Habitat : craintes et interrogations sur une possible interdiction des chaudières à gaz

  • AFP
  • parue le

La bonne vieille chaudière au gaz, déjà progressivement interdite dans le neuf, est-elle condamnée à disparaître ? La question préoccupe la filière mais aussi des élus, le bâtiment et le monde agricole qui investit dans le gaz vert et redoute une montée du tout-électrique.

Après des questions écrites de deux sénateurs, c'était au tour mardi d'un autre parlementaire, le député centriste Paul Molac, de s'inquiéter et de forcer le gouvernement à dévoiler ses intentions.  "Aujourd'hui, le bannissement du gaz ne concerne que le neuf, mais qu'en sera-t-il demain ?", a demandé l'élu du Morbihan à l'Assemblée nationale, lors de la séance de questions au gouvernement. "La filière s'inquiète, les discussions au plus haut niveau laissent à penser que leur renouvellement pourrait être interdit lors du renouvellement dans les bâtiments anciens", a-t-il ajouté, alors qu'en toute hypothèse, les prochaines générations se chaufferont moins au gaz qu'aujourd'hui.

Réduire la consommation de gaz de chauffage a pour but de réduire la dépendance de la France au gaz fossile nocif pour la planète et acheté à l'étranger à prix d'or. La baisse pourrait atteindre entre 43 et 85% d'ici 2050, selon des scénarios examinés par la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

"De nombreux agriculteurs ont investi dans la méthanisation, donc dans la production de gaz vert directement injecté dans les réseaux", a rappelé le député Molac, en demandant à savoir si à terme, le gaz vert ou biogaz sera "purement et simplement abandonné".

"Il n'y a pas à ce jour d'objectif d'interdiction de la production de chauffage et de l'eau chaude sanitaire dans le logement ancien", lui a répondu le ministre délégué à la Ville et au Logement Olivier Klein. Un ton affirmatif, mais en apparence seulement : "C'est un travail que nous devons mener collectivement avec l'ensemble des acteurs et des fournisseurs pour être équilibré, mais en nous tenant à l'objectif de décarbonation qui est le nôtre", a-t-il ajouté.

« Concertation »

Selon plusieurs sources concordantes, une "concertation" entre les ministères impliqués et les acteurs du bâtiment et de l'énergie doit s'ouvrir prochainement. Depuis le 1er janvier 2022, la réglementation interdit les solutions de chauffage exclusivement au gaz dans les maisons neuves. L'interdiction s'imposera aux logements collectifs en 2025, date à laquelle seules des solutions hybrides électricité-gaz seront autorisées.

"Ce qui m'inquiète, c'est que si on veut se passer du gaz, nous ne sommes pas capables de produire toute l'électricité dont on va avoir besoin dans les prochaines années, vu le temps qu'il faut pour construire des réacteurs nucléaires et des champs de production d'énergies renouvelables", estime à l'AFP le sénateur centriste breton Michel Canévet, mettant en garde contre "une décision prise à l'emporte-pièce". Son collègue écologiste au Sénat Daniel Salmon a lui aussi écrit en mars au gouvernement, redoutant, dit-il à l'AFP, "une marche forcée vers le tout électrique, et le tout nucléaire".

Dans le monde du gaz, la crainte d'une possible interdiction des chaudières à gaz est réelle. D'autant que la sortie du gaz est loin d'être une science-fiction. La ville de Zurich en Suisse y est parvenue moyennant une planification et des compensations aux propriétaires.

Depuis des plusieurs mois, le secteur se mobilise et insiste sur sa transformation verte, balbutiante mais prometteuse. Seuls 2% du gaz consommé en France (450 TWh en 2022) est issu d'une production locale renouvelable par des méthaniseurs digérant des déchets agricoles, des boues d'épuration et peut-être un jour des biodéchets collectés auprès des ménages.

Mais dès 2030, on passerait à 20%, "autrement dit après-demain", s'exclamait ainsi avant Noël Laurence Poirier-Dietz, la directrice générale de GRDF, l'entreprise de transport de gaz. "Ce serait une erreur majeure de sortir tout le chauffage au gaz des bâtiments car cela augmenterait les besoins en électricité, notamment au moment des pointes" de la journée (le matin et le soir), a-t-elle insisté.

Aujourd'hui, 12 millions de foyers sont chauffés au gaz en France. La filière assure avoir des solutions immédiates et de long terme : chaudière à très haute performance énergétique, pompes à chaleur hybride et un potentiel de production de gaz vert suffisant pour couvrir tous nos besoins en 2050.

