Esso France, longtemps lié à ExxonMobil, va passer sous contrôle du canadien North Atlantic

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Son nom, Esso, est une référence à la célèbre Standard Oil ("S.O" ou Esso) de J.D. Rockfeller: si les stations-service vont conserver l'enseigne, l'entreprise, notamment implantée à Notre-Dame-de-Gravenchon en Normandie, va changer de nom pour faire référence à son nouveau propriétaire, le canadien North Atlantic.

Ce dernier a annoncé vendredi avoir racheté au géant pétrolier américain ExxonMobil sa participation de près de 83% dans Esso France au prix de 26,19 euros par action, soit une enveloppe totale de près de 280 millions d'euros, selon les calculs de l'AFP.

Il va renommer l'entité North Atlantic Energies, et lancer une offre publique d'achat obligatoire pour acquérir le capital restant coté en Bourse, à un prix de 28,93 euros par action.

Il lui faudrait débourser une soixantaine de millions d'euros supplémentaires pour acquérir 100% du capital restant.

Le prix n'est pas encore définitif: un expert indépendant a été nommé pour se prononcer sur "l'équité" de l'offre, et ce n'est qu'une fois qu'il aura rendu son avis que celle-ci pourra être déposée auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Les actionnaires peuvent en outre refuser de lui apporter leurs actions.

- "Engagement à long terme" -

Le groupe canadien, via sa filiale française North Atlantic France, rachète également l'entreprise ExxonMobil Chemical France (ECMF), implantée en Seine-Maritime et qui produit notamment des lubrifiants, pour un montant non communiqué.

Au total, environ 1.400 salariés sont concernés par la transaction, a appris l'AFP d'une source au fait du dossier.

North Atlantic "réaffirme son engagement à long terme en faveur du site de Gravenchon, de ses employés et de l'avenir énergétique et industriel de la France", indique-t-il dans son communiqué.

Cette double acquisition alors que ECMF est en moins bonne santé financière qu'Esso, avait entraîné des récriminations de quelques actionnaires minoritaires, qui avaient jugé les conditions financières "particulièrement favorables à l'acheteur", à leur détriment, lors de l'assemblée générale ayant entériné le changement de nom début novembre.

Le PDG d'Esso Charles Amyot avait contesté ces déclarations et renvoyé aux conclusions de l'expert indépendant.

Ce n'est pas la fin de cette marque bien connue des Français, et présente sur le territoire depuis le début du XXe siècle. Elle continuera à être utilisée, notamment sur la devanture des stations-service sous cette enseigne, a précisé North Atlantic à l'AFP.

Si elle rompt avec la nomination qui faisait référence à la Standard Oil de Rockfeller, l'entité nouvelle continuera aussi "à collaborer avec ExxonMobil dans le cadre d'accords d'approvisionnement et de technologie à long terme", précise le communiqué.

- Arrêt du vapocraqueur -

Christophe Aubert, coordinateur CGT North Atlantic, dit à l'AFP voir dans cette transaction "la décision à peine cachée de la maison mère ExxonMobil de se désengager de l'Europe", et rappelle que les salariés français ont "déjà lourdement payé" ce désengagement.

En 2024, Esso avait vendu ses activités de raffinage et de logistique du sud de la France, à Rhône Energies, et ExxonMobil Chemical France avait restructuré son activité à Gravenchon notamment en arrêtant son vapocraqueur et "ses unités aval sur le site de Port-Jérôme-sur-Seine", à Notre-Dame-de-Gravenchon en Normandie, ce qui s'était traduit par plusieurs centaines de suppressions d'emplois.

Concernant le nouvel actionnaire, M. Aubert indique que la CGT l'accueille "sans réticence" mais en attendant "les investissements nécessaires pour pérenniser l'activité pétrochimique de notre groupe en France".

Ted Lomond, PDG de North Atlantic, voit dans cette acquisition "une avancée majeure dans l'expansion internationale" de son entreprise, après avoir "transformé et exploité avec succès des actifs industriels complexes à travers le Canada". "Nous apportons le même niveau d'engagement en France, où nous souhaitons investir à long terme et soutenir la transition énergétique".

Avant la transaction, les actionnaires d'Esso avaient voté le versement en novembre d'un dividende extraordinaire à hauteur de 60,21 euros par action pour une enveloppe totale de 774 millions d'euros.

En juillet dernier, 681 millions d'euros ont déjà été versés aux actionnaires, à hauteur de 53 euros par action, au titre de l'exercice 2024. 193 millions d'euros ont été versés en 2024, au titre de l'exercice 2023 (15 euros par action), et 26 millions d'euros en 2023 au titre de 2022 (2 euros par action).

Soit un total de 1,67 milliard d'euros en trois ans, dont ExxonMobil a logiquement capté un peu moins de 83%.

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