, du centre de réflexion Ember.

Si l'on ajoute les avancées de l'efficacité énergétique, "nous progressons non seulement vers un pic de la demande de fossiles cette décennie mais vers une chute de taille de leur consommation", estime-t-il.

Pour Dean Cooper, de l'ONG WWF, "la production d'énergie renouvelable croît rapidement, mais pas assez": "ceux qui souhaitent une planète vivable doivent accroître la pression sur leurs gouvernements pour qu'ils passent des mots à l'action".

"C'était bien que plus de 200 pays signent l'accord de la COP28", appuie Fatih Birol. "Nous pensons que s'ils ont signé c'est qu'ils prennent ça au sérieux. Mais nous croyons dans les chiffres, c'est pour cela que l'AIE suivra les progrès réalisés, qui fait quoi, et nous en informerons le public".

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