À l'Aquapolis de Limoges, dépit face aux portes closes brutalement

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"Ah bon, c'est fermé ? Je ne savais pas, je venais faire quelques longueurs": à l'Aquapolis de Limoges, un visiteur fait demi-tour, d'autres veulent se faire rembourser des tickets, tandis que l'incertitude plane sur l'avenir de la piscine.

"En raison de la crise énergétique, votre centre aquatique est temporairement fermé", lit-on sur une affichette accrochée à la barrière empêchant l'accès au parking du site, propriété du groupe Vert Marine qui a annoncé, lundi, la même décision pour une trentaine de piscines en France.

Quelques personnes se rendent devant l'entrée à pied, comme Victoria Cano, 32 ans, qui avait acheté une carte de 10 entrées pour son fils il y a quelques jours. "Quarante-cinq euros, cela représente un coût. Je suis venue voir si on pouvait se faire rembourser mais il n'y a personne. Ma maman et mon petit frère ont eux un abonnement. On leur a prélevé l'argent samedi. Et on ne sait pas si on peut se faire rembourser", raconte-t-elle, dépitée.

Pour Josiane Déchaux, nager est quasi vital. Cette habitante de Limoges souffre d'une spondylarthrite ankylosante (inflammation chronique des articulations) et fréquente la piscine depuis des années dans le cadre de ses soins. "Je nage trois fois par semaine et je reste entre 2 et 3 heures à chaque fois. Cela me fait énormément de bien. Là, je risque de régresser. Je ne sais pas comment je vais faire", dit-elle.

"Les usagers sont inquiets, ils pensent que l'Aquapolis va rester fermé longtemps", résume Fabien Doucet, vice-président de Limoges Métropole, qui a délégué la gestion du centre aquatique à Vert Marine.

« Clause d'imprévision »

Dénonçant une décision "unilatérale et brutale", la collectivité a mis en demeure la société de Rouen, mardi matin, de rouvrir les bassins d'ici 24 heures. "Nous espérons être entendus par Vert Marine. À défaut, nous irons en justice même si ce n'est pas ce que nous souhaitons", affirme M. Doucet.

"Dans les contrats de service public, il y a une clause d'imprévision", rétorque Thierry Chaix, président de Vert Marine. "Et la multiplication par dix du prix de l'énergie n'était pas vraiment prévue." "Je peux vous assurer que la piscine ne sera pas ouverte d'ici 24 heures. C'est impossible. Si M. Doucet a 700 000 euros pour ouvrir, c'est bien. Moi je ne les ai pas", ajoute le délégataire.

Pour l'heure, les 13 000 m2 de l'Aquapolis, qui emploie 70 personnes (dont 50 à temps plein) et accueille 450 000 visiteurs à l'année, sont désespérément vides. Leïla, responsable du restaurant, en profite pour faire du ménage, vider les frigos, ranger la cuisine. "J'ai l'impression de revivre le Covid. Habituellement, il y a de la vie ici, plein de compétitions, des groupes à déjeuner... Et là, personne. J'ai dû appeler les fournisseurs pour leur annoncer que des centaines de repas étaient annulés".

Sur le parking désert, elle tient à recevoir Robin, 27 ans, qui devait embaucher aux fourneaux, pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. "C'est dommage ! Mes entretiens s'étaient bien passés. Cela me faisait plaisir de travailler ici", regrette le jeune homme.

L'équipe de water polo de l'ASPTT Limoges, elle, s'est rapatriée sur la piscine municipale de Beaublanc. Mais elle est plus petite : "faire un entraînement ou un match dans un bassin de 25 mètres contre 33 mètres à l'Aquapolis, ce n'est pas la même chose", relève Victor Viaud, coach des féminines.

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