- Connaissance des Énergies avec AFP
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TotalEnergies, qui a écopé d'une amende de 115,8 millions d'euros de l'Autorité de la concurrence pour entente dans la distribution de carburants en Corse, a annoncé mardi faire appel et lancer une "revue stratégique" de ses activités sur l'île.
Revue stratégique sur ses activités en Corse
TotalEnergies "peine à voir en quoi elle aurait pu se livrer à une pratique anticoncurrentielle" et juge la sanction "disproportionné(e)" par rapport au bénéfice de ses activités en Corse.
Le géant pétrolier a fait appel, ce qui ne le dispense pas du paiement de l'amende selon l'Autorité de la concurrence. Il indique en outre dans un communiqué avoir "décidé d'engager une revue stratégique des conditions de la poursuite de ses activités marketing en Corse".
En d'autres termes, TotalEnergies déclare s'interroger sur le maintien de son activité de distribution de carburant sur l'île, où il compte un réseau de 47 stations services "y compris dans des zones rurales au plus près des habitants".
Les entreprises TotalEnergies Marketing France, deux sociétés du groupe Rubis et EG Retail ont été sanctionnées lundi conjointement à hauteur de 187,5 millions d'euros au total par l'Autorité de la concurrence. L'Autorité leur reproche d'avoir conclu un accord écrit pour réserver à leur seul bénéfice un droit de passage au sein des dépôts pétroliers corses.
Les concurrents non bénéficiaires de cet accord étaient "contraints d'acheter leur carburant aux conditions imposées par" les entreprises sanctionnées, et "subissaient par ailleurs des coûts plus élevés, du fait de la superposition de plusieurs marges".
Des carburants chers en Corse : « pas une fatalité »
Le collectif "agissons contre la cherté des carburants en Corse", créé en 2018, s'était réjoui lundi sur sa page Facebook d'un "jour de victoire" après l'annonce des amendes.
"Enfin, les choses sont clairement dites par cette condamnation : si les carburants sont si chers en Corse, ce n'est pas une fatalité, ce n'est pas parce que la Corse est une île, c'est simplement parce que des acteurs privés profitent d'une situation de monopole", s'était félicité Frédéric Poletti, l'un des fondateurs de ce collectif, appelant désormais à "réguler le prix des carburants".
L'Autorité de la concurrence enquêtait sur le sujet depuis décembre 2021 et avait été saisie en septembre 2022 d'une plainte de la société Ferrandi, un acteur local de la vente de produits pétroliers.
Mardi, TotalEnergies a dit regretter que l'Autorité "n'ait pas constaté que cette clause n'a eu aucun effet préjudiciable ni pour le distributeur local en Corse à l'origine de la plainte ni pour les consommateurs". La société plaide que Ferrandi "a pu continuer à s'approvisionner en carburants" et a augmenté "significativement ses volumes d'approvisionnement" pendant la période en cause.
L'Autorité a rappelé lundi que le secteur de la distribution de carburants est très concentré sur l'île, "s'articulant autour de trois opérateurs seulement (Total, Rubis/Vito et Esso/Ferrandi)", non soumis à la "pression concurrentielle, notamment, des grandes et moyennes surfaces".