Exploration gazière au large du Liban : le Qatar devient partenaire de TotalEnergies et ENI

  • AFP
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Le Qatar est entré dimanche comme partenaire avec le Français TotalEnergies et l'Italien Eni dans le consortium qui doit démarrer l'exploration d'hydrocarbures dans un bloc maritime au large du sud du Liban, à la limite avec Israël.

Une éventuelle découverte de gaz constituerait une bouffée d'oxygène pour le Liban en plein effondrement économique, mais les experts estiment que le processus pourrait prendre des années avant d'aboutir.

Le Liban et Israël, toujours en état de guerre, avaient signé en octobre 2022 un accord délimitant leur frontière maritime après une longue médiation américaine. Il permet au Liban d'entamer l'exploration dans le champ potentiel de Cana, dont une partie se situe dans les eaux territoriales d'Israël, en contrepartie du versement à l'État hébreu d'une compensation.

Le Russe Novatek s'étant retiré en 2022 du consortium pour le développement de ce champ, le Qatar va désormais détenir 30% des parts, contre 35% pour Total et 35% pour Eni. L'accord a été signé lors d'une cérémonie à Beyrouth entre le ministre libanais de l'Energie Walid Fayad, son homologue du Qatar et PDG de Qatar Energy Saad al-Kaabi, ainsi que le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné et celui D'Eni Claudio Descalzi.

Lors d'une conférence de presse, le ministre qatari a estimé que l'entrée de son pays dans le consortium constituait "une occasion de soutenir le développement au Liban en ces circonstances difficiles".

Résultats vers fin 2023

"L'entrée du Qatar dans le consortium a une signification surtout politique", affirme à l'AFP l'expert en énergie Naji Abi Aad. Il explique que cette implication du riche émirat gazier "apporte une garantie politique", notamment en raison des liens du Qatar avec les pays occidentaux et même avec Israël.

Le Liban est ostracisé par plusieurs riches pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, en raison de l'influence dominante du Hezbollah pro-iranien sur la vie politique.

Le pays a divisé la zone économique exclusive en mer en dix blocs et le bloc 9, où se trouve Cana, faisait partie de la zone contestée avec Israël avant l'accord d'octobre. Le consortium est également chargé d'exploiter le bloc 4, face au littoral du centre du Liban, où l'exploration n'a pas abouti à la découverte de quantités commerciales.

Le PDG de Total a expliqué lors de la conférence de presse que le processus d'exploration pour Cana devrait se terminer "dans les 12 prochains mois". Il a précisé que "l'appareil de forage devrait arriver sur place avant la fin du troisième trimestre". "Ce n'est pas un puits facile, il nous coûtera environ 100 millions de dollars", a-t-il ajouté, exprimant l'espoir de pouvoir annoncer une découverte de gaz d'ici un an.

En novembre, TotalEnergies et le géant italien des hydrocarbures Eni avaient signé un accord-cadre avec Israël pour lancer la prospection.

Infrastructure « inexistante »

Le consortium va désormais pouvoir explorer un "prospect déjà identifié qui pourrait s'étendre à la fois dans le bloc 9 et dans les eaux israéliennes au sud de la frontière maritime récemment établie", selon le groupe français. Le potentiel gisement de Cana a été mis en évidence par des analyses sismiques de la roche et devra être confirmé par une campagne d'exploration.

À terme, Israël sera rémunéré par la firme exploitant Cana "pour ses droits sur d'éventuels gisements", selon le texte de l'accord, le gouvernement israélien estimant sa part à environ 17%. Les analystes s'accordent à dire cependant qu'il faudra plusieurs années à Beyrouth avant d'entrer dans la phase d'exploitation en cas de découverte commerciale.

"Le problème est qu'il faut une infrastructure pour exporter le gaz, actuellement inexistante. Et si le gaz est utilisé pour la consommation locale du Liban", où les centrales sont quasiment à l'arrêt en raison de la crise économique, "il faudra construire un pipeline côtier pour alimenter ces centrales", estime M. Abi Aad.

Israël de son côté a déjà commencé l'extraction du gaz, et en livre à ses voisins jordanien et égyptien. En juin dernier, il a signé un accord pour la liquéfaction de son gaz en Egypte en vue de son acheminement par bateau à l'Europe.

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