Hausse des prix de l'énergie: Leclerc coupe le courant

  • AFP
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Faute de pouvoir lancer sa nouvelle offre en raison de la hausse des prix sur les marchés de gros, E. Leclerc Energies arrêtera de fournir de l'électricité à ses clients n'ayant pas changé de fournisseur le 31 octobre.

"Tous les clients E. Leclerc Energies ont été informés le 15 juillet de l'arrêt de l'offre traditionnelle de fourniture d'électricité à la date du 15 octobre 2021, soit avec 3 mois de préavis et de très nombreuses relances leur ont été adressées depuis", a indiqué l'enseigne vendredi en fin de journée dans un communiqué transmis à l'AFP, confirmant des informations du médiateur national de l'énergie.

"A ce jour, 90% des clients ont choisi un autre fournisseur. Pour les clients restants, l'enseigne a décidé de proroger exceptionnellement leur contrat jusqu'au 31 octobre pour leur laisser encore du temps pour choisir un nouveau fournisseur", est-il indiqué.

Dès vendredi matin, le médiateur avait indiqué à l'AFP que Leclerc s'était engagé à ne couper l'électricité que le 31 octobre, à la veille de la trêve hivernale, pour laisser un délai supplémentaire à la minorité de clients n'ayant pas encore changé de fournisseur.

Certains consommateurs déçus ont partagé sur les réseaux sociaux des captures écran d'un e-mail du fournisseur, indiquant que la prorogation du contrat jusqu'au 31 octobre supprimait le droit à une compensation sous forme de bons d'achat, promise en cas de changement rapide de fournisseur.

Dans son mail envoyé en juillet à ses 140.000 abonnés - une part très minoritaire des clients de fournisseurs alternatifs d'électricité qui détiennent un peu moins de 30% de part de marché, E. Leclerc Energies leur proposait soit de basculer sur une offre à tarification dynamique, soit de changer de fournisseur.

Dans son communiqué, E. Leclerc Energies confirme qu'il avait "proposé à ses clients une nouvelle offre à tarification dynamique dont il a, compte-tenu du contexte marché, reporté le lancement. Celle-ci sera opérationnelle lorsque des conditions plus favorables seront réunies et incluant un dispositif de plafonnement pour protéger le budget des clients", est-il précisé.

Encore marginales, les offres à tarification dynamiques - qui supposent de disposer d'un compteur Linky - sont jugées "risquées" par le médiateur. Elles proposent des prix qui changent toutes les heures en fonction des évolutions sur les marchés de gros.

Leur argument: profiter des baisses de prix. Mais dans un contexte d'inflation, l'argument ne fonctionne plus.

- "Stressante et angoissante" -

Le géant de la distribution s'était lancé en 2018 dans la fourniture d'électricité aux particuliers et visait alors "trois millions de clients d'ici à 2025, soit 10% du marché".

L'offre à laquelle les abonnés de Leclerc avaient souscrit initialement proposait une réduction de 20% par rapport aux tarifs réglementés, sous forme de bons d'achat dans les magasins du groupe.

Une offre "intéressante financièrement" à l'époque, selon le médiateur: actuellement, les meilleures offres proposent des prix 3% inférieurs aux tarifs réglementés.

Le retrait de E. Leclerc Energies a entraîné du "stress et de l'angoisse" pour de nombreux consommateurs "à un moment où les autres opérateurs commençaient à ne plus vouloir de nouveaux clients", explique à l'AFP François Carlier, délégué général de l'association de défense des consommateurs et des usagers CLCV.

"J'ai reçu un mail m'annonçant l'arrêt du contrat jeudi à 17h38 alors que je n'avais plus de nouvelles depuis juillet, date à laquelle j'avais souscrit la nouvelle offre", raconte à l'AFP Peter Pescari, 45 ans, dénonçant un "ratage complet" dans la communication. "En urgence", il a signé un contrat avec EDF.

Certains consommateurs ont eux vu leur nouveau contrat annulé par certains fournisseurs face à l'afflux de demandes, ce que confirme M. Carlier.

La CLCV a par ailleurs constaté des hausses drastiques de prix chez d'autres petits fournisseurs alternatifs, mais Leclerc est "la première sortie de marché liée à la crise", selon le délégué général de l'association.

"Il reste une cinquantaine d'offres" contre "plus de 90" il y a encore quelques semaines sur le comparateur, indique le médiateur, affirmant qu'il n'y a "pas de risque de se retrouver sans fournisseur".

M. Carlier recommande aux consommateurs souhaitant plus de "sécurité et de tranquillité" de repasser au tarif réglementé d'EDF, dont la prochaine hausse sera limitée à 4% en février par le gouvernement.

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