Commentaires

Francois Kneider

Centrales thermiques Solution transitoire.
Et au-delà.
La conversion de la chaleur en électricité a plus de cent ans et entraînera des pertes de chaleur importantes, et ces problèmes ont contribué à la hausse des températures mondiales connues.
Je propose donc :
1. La vapeur arrête définitivement de faire fonctionner les turbines.
2. La vapeur transmet ensuite sa pression / débit à un liquide (eau, huile, etc.). Ce liquide fait tourner une turbine hydraulique; alors l’électricité de sortie est plus du double; Il pourrait dépasser cinq si nous appelons un chaud libre naturel pour empêcher le givrage de la turbine.
Avec cela, nous avons une électricité abondante dépassant les besoins, et beaucoup moins chère, faite par la flotte existante.

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metomol

je n'ai pas bien compris votre raisonnement: par quel système transmettez vous à de l'eau ou à de l"huile l'énergie cinétique nécessaire pour actionner une turbine hydraulique? Cela fait un maillon intermédiaire en plus, dont une perte de rendement. Pouvez-vous donner des références d'études ou de GCjH2communication scientifique?

BrigitteMB

La RT2012, adoptée sous pression des gaziers, a poussé les constructeurs à installer du chauffage au gaz dans tout le collectif, à la place de l'électrique précédent. En effet depuis cette RT2012, la consommation réelle d'un logement chauffé à l'électricité est multipliée par le coefficient 2.57 qui prétend transformer l'énergie utilisée en '"énergie primaire" (c'est-à-dire celle libérée par le noyau d'uranium lors de sa fission, si !). Il devenait dès lors très onéreux d'atteindre les normes avec un chauffage électrique.
RESULTAT : tous les immeubles HLM de ma ville de banlieue (en pleine expansion) construits à partir de ces années sont chauffés au gaz avec chaudières individuelles.
Tant pis pour les locataires, avec l'évolution du prix du gaz actuelle...
Et vous venez dire maintenant que ces logements presque neufs doivent changer de mode de chauffage ?
Mais leur isolation a été réduite par rapport aux critères des logements électriques d'avant la RT2012 (c'est observé par les fournisseurs de matériaux d'isolation, qui ont vu les consommations par logement baisser !). Alors ???
La RT2012 a été faite pour promouvoir le gaz et tuer le chauffage électrique. Elle aurait mieux fait de s'occuper du Climat... et des habitants !

Houyo

Quelques remarques vite fait :
- 2.58 c'est encore en dessous de la réalité puisque le rendement d'une centrale nucléaire tourne autour de 30%. La RE2020 c'est 2.3 : justification avancée le chauffage par PAC (une excuse à mon avis)
- Vous oubliez l'entropie : toutes les formes d'énergies ne se valent pas. L'électricité est une "énergie noble", sauf cas particulier ce n'est pas malin de se chauffer par effet joule
- La chaleur c'est l’opposé mais elle a une grande qualité : ça se stocke très facilement. Donc si vous vous chauffez par effet joule, oui ça va accroitre les pointes de consommation ; si vous utilisez une PAC avec un système de stockage non.

Le gaz (et à fortiori le bio gaz), devrait être réservé à la chaleur industrielle, surtout haute température et à l'hybridation des chaudières bois dans le tertiaire moyenne surface (secours, appoint et intersaison).
Je suis bien conscient que mon commentaire est d'ordre général et que la réalité est plus complexe.

François Kneider

Centrales thermiques Solution transitoire.
Et au-delà.
La conversion de la chaleur en électricité a plus de cent ans et entraînera des pertes de chaleur importantes, et ces problèmes ont contribué à la hausse des températures mondiales connues.
Je propose donc :
1. La vapeur arrête définitivement de faire fonctionner les turbines.
2. La vapeur transmet ensuite sa pression / débit à un liquide (eau, huile, etc.). Ce liquide fait tourner une turbine hydraulique; alors l’électricité de sortie est plus du double; Il pourrait dépasser cinq si nous appelons un chaud libre naturel pour empêcher le givrage de la turbine.
Avec cela, nous avons une électricité abondante dépassant les besoins, et beaucoup moins chère, faite par la flotte existante.

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Albatros

Le potentiel de biogaz avancé par GRDF relève davantage du fantasme ou du sauve-qui-peut car il est physiquement impossible de passer de 2% aujourd'hui dans le réseau à 20% en 2030, à moins de réduire drastiquement la quantité consommée envisagée, le réseau devenant alors totalement surdimensionné et absolument inopérant pour de si petites quantités (c'est sans doute la crainte -justifiée- de GRDF).

Albatros

Il est grand temps de sortir du n'importe quoi engendré par l'actuelle panique climatique à laquelle la France seule ne peut absolument rien et se concentrer sur les besoins énergétiques de la population française dont elle a la charge et à laquelle son administration doit s'attacher plutôt que de pondre des âneries au kilomètre.

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