Gaz : l'ombre de la crise en Ukraine plane sur le sommet de Doha

  • AFP
  • parue le

Le Qatar accueille à partir de dimanche un sommet des principaux pays producteurs de gaz, auquel est invité le président russe Vladimir Poutine, sur fond de craintes des Européens pour leur approvisionnement en gaz russe liées à la crise autour de l'Ukraine.

Le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) réunira ses 11 pays membres représentant plus de 70% des réserves de gaz mondiales, notamment la Russie, le Qatar, l'Algérie ou encore le Nigeria, ainsi que sept pays observateurs et trois invités.

Cet évènement arrive au moment où Washington accuse Moscou de préparer une invasion militaire de son voisin ukrainien, ce qui a contribué à l'envolée les prix du gaz.

L'Europe, qui cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement gazier pour diminuer sa dépendance envers la Russie, s'est tournée vers les autres membres du FPEG.

Or, la plupart ont affirmé avoir atteint, ou presque, leur capacité maximale de production et pouvoir seulement fournir à l'Europe du gaz à court terme, sous réserve d'accord de leurs clients existants.

Contrats à long terme

Selon des diplomates ayant aidé à préparer ce sommet, les échanges du FPEG tourneront autour des moyens possibles pour augmenter la production à moyen terme.

"Mais leurs mains sont liées, il n'y a presque pas de gaz inutilisé", a confié l'un d'eux à l'AFP, sous couvert d'anonymat.

Après des réunions au niveau ministériel, le sommet accueillera des chefs d'Etat. Le président iranien, Ebrahim Raïssi -- l'un de ses rares voyages depuis le début de son mandat en août 2021 -- et le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, émir du Qatar, riche Etat pétrolier, sont ainsi attendus mardi.

La présence du président russe, Vladimir Poutine, n'a pas été confirmée. La Russie et son géant Gazprom jouent un rôle de premier plan sur le marché du gaz.

Les membres du FPEG -- qui n'inclut ni l'Australie ni les Etats-Unis, importants producteurs de gaz -- vont certainement réaffirmer à l'Europe ne pas pouvoir s'engager sur des commandes sans des contrats à long terme, prédit Thierry Bros, professeur à Sciences-Po Paris.

Car pour fournir l'Europe en gaz, les pays producteurs doivent faire d'importants investissements, afin d'augmenter leur production. Or, l'Union européenne (UE) est réticente à conclure des contrats de 10, 15 ou 20 ans.

Mais si l'UE a émis le souhait d'aller vers des sources d'énergie dites propres, la situation pourrait évoluer en raison de la crise ukrainienne.

Arrière-pensées diplomatiques

Pour le spécialiste en sécurité Andreas Krieg, du King's College à Londres, le Qatar tente de s'imposer comme médiateur dans l'arène diplomatique pour que le dossier ukrainien soit aussi inclus dans les discussions.

"Le Qatar pourrait utiliser ce forum pour parler à la Russie de l'Ukraine, puisque tous les participants sont préoccupés par les conséquences qu'une escalade dans la crise aurait sur la sécurité de l'approvisionnement mondial en gaz", dit-il.

La Russie pourrait établir des contacts avec le Qatar car les clients européens considèrent l'émirat comme un fournisseur alternatif, ajoute-t-il. La Russie détient actuellement 40% du marché européen et le Qatar 5%.

"Ce serait une bonne occasion pour le Qatar de se servir du forum pour proposer aux Etats-Unis de faire office de médiateur entre eux et la Russie dans cette crise", estime M. Krieg.

Le Qatar a aussi des intérêts convergents avec l'Iran dans le secteur du gaz et a soutenu les pourparlers à Vienne pour sauver l'accord sur le programme nucléaire civil de Téhéran.

"La levée des sanctions pour l'Iran aurait aussi un effet sur le secteur du gaz et des exports gaziers, ce qui serait en ligne avec l'objectif du forum de maintenir la sécurité des approvisionnement gaziers", assure l'expert.

Commentaires

APO

Commentaire en prenant 3 extraits : "Or, la plupart ont affirmé avoir atteint, ou presque, leur capacité maximale de production et pouvoir seulement fournir à l'Europe du gaz à court terme, sous réserve d'accord de leurs clients existants. " ""Mais leurs mains sont liées, il n'y a presque pas de gaz inutilisé", a confié l'un d'eux à l'AFP, sous couvert d'anonymat." "Les membres du FPEG -- qui n'inclut ni l'Australie ni les Etats-Unis, importants producteurs de gaz -- vont certainement réaffirmer à l'Europe ne pas pouvoir s'engager sur des commandes sans des contrats à long terme, prédit Thierry Bros, professeur à Sciences-Po Paris. "

--> Va t'on vivre un pic gazier avant le pic pétrolier en Europe ??? (c'était pas dans les plans de la Transition énergétique !!! - ENRi + Gaz !?) Peut-être que le Gaz de Schiste américain va nous sauver !? De toutes les façons, en France, nous ne sommes pas surs de pouvoir en exploiter même en le voulant...

- Quand est-ce qu'un ministre de haut rang va faire une sortie sur ENGIE à propos des prix du Gaz actuel et des prix futurs ainsi que de l'assurance d'approvisionnement ??? (Le PDG d'EDF se fait régulièrement cloué au pilori sur l'électricité et pourtant toujours pas de coupure !!! )
- A quand des rectificatifs d'information sur le Gaz Naturel !? Beaucoup pensent encore que cela va assurer sans problèmes et sans heurts la Transition Energétique !!!

APO

Plutôt que "l'ombre" plane, j'aurais mis "des perspectives joyeuses et de longs termes à Doha".

Est ce que le "Le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG)" va "subventionner Poutine et la Russie pour continuer ??? Je n'ose imaginer les taux de croissance de leurs revenus...

Qu'en dit ENGIE ? Mi-figue, Mi-raisin !?

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