En France, le secteur des services pétroliers sort avec peine de ses difficultés

  • AFP
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Le secteur des services pétroliers français a traversé une passe très difficile ces dernières années, avec des pertes d'emplois et restructurations, et reste toujours sous tension malgré des signes d'amélioration.

La France a vu naître quelques uns des grands noms du secteur, dont Schlumberger, aujourd'hui une multinationale, et compte encore quelques grosses entreprises comme le géant franco-américain TechnipFMC, le spécialiste des études sismiques CGG ou l'entreprise de services maritimes Bourbon, dont les créanciers ont proposé mercredi de prendre le contrôle.

Le secteur est l'héritier d'une histoire presque centenaire: les frères alsaciens Marcel et Conrad Schlumberger avaient mis au point une méthode géophysique pour trouver du pétrole dans les années 1920.

Les services pétroliers se sont ensuite développés grâce à "une vraie volonté des pouvoirs politiques de l'époque de se dire qu'à défaut d'avoir la ressource - c'est-à-dire les hydrocarbures - il fallait avoir des sociétés capables d'assurer l'approvisionnement stratégique du pays", rappelle Dominique Bouvier, président d'Evolen, l'association professionnelle qui représente 250 entreprises du secteur.

Ces sociétés travaillent pour le compte des compagnies pétrolières et gazières: études sismiques, forage de puits, construction de plates-formes, fourniture de personnel et matériel spécialisés... Mais toutes ces activités ont souffert après la chute brutale des cours du pétrole en 2014.

"L'industrie parapétrolière française, en gros, a perdu 10 000 emplois au cours des dernières années, donc ça a été évidemment très dur pour elle", reconnaît Dominique Bouvier.

« Purge »

Les grandes compagnies ont en effet très vite réagi en réalisant des économies et en annulant des projets. L'impact s'est reporté sur les entreprises parapétrolières, qui font office de "variable d'ajustement", souligne Moez Ajmi, associé du cabinet EY.

Le secteur dans son ensemble est ébranlé: CGG a été obligé de subir une restructuration financière, tandis que Bourbon est endetté à hauteur de 2,7 milliards d'euros, ses créanciers proposant mercredi une restructuration au terme de laquelle ils détiendraient 93% du capital.

TechnipFMC a pour sa part enregistré une lourde perte de près de 2 milliards de dollars l'an dernier, conséquence d'importantes dépréciations et d'une provision pour couvrir des problèmes judiciaires.

S'ajoute un autre problème pour le groupe issu de la fusion l'an dernier du français Technip et de l'américain FMC : les syndicats français accusent la partie américaine d'avoir pris le pouvoir.

"Les promesses faites au moment de la fusion n'ont pas été tenues", accuse Christophe Héraud, délégué syndical central CFDT. Il dénonce une "purge" au sein des fonctions de direction exécutives, détenues en majorité par d'ex-FMC.

Depuis début mai, c'est d'ailleurs l'Américain Doug Pferdehirt qui exerce les fonctions de PDG.

L'ancien directeur général a ainsi récupéré aussi la fonction de président, occupée jusqu'alors par le Français Thierry Pilenko, qui a quitté le groupe en occasionnant au passage une polémique sur sa rémunération.

Un symbole pour les syndicats. "La direction finit de passer dans les mains des Américains", ont dénoncé CFDT et CGT dans un communiqué commun. La direction préfère pour sa part parler d'un "leader mondial, piloté par une équipe dirigeante internationale et équilibrée, qui comprend cinq membres basés en Europe et cinq aux Etats-Unis".

« Pression »

Sur le plan des affaires, le secteur respire aujourd'hui un peu mieux grâce à la remontée des cours du pétrole depuis 2016. "On observe quand même maintenant une reprise de l'activité, il y a un certain nombre d'investissements qui ont été annoncés et des contrats signés", remarque Dominique Bouvier.

Mais les années fastes ne sont pas de retour pour autant. "Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui les prix du baril ont pris un peu de couleurs que les pétroliers vont se lancer dans tous leurs projets avec la même mentalité qu'en 2014", estime Moez Ajmi. "Ils maintiennent cette pression énorme sur les coûts".

Pour surnager dans ce nouvel environnement, les sociétés continuent de s'adapter et lorgnent même vers de nouvelles activités. Bourbon espère par exemple se diversifier dans l'éolien flottant.

Les entreprises vont "aller réaliser des installations qui s'installent dans la transition écologique et tout cela va créer une nécessité d'embauches", espère ainsi Dominique Bouvier.

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