La réorganisation d'EDF remise à plus tard

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Le grand projet de réforme d'EDF n'aboutira pas avant la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron l'an prochain, un report mis sur le compte de désaccords avec la Commission européenne, dans ce dossier qui suscitait de fortes oppositions politiques et syndicales en France.

"A ce stade, les discussions n'ont pas abouti" avec Bruxelles et "il n'est pas envisageable d'avoir un projet de loi au Parlement dans l'immédiat", a expliqué une source gouvernementale à l'AFP.

Le projet ne pourra donc pas aboutir à temps, avant le début de la prochaine campagne en vue de l'élection d'avril 2022, a-t-elle reconnu.

Du côté de Bruxelles, le son de cloche est sensiblement différent. Selon une source proche du dossier à Bruxelles, c'est Paris qui a décidé de la pause. "C'est un choix politique de la France de faire passer la réforme après l'élection présidentielle", déclare cette source auprès de l'AFP.

Le projet complexe de réorganisation, baptisé "Hercule" puis "Grand EDF", qui est combattu par les syndicats de l'électricien et un large spectre de l'opposition (LFI, PCF, PS, LR), pourrait ainsi patienter jusqu'à un éventuel deuxième mandat d'Emmanuel Macron.

Le syndicat FO s'est félicité que le projet "soit à tout le moins reporté", sous réserve de confirmation, a tweeté son secrétaire général Yves Veyrier.

"C'est pour nous une belle et grande victoire à mettre à l'actif du rapport de force des travailleurs avec la CGT qui n'a jamais attendu une quelconque annonce", avec une forte mobilisation au printemps, a déclaré à l'AFP Sébastien Menesplier, secrétaire général de la Fédération nationale Mines Énergie CGT (FNME-CGT). "Nous resterons pour autant vigilants car les discussions entre le gouvernement et la Commission européenne vont se poursuivre", a souligné le syndicaliste.

Interrogée par l'AFP, la Commission européenne a indiqué qu'il s'agissait d'une "discussion en cours" avec les autorités françaises, et n'a pas souhaité commenter. Début juillet, syndicats unis et parlementaires avaient redit leur opposition à la "désintégration" d'EDF.

Aux yeux de l'exécutif, l'idée était de permettre à EDF, lourdement endettée, de pouvoir investir dans les renouvelables tout en rénovant son parc nucléaire. Le prix de vente de l'électricité nucléaire d'EDF à ses concurrents devait notamment être relevé.

Ligne rouge

Un accord avec Bruxelles, gardien de la concurrence en Europe, était toutefois nécessaire. Un accord global avec la Commission aurait en outre permis de régler un vieux différend sur les barrages hydroélectriques.

Mais Paris et Bruxelles s'opposaient notamment sur le degré de séparation entre les trois différentes entités d'EDF qui auraient été créées avec la réforme. La France souhaitait que son champion reste "intégré" tandis que les services de la concurrence à la Commission souhaitaient une séparation plus étanche. Le ministre de l'économie Bruno Le Maire a qualifié l'unité d'EDF de "ligne rouge absolue du gouvernement français".

Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy a récemment évoqué des discussions "difficiles" entre Paris et Bruxelles. "Il y a eu des progrès mais il n'y a pas d'accord global" alors que "ça fait plus de deux ans qu'on travaille pour qu'EDF soit à la hauteur des enjeux de transition énergétique", estime-t-on au gouvernement français.

Or l'exécutif n'a pas souhaité une réforme "tronquée" ou "précipitée". "On est toujours convaincu de la nécessité de faire cette réforme", ajoute-t-on du côté du gouvernement. "On n'a pas abandonné les travaux", insiste-t-on.

EDF, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat. Le groupe, détenu majoritairement par l'Etat français, doit publier ses résultats financiers jeudi matin.

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