Hydroélectricité en France : un « accord de principe » à Bruxelles pour enfin relancer les investissements

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Barrage hydroélectrique de Roselend

Barrage hydroélectrique de Roselend et sa retenue d'eau. (©EDF-Dominique Guillaudin)

Paris et Bruxelles sont parvenus à un "accord de principe" en vue de la résolution des contentieux avec la Commission européenne sur l'hydroélectricité en France, qui empêchaient de relancer les investissements dans le secteur, a annoncé Matignon jeudi.

Une voie « pour lever cette situation de blocage »

Cet accord de principe "est une excellente nouvelle", s'est félicité le Premier ministre François Bayrou, dans un communiqué. "Après plus de dix années de pré-contentieux, une voie a enfin été dégagée pour lever cette situation de blocage et relancer les investissements dans les barrages hydroélectriques français", a-t-il ajouté. Sa mise en œuvre se fera via une proposition de loi qui sera prochainement déposée à l'initiative des députés, a-t-il précisé.

Aujourd'hui, les installations hydroélectriques en France sont principalement exploitées sous le régime de la concession : les ouvrages appartiennent à l'État qui en confie l'exploitation à un concessionnaire pendant une durée définie par contrat.

L'autre régime, celui de l'autorisation, concerne les installations de moins de 4,5 MW. Les exploitants en sont généralement aussi propriétaires et la durée des autorisations est plafonnée à 75 ans par la loi. Or, selon un rapport parlementaire, le secteur en France souffre d'un manque d'investissements lié au régime de concession à l'origine des contentieux avec Bruxelles.

Faute de visibilité sur l'avenir des concessions, les exploitants ne peuvent réaliser des investissements non prévus dans leurs cahiers des charges, ni ceux nécessaires au bon fonctionnement et au renouvellement des ouvrages, soulignaient les députés Marie-Noëlle Battistel (PS) et Philippe Bolo (Modem), auteurs de ce rapport publié au printemps.

Un schéma en 3 volets

L'hydroélectricité est la deuxième source de production électrique derrière le nucléaire et la première source d'électricité renouvelable en France et joue un rôle majeur dans l'équilibre du système électrique.

Le schéma retenu se décline en trois volets, dont le passage d'un régime de concession à un régime d'autorisation "dans des modalités qui doivent encore être précisées", indique Matignon.

Le deuxième volet porte sur la possibilité de maintenir les exploitants en place, "indispensable pour garantir la continuité de l'exploitation des ouvrages au regard des enjeux de sécurité", de gestion de l'eau, de maintien des compétences et des emplois locaux et de retour de valeur sur les territoires, ajoutent les services du chef du gouvernement.

Enfin, l'accord de principe prévoit la mise à disposition par EDF de six gigawatts de capacités hydroélectriques "virtuelles" à des tiers et "au bénéfice final des consommateurs". Elles seront mises en vente sous le contrôle de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) et via des enchères concurrentielles.

Concrètement, ces produits concernent la livraison d'un profil de production hydroélectrique (barrages fil de l'eau, éclusés, lacs...) mais n'ouvrent aucun droit sur la gestion opérationnelle des ouvrages, qui reste aux mains de l'exploitant.

Consulter le communiqué de presse du gouvernement du 28 août 2025 « Le Premier ministre salue le franchissement d’une étape importante pour la relance des investissements dans le secteur de l’hydroélectricité  ».

