La seule raffinerie de Serbie pourrait s'arrêter « complètement » d'ici quelques jours

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le
Belgrade

La seule raffinerie de Serbie, majoritairement détenue par un groupe russe et touchée par des sanctions américaines, a été mise en veille et "s'arrêtera complètement" dans quatre jours si ces sanctions ne sont pas levées, a affirmé mardi le président serbe.

NIS dans le viseur de Washington

Après neuf mois de reports successifs, Washington impose depuis le 9 octobre des sanctions à la principale compagnie pétrolière du pays, NIS. Les États-Unis veulent que le géant russe Gazprom Neft et sa société sœur, Intelligence, qui possèdent à elles deux plus de 56% de l'entreprise, vendent leurs parts.

NIS, qui fournit environ 80% des pompes du pays, opère la seule raffinerie de Serbie, à Pancevo, à quelques kilomètres de Belgrade.

Cette dernière a été mise en veille, a indiqué Aleksandar Vucic lors d'une conférence de presse. "Elle n'est pas encore fermée, elle n'est pas encore arrêtée", a-t-il dit, "mais il ne nous reste que quatre jours" avant "l'arrêt complet".

Le gouvernement avait indiqué plus tôt ce mois-ci que les réserves de brut de la raffinerie ne lui permettraient de tourner que jusqu'à ce mardi, et annoncé des nouveaux contrats d'importations d'essence et de diesel pour tenir jusqu'à la fin de l'année.

Amitié russe et crainte d'une crise énergétique

Arguant que la partie russe était prête à céder ses parts, la Serbie a demandé aux États-Unis une exemption temporaire des sanctions, le temps que les négociations avec de potentiels acheteurs se terminent - mais aucune réponse de Washington n'a encore été communiquée.

"Il nous reste aujourd'hui et demain pour essayer d'obtenir la licence opérationnelle, et cela dépend des Américains", a déclaré M. Vucic en soulignant que jeudi était férié aux États-Unis.

"Les sanctions imposées à la Russie et à ses entreprises affectent essentiellement notre pays", a aussi dit le président serbe, qui évolue sur un fil entre ses amitiés russes - Belgrade ayant gardé de bonnes relations diplomatiques et commerciales avec Moscou même après l'invasion de l'Ukraine - et le risque d'une crise énergétique cet hiver.

"Pendant neuf mois, nous avons simplement suivi tout ce que nos amis russes nous demandaient, et nous en sommes arrivés au point où des sanctions ont été imposées contre nous, comme nous l'avions dit, comme nous savions que cela arriverait, sans rien cacher à personne", a-t-il dit.

Des parts vendues à Gazprom en 2008

M. Vucic a également expliqué que la Serbie avait donné 50 jours aux Russes pour trouver un acheteur, en mentionnant des "entreprises des Émirats et de Hongrie" qui auraient montré leur intérêt.

"Mais après ces 50 jours, nous n'aurons pas d'autre choix. Nous mettrons en place notre propre gestion et offrirons le prix le plus élevé possible", a-t-il précisé.

Le gouvernement serbe a régulièrement dit que l'option de saisir un actif russe n'était pas sur la table, et proposé plutôt d'acheter la participation à des taux supérieurs au marché si les négociations échouaient.

La Serbie avait vendu une participation de 51 % dans NIS à Gazprom et Gazprom Neft en 2008 pour 400 millions d'euros. L'État serbe possède encore près de 30 % de NIS, le reste étant partagé entre plusieurs plus petits actionnaires.

Des discussions parallèles sur les approvisionnements en gaz sont également en cours entre Belgrade et Moscou - qui fournit environ 90% du gaz utilisé par la Serbie.

Commentaires

Guerillot
comment se fait il que les pays d'Europe n'interviennent pas dans cette affaire pour permettre à la Serbie de ne pas subir les consequences de ces décisions americaines ?
Silicate
en effet; il est absolument necessaire que l'UE soulage la Serbie (et la Bulgarie) de la charge russe sur leurs rafineries

Ajouter un commentaire