EPR de Flamanville : le chargement du combustible nucléaire repoussé à « mi-avril » au moins, selon l'ASN

  • AFP
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Le chargement du combustible du réacteur EPR de Flamanville d'EDF, un chantier marqué par des déboires à répétition, est repoussé à mi-avril au moins au lieu du 31 mars comme initialement prévu par le groupe électricien, a indiqué mardi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

"L'ASN va lancer dans les prochains jours la consultation sur le projet de décision de mise en service, c'est-à-dire qu'on va le soumettre aux commentaires du public pendant au moins 15 jours (...) voire 3 semaines, et à l'issue l'ASN prendra la décision de mise en service", a expliqué l'autorité de sûreté à l'AFP, confirmant des informations des Echos. "Effectivement, ça nous repousse à mi-avril", a ajouté le porte-parole en référence à la décision de mise en service, "un préalable" pour qu'EDF puisse charger les barres de combustible nucléaire dans le réacteur.

Compte tenu des "délais incompressibles" de cette consultation, le chargement du combustible, jalon clé pour le démarrage du réacteur, ne pourra donc pas intervenir avant "mi-avril", a estimé l'ASN. À cette date, le délai de mise en service de l'installation, fixé au 10 avril dans le décret d'autorisation de création sera expiré mais cela est "sans conséquence immédiate", et "n'empêche pas l'ASN d'autoriser la mise en service du réacteur", expliquait mi-mars l'ASN à l'AFP.

Jusqu'ici, le groupe EDF avait annoncé le chargement du combustible au 1er trimestre 2024, un objectif plusieurs fois répété. Mais l'Autorité de sûreté avait prévenu en janvier que le calendrier était "tendu" en raison des dernières vérifications de conformité à mener sur certains équipements sous pression, comme la cuve, pièce maîtresse d'un réacteur nucléaire.

Ces derniers échanges ont prolongé la durée de l'instruction du dossier qui s'est finalement achevé "la semaine dernière", a précisé l'ASN à l'AFP.

Cette consultation à l'issue de laquelle l'ASN rendra son avis de mise en service, en tenant compte ou pas des observations du public, est l'épilogue d'un chantier-fleuve, 17 ans après le lancement de la construction de l'EPR normand, marqué par de nombreux dérapages de coûts et de calendrier.

"Après le chargement en combustible nucléaire du réacteur, les opérations de démarrage se poursuivront, avec notamment des contrôles de tous les systèmes liés à la sûreté, des essais et des qualifications de matériels réalisés tout au long de la montée en température et pression de la chaudière, puis lors de la montée en puissance du réacteur. A 25% de puissance, l'unité de production sera connectée au réseau électrique national", détaillait EDF en décembre 2022.

Pour l'heure, la date du "couplage", c'est-à-dire son raccordement au réseau, est maintenue à mi-2024, selon les dernières informations réglementaires d'EDF publiées en décembre 2023.

Si le démarrage se confirme à l'été 2024, il interviendra donc avec 12 ans de retard sur le calendrier prévu, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d'euros, selon EDF, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d'euros.

Commentaires

Justin

c'est pas comme si on avait eu quasi 20 ans pour faire cette consultation...

Denis Margot

@Justin. Effectivement, il est assez truculent de prétexter une consultation avec des délais incompressibles pour avoir des commentaires du public (un fin connaisseur de la chose), préalable pour qu’EDF puisse charger les barres de combustible (nous voilà rassurés). Et la dernière précision vaut son pesant de cacahouètes : « Cette consultation à l'issue de laquelle l'ASN rendra son avis de mise en service, en tenant compte ou pas des observations du public ». Finalement, le gros problème dans cette saga, c’est peut-être l’ASN…

Denis Margot

@Justin. Effectivement, il est assez truculent de prétexter une consultation avec des délais incompressibles pour avoir des commentaires du public (un fin connaisseur de la chose), préalable pour qu’EDF puisse charger les barres de combustible (nous voilà rassurés). Et la dernière précision vaut son pesant de cacahouètes : « Cette consultation à l'issue de laquelle l'ASN rendra son avis de mise en service, en tenant compte ou pas des observations du public ». Finalement, le gros problème dans cette saga, c’est peut-être l’ASN…

Garlaban

L'ASN et EDF, c'est un peu comme quand il y a deux tabliers dans une cuisine. Ça marche rarement.

Bruno

Et l'on comprend pourquoi l'EPR a tant de retard (au-delà des déboires techniques) si l'ASN n'arrive pas à se poser les questions avant d'arriver au pied du mur.
Elle se pose quand même la question du chargement dont on sait qu'il doit se faire pour permettre le démarrage du réacteur !

Serge Rochain

Avec tous ces commentaires d'éminents spécialistes pour qui n'importe qu'elle problèmes se regle en deux coups de cuillère à pot, je constate qu'il est heureux qu'il y ait l'ASN car cela nous a certainement évité de grandes catastrophes.

ant

Donc en fait, le retard ne vient pas de la construction ni d'un quelconque problème sur le chantier, mais bien de la lenteur de l'ASN et de la lourdeur des procédures administratives en France. Je suppose que laisser (et perdre) 3 semaines à la consultation du public un dossier d'autorisation de mise en service n'existe pas aux Emirats Arabes Unis à Barakah... et oui car là bas on démarre les réacteurs nucléaires à l'heure. Pauvre France qui se met toute seule des bâtons dans les roues...

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