Commentaires

Studer
EDF n'exploite que 80 % des ouvrages hydroélectriques français (pour une puissance de 20,8 GW), les 20 % étant exploités par la CNR et la SHEM. Quid de ces derniers ? Vont-ils être mis en concurrence à échéance des concessions, et si non seront-ils tenus de céder une part de leur électricité à prix issus d'enchères ? Notons que pour EDF, 6 GW sur 20,8 GW soit près de 30 % c'est énorme ! Encore l'idéologie bruxelloises de la concurrence, qui ne s'applque qu'entre états membres, pas vis-à-vis de la Chine ou même des USA (qui nous taxent sans que VDL n'ose protester) !
Didier PUECH
70% de la puissance de la SHEM sont dans des concessions échues. Le contrat étant terminé, le concédant et le concessionnaire sont déliés de tout droit et de tout devoir. Rien ne peut laisser croire, comme l'affirme Bayrou, que le "sortant" pourra être choisi comme futur exploitant sans mise en concurrence. L'accord prétendu avec Bruxelles est inexistant, Bayrou est simplement allé leur exposer qu'il travaille à un futur texte de loi. Le réveil sera difficile !
Jean
Encore une fois les politiques parisiens dont Macron se couchent devant la commission de Bruxelle, chef de file des ultra-libéraux d'un capitalisme prédateur orienté maxi-dividendes. C'est l'Etat, avec l'argent des français, qui a financé et fait construire les grands barrages confiés à EDF lui même payé par notre argent depuis la Libération. Et on va laisser faire ?
LAFFONT Jacques
tout a fait l 'etat par la concession a donne a edf ,shem ou engoe le soin de gerer les barrages ces barrages ont ete financés par l'etat donc nous il est qd meme fort de cafe que ces investissements soient perdus au profit de groupes financiers ou alors c est une spoliation...... edf etait un amenageur de territoire comme la sncf ou gdf pour eviter tout desenclavement et avec un progres technique et un savoir faire exemple pieds de borne en lozere ,montpezat dns l'zrdeche ,redenat en correze 1 er step .et il y en bcp d autres les strucures mises en place ont permis de faire et d etre en avance sur bcp de pays malheureusement grace ou plutot a cause de l'europe tout ce qui a ete cree et financé par l'etat disparait progressivemnt par decision europeennne ce sont principalement des projets a long terme realisés apres guerre jusqu'a 1975 mais depuis..... le desert ou presque merci l'europe mais aussi nos gouvernants incapable de raisonner a long terme
Rochain Serge
L'important est de debloquer une situation qui s'enlisait. On a besoin de renouvelables !
Rochain Serge
Ils le sont tous! Juste un coup d'oeil pour voir comment RTE fait face à une demande impromptue de 3,5 GW le dimanche 24 août à 16H de la part de nos voisins en manque de puissance, cette demande passant de 5647 MW à 9162 MW en quelques minutes.
Jean-Luc SANCHEZ
La production hydroélectrique est un élément constituant notre souveraineté énergétique, c'est pour cette raison l'UE n'a strictement rien à dire à ce sujet et il y a bien longtemps que la France aurait dû mettre une barrière infranchissable sur ce sujet, à la place de quoi nos hommes politiques, l'élite quoi, à préféré se conformer aux directives de la Commission européenne dont les objectifs (cachés bien entendu) était de nous imposer une forme de privatisation au nom de la libre concurrence à outrance au sein de l'Europe, une honte de plus à mettre au profit de nos eurobéats.....espérons que cette situation trouvera ici une fin définitive et qu'on n'en entendra plus jamais parler, mais j'ai comme un doute, il ne s'agit que d'un report de ""mansuétude"" certainement....
Rochain Serge
Ne vous y trompez pas, nous avions tout à fait le droit de construire les barrages que vous voulons sur nos rivières et l'avons toujours fait, il ne s'agit que de la façon de gérer les outils de production d'électricité sur lesquels nous nous sommes engagés au niveau européen puisque ce qui est produit s'échange et se revend en Europe selon des regles communes en Europe, et accessoirement d'éventuelles subventions européennes pour financer ces travaux d'envergure. On ne peut pas demander à l'Europe de réglementer un marché et revendiquer en permanence de faire ce que l'on veut dans ce marché.
Régis de Nîmes
Le capitalisme financiarisé a peut-être perdu une bataille mais pas la guerre. Il a gagné une partie de l'hégémonie culturelle... La conscience de classe est de son côté. Les Français votent majoritairement depuis 45 ans pour les partis qui soutiennent les traités européens et les directives européennes qui dérégulent notre système issu de 1945 et du programme du Conseil National de la Resistance...

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