L'Américain Anadarko va investir 25 milliards USD dans le gaz au Mozambique

  • AFP
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Le géant américain Anadarko va investir 25 milliards de dollars (22 milliards d'euros) dans l'exploitation de gisements offshore de gaz dans le nord du Mozambique, un projet colossal dans une région secouée par une insurrection islamiste que Maputo s'est engagé une nouvelle fois mardi à mater.

L'annonce du contrat d'investissement faite en grande pompe mardi dans la capitale mozambicaine intervient près de dix ans après la découverte de réserves gigantesques de gaz au large de la province du Cabo Delgado (nord).

Estimées à 5.000 milliards de mètres cubes, elles doivent faire du Mozambique, l'un des pays les plus pauvres au monde, un important exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL).

"Le projet de gaz naturel liquéfié Dolphin Tuna prévoit un investissement total de 25 milliards de dollars", a annoncé le ministère mozambicain de l'Energie dans un communiqué mardi.

"C'est le plus important investissement direct étranger de l'histoire de notre pays", s'est réjoui le président mozambicain Filipe Nyusi, lors d'une cérémonie à Maputo en présence du PDG d'Anadarko, Al Walker.

Le Mozambique figure parmi les "dix pays au monde possédant les plus importantes réserves de gaz", a-t-il souligné.

Dans le cadre de ce méga projet, une usine de liquéfaction sera construite à une quarantaine de kilomètres des puits offshore, à Palma (nord), qui n'était encore qu'un village de pêcheurs avant la découverte des hydrocarbures.

Sa capacité de production annuelle devrait être, à partir de 2024, de 12 millions de tonnes.

Surendetté et englué dans la crise économique, le gouvernement de Maputo espère retirer de cette exploitation de juteuses retombées financières.

"Avec ce projet, les enfants de paysans deviendront des médecins, les enfants de mineurs des avocats", a prédit le chef de l'Etat.

Dolphin Tuna doit permettre de créer plus de 5.000 emplois directs et 45.000 emplois indirects. Il "va doubler le PIB (produit intérieur brut) du pays", a assuré Al Walker.

Selon les estimations du cabinet de consultants Woodmac, "à partir du début des années 2030, les revenus du Mozambique tirés du gaz naturel liquéfié atteindront 3 milliards de dollars par an, doublant à eux seuls les revenus actuels" du pays.

- Insurrection islamiste -

Le projet d'Anadarko a été confirmé malgré l'insurrection islamiste en cours dans le Cabo Delgado, qui a déjà fait au moins 200 morts depuis fin 2017.

"Il n'y a pas d'investissements sans paix", a prévenu mardi Filipe Nyusi.

"Je m'engage pour une paix durable. Je travaillerai pour m'assurer que le pouvoir masqué ne continue pas à semer la terreur dans le Cabo Delgado en tuant la population", a-t-il ajouté, alors que les nombreux renforts des forces de sécurité ont jusqu'à présent été incapables de ramener l'ordre.

Un an et demi après leurs premières opérations, l'identité et les motivations des islamistes, qui n'ont jamais revendiqué leurs actes, restent une énigme.

En février et mai de cette année, les jihadistes s'en sont pris à des convois d'entreprises travaillant pour Anadarko, tuant au moins deux personnes et en blessant plusieurs.

Selon la presse locale, les futurs producteurs de gaz ont largement recours aux entreprises de sécurité privées pour assurer la protection de leurs activités.

Car outre celles accordées à l'entreprise américaine Anadarko, des concessions ont également été attribuées dans la région à l'italien ENI, au chinois CNPC et au portugais Galp.

Début mai, le groupe français Total a annoncé un accord avec Occidental Petroleum en vue de racheter pour 8,8 milliards de dollars (7,8 milliards d'euros) les actifs d'Anadarko en Algérie, au Ghana, au Mozambique et en Afrique du Sud. Cette opération est encore soumise à la finalisation du rachat d'Anadarko par Occidental Petroleum.

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