- Connaissance des Énergies avec AFP
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Vue de La Paz, la capitale de la Bolivie.
Le président bolivien Rodrigo Paz a annoncé ce 17 décembre la fin des subventions sur les carburants, un dispositif hérité des précédents gouvernements socialistes et devenu, selon l’exécutif, intenable pour les finances publiques. La mesure intervient dans un contexte de crise économique, marqué par la rareté des dollars, des pénuries récurrentes à la pompe et une inflation en forte hausse.
« L'ordre, la justice et la redistribution claire »
Jusqu’à présent, l’État bolivien centralisait les importations d’essence et de gazole, achetés au prix international puis revendus à perte sur le marché domestique. Selon les informations disponibles à ce stade, les prix du diesel et de l’essence « premium », gelés depuis 2006, pourraient quasiment doubler à tripler (diesel de 3,72 à 9,80 bolivianos par litre ; essence premium de 3,74 à 6,96 bolivianos par litre).
Le chef de l’État a également indiqué vouloir ouvrir la voie à des importations directes de diesel, alors que la compagnie publique YPFB peine depuis plusieurs mois à sécuriser l’approvisionnement, sur fond de manque de devises et de difficultés logistiques.
La suppression des subventions est présentée par la présidence comme un levier de remise en ordre des finances publiques et de lutte contre les trafics transfrontaliers. "La suppression de subventions mal conçues du passé ne signifie pas un abandon. Elle signifie l'ordre, la justice et la redistribution claire", a déclaré M. Paz lors d'une allocution télévisée, aux côtés de ses ministres.
Un précédent encore dans les esprits : l’épisode du « gasolinazo »
Au-delà du choc immédiat sur les prix, l’enjeu est celui de la soutenabilité macroéconomique : selon le FMI, les réserves brutes de la Banque centrale bolivienne tournaient autour de 2 milliards de dollars en 2024 (un peu plus de deux mois d’importations) et les subventions aux énergies fossiles pèsent lourdement sur les finances publiques.
"Les subventions qui ont été utilisées pour cacher le pillage ne condamneront pas à nouveau la Bolivie. La stabilisation des prix (...) permettra de générer davantage de ressources fiscales", a-t-il ajouté.
Cette réforme est politiquement sensible. Fin 2010, une tentative de suppression des subventions et de relèvement brutal des prix (le « gasolinazo ») avait déclenché grèves et manifestations, contraignant le pouvoir de l’époque à revenir en arrière en quelques jours.
Le virage annoncé par Rodrigo Paz intervient alors que l’économie bolivienne est fragilisée par le déclin de sa rente gazière : la baisse de production et le manque d’investissements ont réduit les recettes liées aux exportations, alimentant la crise de devises et la dépendance aux importations de carburants. Ces difficultés avaient déjà été mises en avant par YPFB : faute d'exploration, la Bolivie est à court de gaz naturel, son principal produit d'exportation, malgré une découverte de gaz naturel annoncée en 2024.