- Connaissance des Énergies avec AFP
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Malgré la chute de ses bénéfices en 2024, le géant italien des hydrocarbures Eni a promis jeudi de choyer ses actionnaires et maintenu le cap de ses objectifs en matière de transition énergétique.
Eni compte offrir à ses clients "un portefeuille croissant de produits à émissions nulles ou faibles en carbone", a assuré son PDG, Claudio Descalzi, en présentant son plan stratégique 2025-2028.
Le groupe italien se démarque ainsi de plusieurs de ses concurrents européens comme Shell, BP et Equinor, qui ralentissent leur transition énergétique pour se recentrer sur leurs activités plus rentables dans les hydrocarbures.
Eni prévoit de presque quadrupler la capacité installée de Plenitude, sa division spécialisée en énergies renouvelables, à 15 gigawatts d'ici à 2030.
Dans le même temps, le géant pétrolier maintient son projet de porter sa capacité de production de biocarburants à plus de 5 millions de tonnes d'ici à 2030.
Eni a confirmé son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 35% d'ici 2030 par rapport à 2018 et de 80% jusqu'à 2040, avant d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
Le groupe italien a vu son bénéfice net chuter de 45% à 2,46 milliards d'euros en 2024, plombé par la baisse des cours du gaz et du pétrole.
Ce résultat est nettement inférieur au consensus des analystes de Factset, qui tablaient sur un bénéfice de 4,56 milliards d'euros.
Le chiffre d'affaires a baissé de 5% à 88,79 milliards d'euros en 2024, un montant là aussi inférieur aux attentes des analystes.
- "Stratégie de croissance" -
En dépit de ces résultats en berne, Eni s'est engagé à augmenter les dividendes et rachats d'actions.
"Nous avons renforcé notre structure financière afin de soutenir notre stratégie de croissance" et "garantir une rémunération très attractive de nos actionnaires", a fait valoir M. Descalzi.
Eni compte désormais redistribuer à ses actionnaires entre 35% et 40% du flux de trésorerie d'exploitation annuel sous forme de dividendes et de rachats d'actions, contre 30% à 35% prévus par le précédent plan stratégique.
Pour 2025, Eni prévoit un dividende à 1,05 euro par titre, en hausse de 5%, et un rachat d'actions portant sur 1,5 milliard d'euros.
Pour augmenter les revenus, Claudio Descalzi applique ce qu'il appelle une stratégie "satellitaire" visant à créer des unités indépendantes spécialisées et capables d'attirer des investisseurs de "valeur".
Eni avait signé ainsi la semaine dernière un accord sur la cession au fonds d'investissement américain KKR d'une participation supplémentaire de 5% dans Enilive, sa filiale spécialisée dans le bioraffinage, pour 587,5 millions d'euros.
KKR est monté à 30% du capital d'Enilive, dont il avait acquis en octobre une part de 25% pour 2,9 milliards d'euros. La transaction valorise l'ensemble de la filiale à 11,75 milliards d'euros.
- Pas de retour au gaz russe -
Le nouveau plan d'Eni confirme des investissements de 27 milliards d'euros sur la période 2025-2028. Pour cette année, le groupe table sur des investissements de 6,5 à 7 milliards d'euros.
Eni avait annoncé en octobre son intention d'investir 2 milliards d'euros sur cinq ans dans sa filiale chimique Versalis afin de réduire ses émissions de C02 et redresser ses comptes.
Interrogé sur un éventuel retour à l'approvisionnement en gaz russe en cas de fin de la guerre en Ukraine, M. Descalzi a écarté ce scénario.
"Le gaz russe a été remplacé, le marché est le marché et il n'est pas facile maintenant de changer. Si quelqu'un est absent, il est remplacé", a-t-il déclaré lors d'une conférence avec des analystes.
Le cours de référence du gaz naturel a baissé de 14% à 36 euros le mégawattheure (MWh) en 2024, selon Eni.
Dans le même temps, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 2% à 80,76 dollars en moyenne. Pour 2025, Eni prévoit un prix réduit à 75 dollars.
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